LE DÉCRYPTAGE DE L’ACTU
Chaque semaine, on essaye de comprendre pour vous un sujet qui fait l’actu, mais qui peut paraître un peu ardu…
La grande majorité des voitures utilisées en France utilisent encore de l’essence ou du gasoil (97,7 % en 2020 d’après le Gouvernement), ce qui explique en partie le bazar incroyable provoqué par la pénurie de carburant.
Mais avant de se retrouver (ou pas) dans le réservoir de votre voiture, par quelles étapes vont passer les différents types de carburant ?
La base : le pétrole brut
Vous le saviez déjà : pour fabriquer du carburant, il faut du pétrole. En France, nous n’en possédons presque pas (même si on a des idées) : la production française représente environ 1% de la consommation nationale.
Nous en importons donc la quasi-totalité : du Moyen-Orient (14,7%), d’Algérie (11,6%), du Nigeria (11,4%), ou encore de la Libye (9,9%).
Nous ne nous fournissons pas majoritairement auprès des plus gros producteurs. En effet, ce sont les États-Unis qui sont en tête des pays producteurs en 2021, devant la Russie et l’Arabie saoudite.
Comment on extrait ce pétrole brut ?
Avant d’extraire du pétrole du sol, encore faut-il savoir où le trouver. La première étape du processus est donc de localiser les gisements pétroliers exploitables. Des études sismiques sont menées pour y parvenir. Une fois qu’une poche de pétrole suffisamment rentable pour être exploitée est localisée, une plateforme pétrolière est installée à cet endroit et un puits est foré. Il peut être situé sur terre ou en mer. Dans le trou étroit qui est creusé, on place un tubage d’acier. En surface, un système de vannes est mis en place pour contrôler la pression et les débits.
Une fois cette installation mise en place, il s’agit de récupérer le pétrole. On compte alors deux étapes principales : la récupération primaire et secondaire.
Récupération primaire
Dans un premier temps, on peut assez facilement récupérer le pétrole grâce à une série de phénomènes naturels. En effet, l’eau présente naturellement dans le sol déplace le pétrole vers la base du puits. De même, l’expansion du gaz initialement présent dans le pétrole permet de le faire remonter facilement à la surface.
Le taux de récupération au cours de l’étape de récupération primaire est typiquement de 5 à 15 % du volume total de la poche, mais peut parfois aller jusqu’à 30 %. C’est l’étape “facile”.
Et secondaire
Mais la facilité n’a qu’un temps. Plus le gisement est exploité, moins ces phénomènes naturels de pression souterraine sont actifs. Il faut donc injecter des fluides dans le gisement pour faire remonter le pétrole à la surface. Il peut s’agir d’eau, de gaz naturel, d’air, de dioxyde de carbone, etc. Cette méthode demande plus d’énergie et permet de récupérer moins de pétrole. Elle est donc évidemment moins rentable, plus énergivore, et donc potentiellement plus polluante.
Comment on le transporte jusque chez nous ?
Une fois extrait, le pétrole est acheminé par bateau (aussi appelés tankers) dans l’un des trois terminaux pétroliers de France, situés à Fos-sur-mer, Saint-Nazaire et au Havre.
Le port du Havre est le terminal pétrolier le plus important de France puisqu’il représente 40 % des importations. Il alimente directement par oléoducs les aéroports parisiens, mais aussi 3 des 8 raffineries en France.
Le raffinage du pétrole
Une fois que le pétrole brut est arrivé dans les raffineries, il faut désormais le transformer. On peut en faire beaucoup de choses : de l’essence et du diesel, mais aussi du gaz de pétrole liquéfié (GPL), du fioul pour le chauffage ou du kérosène pour les avions.
Pour cela, le pétrole brut est chauffé et distillé : la différence de température d’ébullition des différents composants évoqués permet de les recueillir séparément. Les produits sont ensuite traités chimiquement pour répondre aux normes en vigueur.
Cela se passe dans les 8 raffineries de France : Gonfreville, Gravenchon, Grandpuits, Donges, Feyzin, Lavera, Fos-sur-mer et Provence. C’est dans la majorité de ces raffineries que la grève a eut lieu.
Et ensuite ?
Ensuite, le carburant prend la direction des 100 dépôts du pays, autre point névralgique du circuit de distribution. Il est transporté par oléoduc, bateau, camion ou train.
Une fois au dépôt, le carburant est acheminé à bord de camions-citernes vers les plus de 10 000 stations-service. Les livraisons de ces camions sont aujourd’hui grandement perturbées dans le contexte de grève. Les conducteurs des camions peuvent avoir à patienter plusieurs heures avant de pouvoir partir avec leur cargaison. De plus, ils doivent répartir le plus équitablement possible leur stock sur les différents points de vente.
En résumé
En résumé, la grève a touché uniquement les toutes dernières étapes du processus de production et d’acheminement du pétrole.
La pénurie que nous connaissons actuellement est due au ralentissement ou au blocage des livraisons, mais également à une consommation accrue. En effet, la perspective d’une pénurie pousse de nombreux consommateurs à stocker davantage, pour éviter de manquer… ce qui accélère et aggrave la pénurie.
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