Transition énergétique : quelle place pour le nucléaire ?

Une centrale nucléaire en France
Une centrale nucléaire en France

Numéro 1

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Qu'entend-on par transition énergétique
La notion de transition énergétique désigne le passage du système énergétique actuel utilisant essentiellement des ressources non renouvelables vers un système énergétique basé principalement sur des ressources renouvelables, afin notamment de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Elle implique donc de développer des solutions de remplacement aux combustibles fossiles (charbon, pétrole, etc.…), qui sont des ressources limitées et non renouvelables (à l’échelle humaine). La transition énergétique prévoit leur remplacement progressif par des sources d’énergies renouvelables pour la quasi-totalité des activités humaines (transports, industries, éclairage, chauffage, etc.).

La transition énergétique vise également à éviter la surproduction et les consommations superflues pour mieux utiliser l’énergie, et ainsi améliorer notre efficacité énergétique.

Une version de cette transition énergétique vise à réduire les énergies fossiles, productrices de gaz à effet de serre, en ayant recours à l’énergie nucléaire, considérant que le dérèglement climatique, dû principalement aux gaz à effet de serre, est une priorité.

Que contient la loi sur la transition énergétique en France ?
L’Assemblée nationale a adopté mardi 14 octobre le « projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte » (314 voix pour, 219 contre). Le texte fixe une série d’objectifs et prévoit une batterie de mesures qui visent à une meilleure efficacité énergétique, à la réduction de la part du nucléaire et à la promotion des filières renouvelables.

Le cap est fixé par des objectifs à moyen et long termes. Un de ces objectifs impacte directement la filière nucléaire : d’ici 2025, la France devra réduire la part du nucléaire dans sa production d’électricité de 75 % aujourd’hui à 50 %. Cette mesure faisait partie des promesses de campagne de François Hollande.

La loi prévoit également la réduction de la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à 2012, la baisse de la consommation de ressources fossiles de 30 % en 2030 et l’augmentation de la part des renouvelables à 23 % en 2020 et 32 % en 2030.

Mais la loi ne porte pas seulement sur les modes de production de l’énergie. Un autre point majeur concerne le bâtiment. En effet, ce secteur représente à lui seul près de la moitié de la consommation énergétique en France. La loi prévoit donc des chantiers de rénovation visant à améliorer l’efficacité énergétique du parc immobilier privé et public mais aussi la mise en place de normes drastiques pour la construction de logements neufs. Enfin, le texte de loi prévoit un certain nombre de mesures concernant plusieurs autres secteurs comme les transports (premier émetteur de gaz à effet de serre à hauteur 27 %) ou encore les déchets.

Quelle est aujourd'hui la place du nucléaire en France ?
EDF gère en France un parc de production nucléaire de 58 unités de production réparties sur 19 sites. Ce parc produit en moyenne 410 milliards de kWh par an.
La part du nucléaire dans la production d’électricité française est de 73,3 % (2012).

Mais l’électricité ne représente qu’une partie de l’énergie consommée en France. En effet il existe plusieurs sources de consommations d’énergie : l’essence pour les véhicules à moteur, le gaz de ville ou encore le charbon pour certaines chaudières. L’électricité représente environ 22,3 % de la consommation d’énergie finale. L’électricité d’origine nucléaire représente ainsi un peu plus de 17 % de notre consommation d’énergie finale.

Numéro 2

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LE « POUR »

La transition énergétique, c'est plus de nucléaire !

Billet rédigé par :

Yves Egal

L'Association des Ecologistes Pour le Nucléaire
http://ecolo.org/

Etant donné le problème majeur que constitue le réchauffement climatique, la seule transition énergétique dont le monde ait besoin est celle qui remplacerait les énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre, par des énergies non carbonées, c’est-à-dire renouvelables ou, surtout, nucléaire, dont les émissions par kWh sont du même ordre que celles de l’éolien.

 

James Hansen, l’ex-directeur à la Nasa qui alerta le monde du danger climatique par un discours devant le congrès américain en 1988, a précisé, en décembre 2008 dans une lettre à Michelle et Barack Obama, ce qu’il fallait faire :

  1. Fermer toutes les centrales à charbon des Etats-Unis (cela suffirait à limiter à 2°C le réchauffement climatique à la fin du siècle),
  2. Instaurer une taxe carbone mondiale,
  3. Développer les réacteurs de 4e génération consommant 130 fois moins d’uranium qu’un réacteur actuel (la France avait Superphénix, mais il a été arrêté par le gouvernement Jospin en 1997 !).

 

Le nucléaire est la solution et les déchets ne sont pas un problème. Les peurs cultivées par les mouvements antinucléaires existent encore, mais deux évènements ont apporté des réponses propres à les faire disparaitre assez rapidement :

  • Tchernobyl a prouvé qu’un réacteur nucléaire n’explose pas comme une bombe, même si un incendie peut envoyer une grande quantité de radioactivité dans l’atmosphère, sans toutefois causer un surcroit important de cancers (des observations fiables peuvent être faites sur les liquidateurs baltes ayant opéré sur le réacteur accidenté),
  • Fukushima a montré qu’un accident grave sur un réacteur avec enceinte de confinement (restée intègre pendant 4 jours) n’a pratiquement aucune conséquence sur l’environnement et la santé des populations avoisinantes.

 

Parmi les énergies non intermittentes le nucléaire est la moins dangereuse et la seule avec l’hydraulique à ne pas émettre de CO2.

De son côté, la Cour des compte a démenti les assertions fantaisistes sur les coûts cachés du nucléaire, ce qui confirme sa pertinence économique, déchets et démantèlement compris. Rien n’interdit de développer sans subventions toutes sortes d’énergies renouvelables, si leur rentabilité économique le justifie. Mais leur avenir est de toute façon limité pour des raisons d’esthétique, de biodiversité (hydraulique, biomasse), de ressource (géothermie) et d’intermittence (un réseau ne peut être stable au-delà d’un certain pourcentage de production intermittente). Quant aux économies d’énergie, seule une augmentation forte du prix du pétrole incitera les assemblées générales de copropriété à entreprendre des travaux coûteux. A moins de 100 $ le baril, il ne se passera rien.

 

Alors qu’Internet et les voitures électriques se développent, seule une augmentation de la part du nucléaire répondra aux besoins d’une économie durable, stable, en protégeant l’environnement.

LE « CONTRE »

Pour une vraie transition énergétique, il faut sortir du nucléaire !

Billet rédigé par :

Xavier Saint Marc

Réseau "Sortir du nucléaire"
http://www.sortirdunucleaire.org/

Tout d’abord, rappelons que le nucléaire ne permet pas d’éviter le recours aux énergies fossiles car il ne représente qu’un faible pourcentage – 17% – de notre consommation d’énergie finale. Les pays les plus nucléarisés comptent aussi parmi les plus gros émetteurs de CO2.

 

De plus, les centrales nucléaires ont une durée de vie limitée. Certains équipements subissent les effets de la radioactivité et sont, de ce fait, fragilisés au fur et à mesure de leur fonctionnement (en particulier la cuve du réacteur). Nous nous trouvons à un moment charnière où nos centrales arrivent en fin de vie, la moitié des réacteurs ayant dépassé 30 ans de fonctionnement.

Si la France veut continuer à utiliser cette énergie, soit on en construit de nouvelles, soit on tente de faire durer celles qui sont actuellement en service.

 

  • Dans le premier cas, les nouveaux réacteurs EPR (censés garantir un niveau de sécurité supérieur aux modèles actuels) accumulent retards et surcoûts exorbitants.
  • Dans le deuxième cas, on ne renforcera que très peu la sécurité, on ne corrigera pas les défauts de conception majeurs, et, pour un coût également très élevé (estimation d’EDF de 55 milliards d’euros) cela n’éliminera en rien le risque croissant d’accident dû au vieillissement des équipements essentiels.

 

Dans les deux cas les problèmes inhérents à cette filière, de la mine d’uranium jusqu’aux déchets radioactifs, restent entiers.

De plus, pour justifier le recours au nucléaire, on compare souvent la consommation actuelle avec les capacités de production des différentes énergies. Or la solution ne consiste pas à remplacer la même quantité d’énergie mais à diminuer les consommations.

 

On peut tout à fait répondre à nos besoins grâce aux énergies renouvelables, en rationalisant les consommations, en arrêtant les gaspillages, en produisant de manière plus sobre, plus durable, et surtout avec de moindres risques et conséquences sur l’environnement et sur la santé.

Une transition sans sortie du nucléaire maintiendrait aussi une partie de notre dépendance énergétique : 100% de l’uranium utilisé – ressource non renouvelable – est aujourd’hui importé, alors que l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables permettraient une réelle autonomie énergétique.

 

Sachant que les sommes investies dans le nucléaire ne pourront être consacrées aux économies et au développement des renouvelables, la transition énergétique doit passer par la sortie du nucléaire pour des raisons financières, environnementales, de sécurité et d’indépendance énergétique.

 

 

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