EPR

Nucléaire : faut-il de nouveaux EPR ?

📋  Le contexte  📋

Le réacteur pressurisé européen ou EPR (initialement European pressurized reactor, renommé Evolutionary power reactor) est un réacteur nucléaire appartenant à la filière des réacteurs à eau pressurisée. Cette filière, la plus répandue dans le monde, repose sur un échange de chaleur entre deux circuits d’eau sous pression : l’un, le circuit primaire, passe au cœur du réacteur, l’autre, le circuit secondaire, fait tourner des turbines à vapeur permettant de produire de l’électricité.

Il s’agit d’un réacteur de forte puissance (~1 600 MWe) conçu dans les années 1990 par la co-entreprise franco-allemande NPI (Nuclear Power International), détenue à parts égales par Framatome SA et Siemens KWU. Depuis 2011, l’EPR est développé par les français EDF et Framatome. L’EPR a été développé avec deux objectifs principaux selon ses promoteurs : améliorer la sécurité et assurer de meilleurs rendements.

Fin 2022, trois EPR sont opérationnels : deux à la centrale nucléaire de Taishan en Chine (Taishan 1 et 2, entrés en service commercial respectivement en 2018 et 2019) et un troisième à la centrale nucléaire d’Olkiluoto en Finlande, activé en mars 2022 et dont la mise en service commerciale est prévue en mars 2023.

Trois autres EPR sont en construction : un en France à la centrale nucléaire de Flamanville et deux au Royaume-Uni à la centrale nucléaire d’Hinkley Point. Huit autres EPR sont en projet : deux à la centrale nucléaire de Sizewell au Royaume-Uni et six à Jaitapur en Inde.

Le projet EPR fait débat car la plupart des chantiers de construction ont subit des retards et des surcouts importants.

Les chantiers de Finlande et de Flamanville ont commencé respectivement en 2005 et 2007. EDF misait sur une durée de construction de 54 mois, soit 4,5 ans. Leurs coûts sont passés de 3 à 11 milliards € pour la Finlande et de 3,5 à plus de 19 milliards € pour Flamanville. En juillet 2020, la Cour des comptes estimait que « La construction de l’EPR de Flamanville est un échec opérationnel aux causes multiples […] qui constitue une dérive considérable, même pour un réacteur « tête de série » »

Les EPR chinois Taishan 1 et 2 ont été mis en service fin 2018 et mis 2019, après neuf ans de construction – soit avec 4 ans de retard sur le planning initial.  L’un d’eux a été arrêté pour maintenance en juillet dernier après un incident ayant entraîné des fuites radioactives sur des gaines métalliques.

Début 2021, EDF a présenté au gouvernement un programme de construction de trois paires de réacteurs EPR optimisés (appelés « EPR 2 »), dont elle estime le coût de construction médian à 51,7 milliards d’euros. Ce réacteur EPR 2 de deuxième génération est un nouveau modèle de réacteur développé par EDF à partir de l’EPR afin de sécuriser les opérations de construction, de maintenance et d’exploitation et de l’adapter aux exigences accrues de sûreté nucléaire.  Développé depuis 2015, il est élaboré pour prendre en compte le retour d’expérience des chantiers EPR en cours, dont celui de Flamanville.

La relance du programme nucléaire français est actée par le Président de la République Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 9 novembre 2021, avec la construction de nouveaux réacteurs, annonce confirmée le 10 février 2022 avec la construction d’ici 2050 de six EPR , prévoyant la mise en service du premier en 2035. Cette décision s’appuie sur des travaux préparatoires dont les conclusions ont été publiées dans un rapport diffusé le 18 février. Une autre étude est également lancée pour la réalisation de huit réacteurs supplémentaires.  Car même avec 14 réacteurs EPR 2  supplémentaires et la prolongation de la durée d’exploitation des réacteurs existants au-delà de 50 ans, la part du nucléaire dans le mix électrique français baissera de 70 % en 2021 à 40 % à l’horizon 2050.

Mais cette décision est loin de faire l’unanimité. En plus du risque nucléaire, beaucoup soulignent les énormes difficultés rencontrées lors de la construction des premiers EPR et défendent des scénarios privilégiant l’accélération des énergies renouvelables et la recherche. Ils rappellent que ces nouveaux EPR ne produiront pas d’électricité avant 2035, voire 2040, alors que le risque de pénurie est déjà présent.

La Commission National du Débat Public (CNDP) a décidé d’organiser un débat public sur un programme proposé par EDF de 6 réacteurs nucléaires de type « EPR2 », dont les deux premiers seraient situés à Penly, en Normandie. Il a lieu en ce moment. Pour connaitre le calendrier du débat et participer en ligne, c’est ici ! 

Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il construire de nouveaux EPR ? On en débat avec Le Drenche !

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