Rafael Peñaloza - CC BY-NC-SA 2.0

Faut-il rétablir la peine de mort ?

📋  Le contexte  📋

La peine de mort, ou peine capitale, est une peine prévue par la loi consistant à exécuter une personne ayant été reconnue coupable d’une faute qualifiée de « crime capital ».

Début 2017, on comptait dans le monde :
– 104 Etats ayant aboli la peine de mort en toutes circonstances
– 9 Etats ne conservant la peine de mort que pour des crimes commis en temps de guerre, crimes contre l’humanité et/ou des actes terroristes
– 28 Etats ayant la peine de mort dans leurs lois, mais n’ayant procédé à aucune exécution ces dix dernières années
– 57 Etats appliquant la peine de mort

Sources : Amnesty International

Si la peine de mort a été abolie en France en 1981, le débat fait régulièrement surface. En mai 2015, un sondage montrait que 52% des Français étaient favorables à son retour.

Source : Le Monde

 

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Le « Pour »
Louis Aliot
Député des Pyrénées-Orientales, Commission Défense et des Forces Armées, conseiller Municipal de Perpignan
La peine de mort, clé de voûte d’une société de justice

L’abolition de la peine de mort, en 1981, a été de facto suivie par l’affaissement de toutes les autres peines criminelles.

La perpétuité réelle n’est qu’un mythe. En moyenne, les criminels, y compris les plus féroces, ne demeurent pas plus de 12 ou 15 ans en réclusion.

L’abolition de la peine de mort aura été précédée, et a depuis considérablement amplifié ce processus pervers de culpabilisation de la société, voire de la victime. Une inversion totale des valeurs, qui donne aujourd’hui à la barbarie et au terrorisme, hélas, toute leur place dans la société française d’aujourd’hui.
Existe-il un pays au monde où un criminel peut se pavaner sur les plateaux de télévision et faire la promotion de son livre ?…

Les Etats-Unis, à partir de la « révolution conservatrice » du début des années 80, en rendant alors effectifs le prononcé et l’application de la peine de mort, ont diminué la criminalité par deux. Ils ont depuis un des plus faibles taux de récidive des pays occidentaux.

Nous devons appliquer à ces criminels les plus dangereux, en premier lieu (terroristes, assassins d’enfants et de personnes vulnérables, meurtriers de forces de l’ordre) la seule peine qui apparaît juste à l’égard de leur forfait.

Mais nous devons avant tout, au nom des victimes, rendre la justice qui leur est dûe.

En ayant en mémoire les mots du Président Barack Obama, partisan affirmé de la peine de mort, au moment de l’exécution de Ben Laden : « Justice est faite ».

Le « Contre »
Françoise DIERYCK
Coordinatrice peine de mort pour Amnesty International Belgique francophone
Être contre la peine de mort… Pourquoi ?

Tout d’abord, par principe : le droit à la vie ne se négocie pas. Quels que soient les actes commis. C’est ce que pose l’article 3 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.

Ensuite, parce que la peine de mort est discriminatoire. Elle s’applique le plus souvent aux pauvres, aux étrangers, aux minorités ethniques ou religieuses et à ceux qui ne peuvent s’offrir l’aide d’un avocat compétent.

Parce que la peine de mort est fréquemment appliquée à la suite de procès inéquitables, de procès militaires expéditifs ou de procès civils dans lesquels  des « aveux » obtenus sous la torture ou par des mauvais traitements sont le seul élément à charge et sont retenus comme preuve suffisante du délit commis.

Parce que la peine de mort est appliquée pour des délits qui ne font pas partie des « crimes les plus graves », tels que définis par l’ONU, à savoir les homicides mais pour punir le blasphème, l’adultère, la corruption, les atteintes à la sécurité nationale, le trafic de stupéfiants…

Parce que la peine de mort est utilisée pour museler toute opposition dans les pays totalitaires ou autoritaires.

Parce que la peine de mort tue régulièrement des innocents.

Parce que les pays qui exécutent le plus sont ceux où le système judiciaire est le plus souvent défaillant.

Parce que la peine de mort n’est pas dissuasive. Aucune statistique ne le démontre et pourtant, très souvent, les dirigeants veulent faire croire qu’en appliquant la peine de mort, ils vont lutter efficacement  contre le crime, le trafic de drogue, les meurtres d’enfants, etc. Or, qu’observe-t-on ? Le Canada a vu son taux d’homicides baisser régulièrement après l’abolition de la peine capitale et les États des USA qui appliquent la peine de mort ont un taux d’homicides plus élevé que ceux qui l’ont abolie.

On ne mettra pas fin aux attentats terroristes qui font tant de victimes innocentes en menaçant leurs auteurs du châtiment suprême ; les attentats suicides le montrent : leurs auteurs, qui attentent à la vie de si nombreuses personnes, sont prêts à mourir.

Amnesty International est opposée à la peine de mort en toutes circonstances, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quels que soient l’accusé, le crime commis et la méthode d’exécution. Bien évidemment, nous considérons que tout crime, au terme d’un procès équitable, doit être puni, mais nous refusons la peine capitale, car elle constitue une privation ultime des droits humains, un homicide prémédité commis de sang froid par l’État. Ne confondons pas justice et vengeance !

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