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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Les raisons de quitter Facebook
Magali Gardero
Administratrice de l'April et membre de FramasoftC’est en 2004 que Mark Zuckerberg et ses camarades de l’université Harvard fondent Facebook pour les étudiants de cette université. Rapidement Facebook devient un géant du web. Depuis, la machine est lancée allant toujours vers la croissance et la rentabilité.
Alors forcément quand une entreprise devient aussi puissante, il y a des dérives, des mauvaises pratiques qui sont révélées et on en arrive à l’appel à boycotter Facebook…
Les raisons POUR boycotter sont en effet très nombreuses:
1. Comment une entreprise qui fournit autant de services gratuits à ses utilisateurs peut-elle faire partie des plus grands puissance boursières ? En rachetant d’autres entreprises qui vont améliorer la plate-forme, en déposant des brevets impossibles qui lui apporteront une rente, en ne payant pas d’impôts dans la plupart des pays où elle récupère de l’argent, en spéculant en bourse sur d’autres entreprises, en utilisant des logiciels libres, sans licence à payer à des éditeurs de logiciels.
2. Que fait une importante entreprise des données personnelles qu’elle récupère de ses utilisateurs ?
Oublié le respect dû aux utilisateurs ; les données intimes sont analysées sans le consentement des testeurs et revendues à d’autres entreprises qui font ainsi du ciblage publicitaire. Facebook encourage les entreprises à utiliser ses services pour mieux communiquer au sein de la plateforme et ne rémunère pas ceux qui mettent réellement du contenu. Chaque message privé vaut 10 cts d’€. Une heure au smic vaut environ 10€ : combien de temps passent en moyenne les utilisateurs « actifs » de Facebook?
Les conditions générales de vente, permettent à l’entreprise de s’approprier du contenu qu’elle pourra revendre ailleurs.
S’approprier du contenu pour le revendre ailleurs
3. Pourquoi une entreprise aussi importante est aussi peu fiable informatiquement ? Totalement centralisée, tous les serveurs sont au même endroit, rendant beaucoup plus facile la récupération des données, pour la NSA ou d’autres personnes.
Le code refermé et l’importance des données qu’il détient font de Facebook la victime préférée de cette année 2018 ; des comptes sont récupérés, piratés, ou espionnés. De peur de perdre ses utilisateurs, l’entreprise se ferme à l’interopérabilité.
Propagande, fake news, désinformation
4. Comment une entreprise influence-t-elle ses nombreux utilisateur, plus de 2 milliards ?
Septembre 2018, l’entreprise se vante de sa capacité à établir des profils psychologiques et politiques d’internautes à partir de leurs données Facebook, afin de définir au mieux ensuite les publicités et les messages à leur diffuser pour les influencer.
Propagande, fake news, désinformation, campagnes de dénigrement, manipulations de masse à grande échelle. C’est le lot quotidien de ceux qui vont sur Facebook et lisent leurs actualités. Les algorithmes mis en place peuvent agir sur le moral des utilisateurs ou sur leur vote. Partenariats rémunérés avec de grands médias, l’objectivité journalistique est-elle toujours assurée dans ces cas-là ? L’indépendance, vous connaissez ? Monopole et célébrité, Facebook a tellement d’utilisateurs que l’on risque de perdre ses amis si on la quitte.
5. Comment Facebook se protège des attaques ?
L’affaire de Max Schrems, étudiant autrichien, fondateur du collectif “L’Europe contre Facebook“, qui a demandé à Facebook l’intégralité de ses données personnelles, en vertu de la directive européenne 95/46/CE. Il a reçu des tonnes de feuilles de papier totalement inexploitables la première fois.
Une affaire est fermée et la décision tombe : aucune action en justice n’est faisable contre Facebook France, il faut se retourner contre Facebook Irlande, avec des frais beaucoup plus important. Facebook étant aux États-Unis, il est parfois très difficile, voire impossible de faire respecter le droit français ou européen. Et quand ses utilisateurs veulent s’en sortir, ils se rendent compte qu’ils sont finalement emprisonnés, persuadés que sur les autres plateformes, il y a moins de monde. Parfois même, quand un concurrent devient trop pressant, il est plus simple de le racheter (Instagram…)
En fait c’est effrayant quand on y réfléchit, ce monopole, cet emprisonnement que les utilisateurs ont accepté en utilisant Facebook, en cliquant sur le bouton « accepter les conditions générales d’utilisation »…
Il suffit de se responsabiliser
Éric Delcroix
Expert en communication et médias sociauxLe boycott est une forme de contestation commune pour infliger un dommage à un produit ou une marque. Cette action doit se faire sur des revendications fortes et fondées et non pas sur une crispation passagère suite à une mésaventure impétueuse.
Or, dans le cas du boycott de Facebook, plusieurs questions se posent.
Personne ne vous force
Lorsque vous vous inscrivez sur Facebook (ou sur n’importe quel autre réseau social), vous consentez à transmettre quelques informations personnelles que vous êtes libre ou non de partager. Personne ne vous force à vous enregistrer sur ces plateformes et vous pouvez par la suite configurer votre profil en fonction des usages que vous souhaitez en faire.
Libre à vous de partager des moments de votre vie intime, d’ajouter des photos de paysages ou de simplement ne rien mettre et de disposer d’un compte exempt de toute information que vous jugerez confidentielle.
Après le scandale de Cambridge Analytica, de nombreuses personnalités se sont indignées contre l’utilisation de nos données personnelles Facebook qui pouvaient être employées frauduleusement. Si la confidentialité et l’utilisation de ces données est une problématique majeure de Facebook et des réseaux sociaux, il en va de même pour toutes les plateformes qui traitent nos informations dans un but commercial.
Alors, pourquoi boycotter Facebook et non pas Google, Twitter, Amazon ou tout autre acteur en ligne qui utiliserait nos données à des fins capitalistes ?
Pas un phénomène nouveau
La médiatisation des récents événements relatifs à la mauvaise utilisation de nos données a relancé le débat sur nos usages des réseaux sociaux. Cependant les entreprises de vente par correspondance ont toujours exploité nos données personnelles sans nous consulter lors de chaque utilisation.
Détenir et exploiter des données personnelles sur ses clients n’est pas un phénomène nouveau. Facebook est une société commerciale parmi tant d’autres qui utilise les données de leurs utilisateurs après approbation du traitement des données partagées par l’internaute. Il faut arrêter de déresponsabiliser les personnes qui seraient vues comme de simples consommateurs soumis à un système qu’ils ne maîtriseraient pas.
Facebook est un outil d’expression. L’utilisateur s’exprime dans un domaine public comme il pourrait le faire dans la rue. Si Facebook est critiqué pour son côté malsain, déprimant et chronophage c’est aux utilisateurs qu’incombe la tâche d’agir de façon raisonnée et de faire preuve de la même retenue qu’il pourrait avoir en dehors du web. La forme que prend Facebook est le reflet de nos comportements humains et sociaux.
C’est un concentré de vie réelle dans un espace virtuel. Nous avons tous besoin de liens faibles et les réseaux sociaux sont l’un des outils permettant de garder ce contact avec notre entourage.
Plutôt que de mettre en cause Facebook, remettons plutôt en question notre comportement et les possibles dérives engendrées par des motivations obscures.
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