Fight Club

Débat ciné : Fight Club

📋  Le contexte  📋

Le film suit le parcours d’un employé de bureau qui trouve peu de satisfaction dans son emploi et sa vie en général et dont la vie est bouleversée lorsqu’il rencontre l’énigmatique Tyler Durden. Avec ce personnage anticonformiste, il créé le « Fight CLub », un club de combats clandestins qui permet à ses membres d’évacuer leur mal-être par la violence.

Genre : Drame, thriller

Réalisateur : David Fincher

Avec (entre autre) : Edward Norton (le narrateur), Brad Pitt (Tyler Durden), Helena Bonham Carter (Marla Singer)

Durée : 139 minutes

Sortie : 10 novembre 1999 en France

Budget : 63 000 000$

En 2007, la réplique « La première règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club » est classée par Première à la 27e place de sa liste des 100 meilleures répliques du cinéma

🕵  Le débat des experts  🕵

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Le « Pour »
Antoine Cassé
Critique pour Ciné Maccro
Fincher et l’esprit corrosif de la contradiction

Dire que Fight Club est une oeuvre culte est enfoncé une porte ouverte. Immense flop à sa sortie, le film de Fincher a connu ses heures de gloire, devant un objet culte pour une génération de cinéma, glorifiant sa violence subversive : mais faut-il résumer ce film à cet aspect ?

Derrière cette violence notable à l’écran se cache bien plus de choses qu’on ne le soupçonne

Adaptation (fidèle) du roman éponyme de Chuck Palahniuk, pamphlet brûlant sur l’Amérique des années 90, Fight Club transpire l’esprit de Fincher : froid, corrosif, en décalage avec la bienséance, le film est un exercice stylistique pour le réalisateur. Pourtant, derrière cette violence notable à l’écran se cache bien plus de choses qu’on ne le soupçonne.

Fincher nous somme de reprendre le contrôle de notre vie

Ce n’est pas le genre de Fincher de faire du banal divertissement : en happant son spectateur par cette violence esthétique dont il n’est pas habitué, il reprend ce qui faisait la force réflexive de l’oeuvre de Palahniuk ; Fight Club nous questionne sur notre confort de vie, notre passivité face à un monde qui nous contrôle plus que nous-même, et nos yeux que l’on ferme sur certaines choses de la société. Fight Club est une sonnette d’alarme : comme le narrateur, Fincher nous somme de reprendre le contrôle de notre vie, de nous accomplir par nous-même ; il en va de la survie de notre espèce. Anti-conformiste, Fight Club ne se contente pas d’être un banal pamphlet humiliateur : il nous encadre dans sa réflexion pour nous ouvrir progressivement les yeux, nous laissant le choix final d’accomplir ou non sa boucle.

Fincher livre peut-être son meilleur travail de mise en scène perfectionniste

Pour une réussite spirituelle, il faut une réussite technique : Fincher livre peut-être son meilleur travail de mise en scène perfectionniste. Toujours précis, jamais inutile, le réalisateur crée une émulsion créative qui sert Edward Norton et Brad Pitt, qui y trouve leurs meilleurs rôles, tout en oeuvrant par et pour son récit. Face à l’esprit corrosif de la contradiction, Fincher choisit le parti de l’intelligence ; il divertit pour faire réfléchir, émerveille pour mieux guider. Là est le propre du grand film ; Fincher maîtrise tout ce qui fera de Fight Club une immense oeuvre, lui offrant la spiritualité nécessaire pour s’élever. Car Fight Club n’est pas qu’un banal film de bagarre ; c’est la synthèse de ce que le cinéma a de plus beau et de plus grand à nous offrir, un film où l’émotion marie la réflexion pour le bonheur de celui qui acceptera de se jeter l’esprit ouvert dans la grandeur et la décadence du cinéma de Fincher.

Le « Contre »
Thomas Garindorge
Critique pour Ciné Maccro
Fight Club, éternelle adolescence

Il est de ces oeuvres cinématographiques dont la simple évocation est prompte au déchaînement des plus virulentes passions. Fight Club est de celles-là, et qu’on en soit adorateur ou conspueur, difficile e rester indifférent à un film dont le fond et la forme sont frappés du sceau du nihilisme et de l’anticonformisme. Mais de ce tortueux pamphlet sur la société de consommation, que reste-t-il
aujourd’hui ? Constat sur cette société à l’aune d’un nouveau millénaire, le film de David Fincher n’aurait-il pas, à son corps défendant, succombé à l’épreuve du temps ? Rien n’est plus sûr, si ce n’est l’identité de Tyler Durden.

Seul le Temps donne à certains films un parfum d’éternel, parfum que Fight Club ne pourra jamais humerde cinéaste.

Au-delà d’une partielle analyse contextuelle, il convient d’admettre que Fight Club, techniquement parlant, est d’une maîtrise absolument indéniable. Sorti tout droit de l’esprit du perfectionniste maladif David Fincher, le film se dote d’une ambiance poisseuse, marquant la déchéance d’une société dont les membres les plus insignifiants sont abandonnés, errant, tels de vulgaires pestiférés. Du montage à la musique et jusqu’au jeu d’acteur, tout est savamment poli par un Fincher sûr de lui, en pleine possession de ses moyens

Mais pour accéder au firmament du Septième Art, il est une étape à franchir : celle du Temps. Imperturbable, impitoyable, seul le Temps donne à certains films un parfum d’éternel, parfum que Fight Club ne pourra jamais humer.

Pourquoi octroyer un statut culte à un film dont le message n’est que le miroir partiel de son époque ?

Car d’équivalent à cette maîtrise technique, il n’y a bien que la désuétude dans laquelle le film s’est vautré. Outre un twist dont l’extase qu’il provoque force l’étonnement, le film est le reflet macabre de sa propre époque, ce qu’il réussit avec brio ; mais 20 ans plus tard, le film perd de sa saveur tant la société qu’il évoquait a pris des chemins tout aussi lugubres mais ostensiblement différents. Nightcall et sa plus grande radicalité, La Nuit nous appartient et la chute désespérée d’une société aux membres sclérosés, ou même Gone Girl, du même réalisateur, plus sordide ; nombre d’oeuvres ont poussé plus loin, ou dans des directions différentes, le message que portait Fight Club. Dès lors, pourquoi octroyer un statut culte à un film dont le message n’est que le miroir partiel de son époque ? Une oeuvre dont la résonance aura à peine dépassé les frontières du IIIème millénaire ?

Un message auparavant radical, semblant aujourd’hui bien terne et dépassé

Si l’on reconnaît sans sourciller ses qualités filmiques, reste que Fight Club aura laissé dans l’Histoire une trace trop importante pour la portée d’un message auparavant radical, semblant aujourd’hui bien terne et dépassé.

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