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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Pour la vaccination obligatoire
Coralie Briand
Médecin, interne en pédiatrie à ParisEn me vaccinant, je me protège, je te protège, je nous protège… Des millions de vie ont pû être sauvées depuis l’invention de la vaccination. Pourtant plus d’un quart des adultes ne connaissent pas la nature de leur dernière vaccination et près d’un français sur 5 pense ne pas être à jour de ces vaccinations. Grâce aux vaccins, certaines maladies telles que la diphtérie ou la poliomyélite ont disparues en France. Certains parents sont réticents à vacciner leurs enfants. Rappelons qu’une infection virale banale expose le système immunitaire de l’enfant à un nombre d’antigènes bien plus important que les vaccins. Prendre le risque de ne pas vacciner son enfant, c’est prendre le risque d’une infection grave qui aurait dû être évitée. En vaccinant, on peut protéger l’enfant d’une méningite à méningocoque ou à pneumocoque qui peut être mortelle, d’une infection à Haemophilus influenzae de type b qui peut induire un retard mental, d’une poliomyélite pouvant entrainer une paralysie, d’une infection par le VHB pouvant entrainer un cancer du foie, d’une rougeole qui peut tuer, comme l’ont montré les épidémies de rougeole récentes en Europe, etc. C’est la couverture vaccinale globale par effet d’immunité de groupe qui protège l’individu. Pour cela, un maximum d’individus doit être vacciné. Retirer le caractère obligatoire de la vaccination par le DTP (Diphtérie Tétanos Poliomyélite), c’est prendre le risque d’une moins bonne couverture vaccinale, par refus à tort de certains patients qui pourraient penser qu’il devient moins important. Pour protéger nos enfants, rendre les vaccins non obligatoires ouvre la porte à des choix et des comportements inadaptés par manque de connaissances précises sur le sujet. Depuis toujours, une minorité de patients et même parfois de professionnels de santé s’opposent à tort à la vaccination, se basant sur la crainte d’effet secondaire grave. A tort, parce qu’aucune étude scientifique sérieuse n’a prouvé de lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme, entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaque ou entre Gardasil et maladies auto-immunes. Il ne faut pas confondre coïncidence épidémiologique et lien de cause à effet. Certaines maladies sont plus fréquentes à des âges concernés par le calendrier vaccinal, sans que cela doive être interprété comme un lien causal. Quant au risque de réaction allergique aiguë post vaccinale, il est extrêmement faible, alors que le risque de développer la maladie en l’absence de vaccination est bien plus important. Plutôt que de craindre les effets des vaccins, pensons plutôt aux effets des maladies qu’ils protègent.
Pour la levée de l'obligation vaccinale
Daniel Floret
Professeur Emérite à l'Université Claude Bernard Lyon 1. Président du Comité Technique des Vaccinations/ Haut Conseil de la Santé PubliqueLes obligations vaccinales pour les enfants, concernent la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ont été introduites respectivement en 1938, 1940 et 1964. L’évolution de l’épidémiologie de ces maladies et de la société justifient un réexamen, d’autant qu’en Europe seules la France et l’Italie ont de telles obligations sans bénéficier de couvertures vaccinales meilleures. L’obligation vise la diphtérie et la polio qui ont disparu de notre pays et le tétanos qui est devenu très rare. Ces résultats ont été obtenus grâce à la vaccination (notamment la pratique de rappels chez l’adulte, pourtant non obligatoires) qu’il convient de poursuivre mais ne permettent pas de justifier un gradient d’importance entre ces vaccins et d’autres, « seulement recommandés » ciblant des maladies beaucoup plus présentes et tout aussi graves (coqueluche, hépatite B, papillomavirus…). Actuellement, ces vaccins sont pourtant vécus comme moins importants que les vaccins obligatoires. Alors que les anglo-saxons ont adopté la clause de conscience permettant de s’exempter de la vaccination pour des motifs médicaux, religieux ou philosophiques, l’obligation vaccinale peut être vécue comme une atteinte aux libertés individuelles et sembler paradoxale au regard de la loi permettant à toute personne de refuser des soins. Les contraintes apparaissent comme un stimulant pour les ligues anti-vaccinales. Les vaccins combinés qui réduisent le nombre d’injections sont un progrès considérable. Les vaccins utilisés chez l’enfant associent les valences obligatoires et non obligatoires, ce qui rend le système peu lisible. Par ailleurs, les familles sont légitimes à ne vouloir que les vaccins obligatoires, ce qui est difficile en l’absence de disponibilité, dans le système habituel, de vaccin ne contenant que ces trois valences. La crainte d’une chute des couvertures vaccinales suite à une levée de l’obligation doit être entendue. Celle-ci n’est pas inéluctable : en Italie, la Vénétie a suspendu l’obligation vaccinale en 2008 et la baisse de la couverture vaccinale observée dans cette région a été très modérée et non différente de celle enregistrée dans les régions qui ont conservé l’obligation. L’objectif est finalement de rendre plus transparente la politique vaccinale, d’affirmer que tous les vaccins inscrits au calendrier vaccinal sont d’importance égale et qu’ils doivent être administrés. Cet objectif devrait être atteint par la persuasion et non par la contrainte.