Campagne de prévention contre le SIDA : est-elle choquante ?

Affiche campagne contre le SIDA
Les affiches de la campagne contre le SIDA

Le contexte

De quoi parle-t-on ?
Le ministère des Affaires sociales et de la Santé a lancé fin novembre une campagne d’affichage montrant des couples d’hommes, dans le but de sensibiliser notamment les couples homosexuels contre la transmission du VIH.

Cette campagne de prévention contre le SIDA a fait débat, et certains maires ont demandé à retirer les affiches dans leur municipalité.

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

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LE « POUR »

« Choquante et indécente »

Billet rédigé par :

Jean-Frédéric PoissonJean-Frédéric Poisson

Député des Yvelines et Président du Parti Chrétien-Démocrate

www.jfpoisson.fr

La campagne de prévention du sida diffusée avec le soutien du Ministère de la Santé est totalement indécente et choquante.

Tour d’abord, cette campagne a un caractère particulièrement homophobe dans la mesure où elle réduit les personnes homosexuelles à de simples copulateurs compulsifs.

De plus, je rejoins le point de vue des maires, des associations, des simples citoyens qui ont réclamé le retrait des affiches au motif qu’elles « portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse »

Ce n’est pas un problème d’homosexualité, c’est un problème de traitement décalé de l’affectivité et de la sexualité sur la place publique, qui se fait à la vue des enfants : en effet, il est avéré qu’elle a été indifféremment affichée aux abords de plusieurs écoles.

Comment allez-vous expliquer à des enfants des messages tels que « coup de foudre, coup d’essai, coup d’un soir » ou « avec un amant, avec un ami, avec un inconnu » ? Ces affiches donnent aux enfants une vision de la sexualité et des relations humaines faussée, dévoyée.

Elles volent aux parents leur rôle en matière d’éducation sur ces sujets. Les voilà contraints, dans un abribus, à devoir rendre compte d’une conception des choses qui n’est pas celle qu’ils souhaitent transmettre !

De plus, les photos utilisées pour ces affiches sont très suggestives : engagé depuis de nombreuses années pour la protection des mineurs, j’ai organisé à l’Assemblée Nationale le 23 septembre dernier un colloque sur la protection de l’enfance et l’accès aux images à caractère pornographique.

L’ensemble des sociologues, médecins, psychologues et intervenants associatifs présents ont démontré combien l’impact de ce type d’images sur les enfants était violent et dangereux, combien il était capital que l’Etat prenne ses responsabilités et s’engage avec fermeté pour garantir leur protection.

C’est donc dans un même souci de protection des mineurs face à ces images à caractère sexuel que je demande retrait immédiat de cette campagne d’affichage.

Pour ma part, je ne comprends pas l’obsession du gouvernement actuel à traiter de manière publique et presque obscène des questions qui devraient être traitées avec beaucoup plus de précaution, de finesse. C’est cette obscénité qui me dérange dans ces affiches.

LE « CONTRE »

Des hommes qui s’enlacent et provoquent des arrêtés…

Billet rédigé par :

SOS homophobieVirginie Combe

Porte-parole de SOS homophobie

www.sos-homophobie.org

Le 19 novembre 2016, le ministère de la santé a lancé une campagne nationale d’information et de prévention du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST). Ses affiches montrant des couples d’hommes s’enlaçant ont été diffusées dans près de 130 villes, mais quelques maires ont demandé leur interdiction et leur retrait par voie d’arrêté ou sur demande formulée auprès des gestionnaires d’affichage municipal.

SOS homophobie a dénoncé le caractère manifestement homophobe des interdictions alors que cette campagne a pour objectif la prévention de certaines maladies graves. Ces décisions motivées par le rejet des couples d’hommes et de l’amour entre hommes, sont clairement homophobes.

Cette campagne est importante car les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont particulièrement concernés par le risque de transmission du VIH. D’autre part, outre les difficultés relatives à la maladie elle-même, les personnes séropositives sont victimes de stigmatisation et de rejet dus à la persistance de stéréotypes tenaces au sein de la société, nourrissant la sérophobie.

Les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH sont en augmentation. Selon une enquête Aides/Défenseur des droits de 2016(1), 30 % des séropositif-ve-s sollicité-e-s ont déclaré avoir subi des discriminations, soit presque deux fois plus que la population générale.

Un travail d’information et de prévention doit être mis en place par les pouvoirs publics pour lutter contre le virus lui-même. Il revient à l’État et aux collectivités locales de lutter également contre les stéréotypes qui entourent celles et ceux qui sont malades et notamment les hommes gays et bis.

C’est pour ces raisons que SOS homophobie salue la campagne de prévention lancée par le ministère de la santé et regrette vivement la vague d’homophobie que cette campagne a provoqué chez certain-e-s élu-e-s qui, exclusivement motivé-e-s par le rejet de l’amour entre deux hommes, ont censuré l’affichage dans leur commune.

SOS homophobie condamne la vague de propos stigmatisant les couples d’hommes qui ont été prononcé depuis le lancement de la campagne de prévention. Les stéréotypes et les amalgames véhiculés sur l’amour entre hommes sont de nature à renforcer et banaliser l’homophobie et les réactions de haine envers les personnes lesbiennes, bi, gay et trans’.

SOS homophobie continuera d’œuvrer au quotidien à travers ses missions d’écoute, de soutien et de sensibilisation afin de lutter contre toutes les formes de LGBTphobies.


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