La critique cinéma : Le Terminal

Le Terminal

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Numéro 1

S’informer

Le synopsis
Viktor Navorski est un touriste comme un autre de passage aux états-unis, au terminal de l’aéroport JFK de New York. Seulement, au moment de s’enregistrer pour son vol retour, il est bloqué par l’administration de l’aéroport. Son pays d’origine, la Krakozie, vient de voir son gouvernement renversé et plonger dans la guerre civile, faisant de Viktor un apatride. Interdit de séjour sur le sol américain et dans l’incapacité de retourner dans son pays, Viktor se retrouve coincé. Sa vie s’organise dans la zone de transit du terminal, où il se fait des amis de toutes origines.

Les infos sur le film

Genre : Comédie dramatique

Réalisateur : Steven Spielberg

Avec (entre autre) : Tom Hanks (Viktor Navorski), Catherine Zeta-Jones (Amelia Warren), Stanley Tucci (Frank Dixon), Diego Luna (Enrique Cruz), Chi McBride  (Joe Mulroy), Zoë Saldana (l’officier Dolores Torres)

Durée : 2h01

Sortie : 15 septembre 2004 en France

Budget : 60 000 000$

L’info en plus : Le scénario de Le Terminal s’inspire de l’histoire vraie de l’Iranien Mehran Karimi Nasseri, réfugié iranien sans papiers et déchu de sa nationalité, bloqué à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle de 1988 à 2006.

Numéro 2

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LE « POUR »

Spielberg et la douceur candide de son cinéma

Billet rédigé par :

Antoine Cassé

Critique pour Ciné Maccro
https://cinemaccro.com/

Spielberg, au cours de son immense carrière, a toujours été un cinéaste de l’enfance, aussi bien des rêves que des cauchemars. Le Terminal n’échappe pas à ce parti-pris récurrent de
sa filmographie d’adopter un point de vue d’enfance pour dresser le portrait d’un pan de la société. Pourtant, le héros du Terminal n’est pas comme les autres enfants spielbergiens : celui-ci s’appelle Viktor et a les traits d’un Tom Hanks proche de la cinquantaine.

Le réalisateur ohioain questionne sur les inégalités sociales et les amalgames de l’époque

En inscrivant son film au sein d’un aéroport, lieu symbolique dans une Amérique encore meurtrie du 11 Septembre, le réalisateur ohioain questionne sur les inégalités sociales et les amalgames de l’époque, qui connaissent un essor dû à la peur générale. En évitant de tomber dans une surenchère maladive pour choquer, le réalisateur cherche ici au travers de
la candeur naïve de Viktor à emporter l’adhésion de son public par une émotion sincère.

Simple mais jamais simpliste, il construit son Terminal comme une madeleine, un film d’attente mais au pouvoir émotionnel fort pour un message marqué et marquant. Sans véritable héros, sans méchant cruel, Le Terminal s’inscrit dans une continuité d’un début de décennie où les spectateurs raffolent de film douillets. Spielberg l’a saisi et emprunte les codes à ces films pour les magnifier et prouver qu’il est un des meilleurs metteurs en scène de notre époque.

Le Terminal ouvre les yeux de Viktor et les nôtres, et nous questionne sur la manière dont nous agissons pour lutter contre les préjugés

La mise en scène justement, point fort de Spielberg, est ici assez effacée pour ne pas prétendre s’asseoir aux côtés des grands moments spielbergiens, ce qui aurait probablement desservi le film. Pourtant, le réalisateur récite ces gammes qu’il connaît par coeur, faisant avancer son récit avec la même douceur que celle qui anime son personnage principal. En offrant des moments de bravoure à chaque personnage secondaire, représentant chacun un “cliché” américain, Le Terminal ouvre les yeux de Viktor et les nôtres, et nous questionne sur la manière dont nous agissons pour lutter contre les préjugés.

Si Le Terminal restera comme un film mineur aux vues de la filmographie de Spielberg, force est de constater qu’il reste sous-estimé par le public. Photographie candide mais douce-amère de l’époque, Spielberg offre une comédie sociale qui réchauffe le coeur et interroge sur le brassage social. Le Terminal est encore une fois une oeuvre d’enfance et d’innocence chez Spielberg ; mais au lieu de se limiter à poursuivre un rêve, le réalisateur cherche aujourd’hui à l’inscrire dans la réalité, et à pousser ces deux mondes à interagir.

LE « CONTRE »

Un Spielberg en pilotage automatique

Billet rédigé par :

Thomas Graindorge

Critique pour Ciné Maccro
https://cinemaccro.com/

Évoquer Steven Spielberg, c’est retracer 45 ans d’une splendide carrière qui a changé l’art et l’industrie cinématographiques à jamais. De son versant grand public et entertainment (Jurassic Park, Indiana Jones…) à celui plus personnel et artistique (La Liste de Schindler, Empire du Soleil…), l’ohioain a su se renouveler et prouver l’universalité de son style. Malheureusement, et comme le prouve Le Terminal, il arrive même aux plus grands de louper le coche…

Loin de la subtilité avérée du réalisateur, le Terminal, déçoit par un criant manque de profondeur

On a souvent reproché au cinéma de Spielberg un aspect trop commercial et simpliste, ce qu’une grande partie de sa carrière tend à renier. Mais si un film devait donner raison à ses
détracteurs, il s’agirait du Terminal. Loin de la subtilité avérée du réalisateur, le film, au postulat par ailleurs alléchant, déçoit par un criant manque de profondeur et un récit multipliant les lieux communs.

Ne se faisant qu’une succession de petites saynètes qui ont tôt fait de lasser le spectateur, Le Terminal semble ne pas savoir comment faire avancer son histoire et multiplie les séquences sans grand intérêt, peu aidées par un antagoniste assez grotesque.

Au milieu d’un tel désintérêt, Tom Hanks, habitué spielbergien, ne manque pas d’intérêt dans l’interprétation de ce personnage un peu gauche et porte le film sur ses épaules, même si la décision d’en faire un russophone sonne comme une idée saugrenue sinon excentrique. L’inconvénient étant qu’il étouffe le reste des personnages, qui n’ont que peu de scènes leur permettant de faire progresser leur histoire, n’étant bien souvent que les moteurs d’un récit en pilotage automatique.

Paradoxalement, le talent de mise en scène de Spielberg cause également des torts au long-métrage

Et paradoxalement, le talent de mise en scène de Spielberg cause également des torts au long-métrage, la maîtrise indéniable de sa réalisation coûtant au film l’affection du spectateur. Devant une telle grandiloquence et ces nombreux plans en grue très travaillés, celui-ci se sent extérieur à l’histoire, et on discerne tellement le talent éclatant du cinéaste que cela rend le film et son histoire moins innocents et intimistes. Et l’on pourrait faire le même reproche à la musique de John Williams, bien trop ronflante et empêchant les scènes d’accéder à la subtilité qu’elles nécessitent.

Il y a toujours quelque chose à sauver d’un film de Spielberg, mais Le Terminal ne sonne que comme son auto-parodie qui, s’il porte un message pertinent sur l’Amérique, n’est qu’un
film mineur de la carrière d’un cinéaste installé dans une zone de confort hors de laquelle il a pourtant livré ses meilleures oeuvres.

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