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Le feuilleton grec n'a que trop duré, il est temps d'y mettre fin
Depuis 1979 la Grèce bénéficie au sein de l’Union européenne d’une indulgence coupable sans fondement et inéquitable par rapport aux autres membres.
Elle n’a jamais respecté ni accepté les règles financières et budgétaires de l’Europe allant même jusqu’à falsifier ses comptes.
Dans la tempête financière de 2008, l’Europe et le FMI ont fait preuve d’une grande solidarité tout en préservant l’intégrité de la zone euro.
Le gouvernement grec avait accepté de faire les efforts qui s’imposaient, très douloureux pour le peuple mais ils commençaient à porter leurs fruits quand le démagogue Tsipras s’est fait élire en promettant qu’il allait raser gratis, comme Marine Le Pen qui le soutient.
Le gouvernement grec a, dès lors, abandonné les réformes en cours pour se livrer à une surenchère et à un chantage politique insupportables, notamment pour tous les pays européens qui ont fait beaucoup de sacrifices pour accéder à la zone euro ou y rester. Le referendum a été la manipulation de trop.
On ne peut pas, moralement, dépenser plus qu’on ne gagne, vivre à crédit, ne pas rembourser ses dettes et crier à l’injustice. D’autant plus lorsqu’on doit 300 milliards d’Euros et plus de 1000 Euros à chaque Français.
Certes, ce n’est pas le cœur gai qu’il faut se résoudre à l’inéluctable lorsque l’on a respect et compassion pour nos amis grecs à qui l’on pourra, différemment, manifester notre sollicitude.
Mais la Grèce doit quitter la zone euro pour la sécuriser car son maintien chaotique peut la fragiliser. Elle peut la quitter aujourd’hui sans dégâts car les marchés en ont intériorisé l’idée.
Elle doit la quitter car elle est le mauvais exemple d’un membre qui refuse d’appliquer le règlement qu’il avait signé en entrant risquant de provoquer la gangrène.
Elle doit la quitter pour avoir oublié que, comme le disait Aristote, la démagogie est la perversion de la démocratie.
La Grèce ou l’effondrement
Pourquoi s’occuper de ce pays qui, depuis 30 ans, dépense n’importe comment (ou presque) et souhaiterait (presque) que le reste du monde efface ses dettes. Ce que tout le monde semble penser… Je ne partage pas cette analyse, trop cash limite trash.
Alexis Tsipras a gagné les élections sur une posture gauchiste. Certes. N’est-ce-pas mieux qu’une posture fasciste comme celle des colonels ? Angela Merkel est d’ailleurs plutôt favorable à un compromis, contre son parti et une partie de sa gauche…
Qui souhaite que la Grèce reste en zone Euro ? En plus de la France – qui aide même le gouvernement Tsipras à faire le dossier – qui ? L’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, soit plus de la moitié du PIB européen. La Grande-Bretagne est hors course (qui a préféré sa livre – et le dollar – pour protéger sa place financière, Londres).
Alors oui, il faut que la Grèce reste dans l’Euro et dans l’Europe. Sinon quoi ? L’Europe abandonnerait ses pauvres ? Au motif que, longtemps dirigée par des oligopoles (de droite et de gauche), leurs politiques ont joué aux 3 petits singes sur le dos du peuple grec ? L’élection de Tsipras est juste la confirmation que les grecs sont intelligents et savent que leur “classe politique traditionnelle” les a plombés. Doit-on les lâcher maintenant ? NON.
Car alors, l’Europe deviendra aux yeux du monde un territoire incapable de se solidifier politiquement et économiquement, un espace sans solidarité. Au contraire des USA, de la Chine, du Brésil, voire de l’Inde aussi. Ranci dans notre histoire “prestigieuse”, nous serions alors abandonnés du monde. Garder les Grecs dans la Zone Euro (et imposer à l’Etat grec une sérieuse cure de professionnalisme de gouvernance) est indispensable pour que le Reste du Monde ne voie pas ce qu’il craint de voir : une Europe pleurant un passé défunt et dont la renaissance a, pendant 50 ans, été payée par le Plan Marshall des USA et la richesse aspirée des colonies africaines, asiatiques, moyen-orientales, latino-américaines ? Cette nostalgie fantasmatique d’une Europe riche de grands empires et d’une Russie tout aussi impériale (avant l’URSS) m’inquiète terriblement.
Quelles que soient ses erreurs et nos tolérances passées (à assumer), la Grèce doit rester avec nous car le peuple grec n’est pas coupable. Sinon d’avoir trop souvent élus des familles d’incapables.
Je raisonne donc à l’échelle du monde d’aujourd’hui, qui va vite et n’a pas forcément besoin de nous : voulons-nous vraiment que le monde s’organise autour du Pacifique ? Non. Donc la Grèce doit rester européenne, se réformer, se rénover, jouer le jeu de la solidarité continentale dans la zone Euro. Et nous aussi, avec elle. L’épreuve grecque est notre épreuve du feu, enfin seuls maîtres de notre destin européen.
Sinon, l’Europe se disloquera, incapable d’exister sans aide ni soutien venus d’outre-tombe, la nôtre.