[Histoire] Faut-il guillotiner Louis XVI ?

Louis XVI est guillotiné

Numéro 1

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Qui était Louis XVI ?

Petit-fils de Louis XV, Louis XVI devint dauphin en 1765, puis règne à partir de 1774, à 20 ans. En 1770, il épouse Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche avec qui il a quatre enfants. Il reçoit une éducation très complète mais il n’est pas préparé pas de façon concrète à l’exercice du pouvoir. D’autant qu’il ne devient l’héritier du trône qu’à la mort de ses deux frères aînés.

Sa pensée politique est influencée par Fénelon et la philosophie des Lumières, mettant en évidence que la nation est distincte du roi, idée opposée à la conception traditionnelle de la monarchie française.

Le règne de Louis XIV est marqué par de grandes difficultés financières : pour autant les ministres se succèdent et peinent à convaincre le roi de supprimer les privilèges fiscaux. Les réformes n’aboutissent pas et ce dernier est contraint de convoquer les États généraux du royaume à Versailles, en mai 1789. Lors de cette assemblée extraordinaire, 1 200 députés représentent les trois ordres de la nation : le clergé, la noblesse et le tiers état. La Révolution française est en marche.

Source : Château de Versailles

Pourquoi a-t-il été guillotiné ?

Louis XVI se place, au début de la Révolution, en tête du mouvement réformiste. Indécis, il hésite toutefois à ratifier les textes proclamant l’abolition des privilèges et la déclaration des Droits de l’homme, établis peu de temps après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

Le 5 octobre 1789, le peuple envahit Versailles et exige que la famille royale réside désormais à Paris. Le roi est emmené aux Tuileries avant de tenter de s’enfuir en juin 1791. Arrêté à Varennes, il est ramené à Paris.

En 1792, il est jugé par les révolutionnaires. Sa mise à mort représente pour eux la fin de la monarchie et laisse place à « L’An I de la République française ». Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793, est le dernier monarque à vivre au château de Versailles, surnommé par les insurgés, « Louis le Dernier ».

Source : Château de Versailles

Numéro 2

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LE « POUR »

Louis doit mourir

Louis fut roi, et la république est fondée : la question fameuse qui vous occupe est décidée par ces seuls mots. Louis a été détrôné par ses crimes : Louis dénonçait le peuple français comme rebelle : il a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans ses confrères ; la victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle : Louis ne peut donc être jugé : il est déjà condamné, ou la république n’est point absoute.

Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire, car c’est mettre la révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, il peut être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé : mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ?

Si Louis est innocent…

Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs ; les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l’innocence opprimée ; tous les manifestes des Cours étrangères ne sont que des réclamations légitimes contre une faction dominatrice. La détention même que Louis a subie jusqu’à ce moment est une vexation injuste ; les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l’empire français sont coupables…

Nouvelle difficulté. A quelle peine condamnerons-nous Louis ? La peine de mort est trop cruelle. Pour moi, j’abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois ; et je n’ai pour Louis ni amour ni haine ; je ne hais que ses forfaits.

J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’assemblée que vous nommez encore constituante ; et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison lui ont paru des hérésies morales et politiques. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de les réclamer en faveur de tant de malheureux dont les délits sont moins les leurs que ceux du gouvernement, par quelle fatalité vous en souvenez-vous seulement pour plaider la cause du plus grand de tous les criminels ?

Une exception à la peine de mort ?

Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer. Oui, la peine de mort, en général, est un crime, et par cette raison seule que, d’après les principes indestructibles de la nature, elle ne peut être justifiée que dans les cas où elle est nécessaire à la sûreté des individus ou du corps social.

Mais un roi détrôné, au sein d’une révolution qui n’est rien moins que cimentée par des lois justes ; un roi dont le nom seul attire le fléau de la guerre sur la nation agitée ; ni la prison, ni l’exil ne peut rendre son existence indifférente au bonheur public ; et cette cruelle exception aux lois ordinaires que la justice avoue ne peut être imputée qu’à la nature de ses crimes. Je prononce à regret cette fatale vérité… mais Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive.

LE « CONTRE »

L'Histoire jugera votre jugement

Billet rédigé par :

Raymond, comte de Sèze, ou Romain Desèze

Défenseur de Louis XVI lors de son procès en décembre 1792
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42526b/f322.image

Citoyens représentants de la Nation, il est donc enfin arrivé ce moment où Louis accusé au nom du peuple français, peut se faire entendre au milieu de ce peuple lui-même !

Il est arrivé ce moment où entouré des conseils que l’humanité et la loi lui ont donnés, il peut présenter à la Nation une défense et développer devant elle les intentions qui l’ont toujours animé !

Que des accusateurs !

Citoyens je vous parlerai avec la franchise d’un homme libre : je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs ! Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, et c’est vous mêmes qui l’accusez ! Vous voulez et vous avez déjà émis votre vœu ! Vous voulez prononcer sur le sort de Louis et vos opinions parcourent l’Europe !

Louis sera donc le seul Français pour lequel il n’existe aucune loi, ni aucune forme ! Il ne jouira ni de son ancienne condition ni de la nouvelle ! Quelle étrange et inconcevable destinée !

Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !

L’ami constant du peuple

Entendez d’avance l’Histoire, qui redira à la renommée : “Louis était monté sur le trône à vingt ans, et à vingt ans il donna l’exemple des mœurs : il n’y porta aucune faiblesse coupable ni aucune passion corruptrice ; il fut économe, juste et sévère ; il s’y montra toujours l’ami constant du peuple.

Le peuple désirait la destruction d’un impôt désastreux qui pesait sur lui, il le détruisit ; le peuple demandait l’abolition de la servitude, il commença par l’abolir lui-même dans ses domaines ; le peuple sollicitait des réformes dans la législation criminelle pour l’adoucissement du sort des accusés, il fit ces réformes ; le peuple voulait que des milliers de Français que la rigueur de nos usages avait privés jusqu’alors des droits qui appartient aux citoyens, acquissent ces droits ou les recouvrassent, il les en fit jouir par ses lois. Le peuple voulut la liberté, il la lui donna ! Il vint même au-devant de lui par ses sacrifices, et cependant c’est au nom de ce même peuple qu’on demande aujourd’hui…

Citoyens, je n’achève pas… Je m’arrête devant l’histoire : songez qu’elle jugera votre jugement et que le sien sera celui des siècles.

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