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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

Oui, il faut organiser la sortie du diesel !
Christophe Najdovski
Maire-Adjoint de Paris, chargé des transports, des déplacements, de la voirie et de l’espace publichttp://www.paris.fr/politiques/les-politiques-parisiennes/transports-voirie-deplacements-et-espace-public/rub_9706_stand_144164_port_24008
La pollution atmosphérique fait des ravages : l’Organisation Mondiale de la Santé l’a classée comme « cancérogène certain » en 2013. Parmi les polluants atmosphériques les plus nocifs figurent les particules fines. De taille microscopique, elles pénètrent au plus profond des poumons.
A Paris, la majorité des émissions de polluants provient du trafic routier : il est responsable respectivement de 66% des émissions d’oxydes d’azote et de 58% des émissions de particules fines.
Ces particules proviennent essentiellement des moteurs diesel, en particulier des vieux diesel, surtout lorsqu’ils ne sont pas dotés de filtres à particules.
Pour autant, même si les nouveaux moteurs diesel sont beaucoup moins émetteurs que par le passé, ils ne peuvent piéger toutes les particules, et en particulier les micro ou nano-particules, qui sont celles qui sont les plus nocives.
Les pouvoirs publics sont responsables de cette situation, eux qui ont incité depuis 30 ans les automobilistes à acheter des véhicules diesel par une fiscalité avantageuse pour celui-ci, ou encore récemment en 2008 par un bonus-malus « écologique » qui a dopé les ventes de diesel, leur faisant atteindre cette année-là un pic historique à 78% des ventes de véhicules. Aujourd’hui, le parc automobile est diésélisé à plus de 60%. Nous devons agir, et nous ne pouvons pas attendre que des changements se produisent au niveau national, même s’ils sont évidemment indispensables.
Rappelons que la France est sous la menace de sanctions de l’Union Européenne pour non-respect des valeurs limites en matière de qualité de l’air.
Aussi, est-ce la raison pour laquelle nous mettons en place à Paris (et à terme, nous le souhaitons, à l’échelle de la Métropole parisienne), une zone de basses émissions dans laquelle, progressivement, la circulation des véhicules les plus polluants sera restreinte. C’est ce que font près de 200 villes en Europe, dont Berlin, et avec des résultats éprouvés.
Concrètement, il s’agit tout à la fois d’accélérer le renouvellement du parc automobile, c’est-à-dire le remplacement des véhicules plus anciens très émetteurs par des véhicules neufs ou récents beaucoup moins émetteurs, en accompagnant financièrement les plus modestes, et de développer les alternatives à la voiture individuelle : transports collectifs, vélo, autopartage, etc.
C’est par cette action volontariste, ambitieuse et déterminée, que nous pourrons retrouver un air de qualité au quotidien, et ne plus redouter que le retour du beau temps soit synonyme de pic de pollution.

Des mesures « écolo » pour les riches
Pierre Chasseray
Délégué général de l’association « 40 millions d’automobilistes »http://www.40millionsdautomobilistes.com
Interdire ? N’existe-t-il pas d’autres moyens pour limiter la pollution? Doit-on systématiquement pointer du doigt l’automobiliste ? S’il est évident que limiter les sources de pollution est un enjeu majeur, n’est-il pas plus opportun de proposer des alternatives plutôt que d’interdire de rouler pour tous ceux qui ne possèdent pas le véhicule électrique que les pouvoirs publics essaient de nous vendre à grands coups de media ? Après avoir encouragé les Français à acheter diesel, nous voudrions aujourd’hui leur faire payer leur patriotisme !
Est-ce réellement à l’automobiliste de payer le prix de l’erreur politique ?
Car oui, en effet, les véhicules diesels anciens dénués de filtre à particules efficace sont émetteurs de ces fameuses particules fines dont on parle tant, et à juste titre, aujourd’hui. Ce qui est regrettable, c’est que personne ne prenne le temps de dire que les émissions de particules liées aux automobiles sont en baisse constante ces dernières années grâce à l’innovation et à l’efficacité des nouvelles technologies de filtres.
A « 40 millions d’automobilistes », nous rejetons toute idée assimilable à de « l’écologie pour les riches ». Et une interdiction de circuler serait exactement cela. Aux fondamentalistes du « tout vert », nous préférons répondre par la proposition. Il existe aujourd’hui des systèmes de dépollution en rétrofit qui permettent de limiter au maximum les émissions polluantes des véhicules diesels anciens. Pourquoi ne pas financer ce type de dispositif, plutôt que de proposer un financement de 10 000 euros pour l’achat de véhicules électriques dont l’autonomie ne permet pas pour le moment de remplacer le premier véhicule d’un foyer ?
L’automobiliste ne peut en aucun cas être tenu responsable ou servir de bouclier aux erreurs politiques d’hier.
La voiture, c’est notre mobilité, c’est notre liberté de nous déplacer. Pour certains, c’est le synonyme de travail, pour d’autres celui de famille, de garderie, de sortie d’école, de cinéma, de théâtre, de vacances, de bol d’air… Ne laissons pas les aigris qui souhaitent laver « plus vert que vert » détruire nos horizons. Aux discours bobos parisianistes, répondons que Paris n’est pas la France, que Paris n’est même pas l’Ile-de-France… Et qu’ils ne sont pas Paris non plus… Qu’ils ne sont pas propriétaires des libertés des Français.
A ceux qui prétendent prétentieusement sauver la planète en baissant la vitesse de 10 km/h sur le périphérique parisien, rappelons qu’ils ne sont pas le centre du monde et que le nombrilisme de leurs mesures basées sur les taxes et les interdictions paralyse les Français.