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ParcourSup : l’orientation se modernise, les résultats attendus.
Régulièrement, depuis des années, le mois de septembre est ponctué par des témoignages de bacheliers déçus et désespérés de ne pas avoir été acceptés dans une formation post-bac. ParcourSup ambitionne de résoudre ce problème. Si la question est de savoir si cette réforme est réussie, il est probablement trop tôt pour se positionner. Cependant, nous pouvons d’ores et déjà s’interroger sur la capacité de ce nouveau dispositif à faire progresser l’orientation scolaire en France.
D’emblée nous pouvons répondre que ParcourSup comporte des avancées notables.
D’abord par l’instauration des « attendus », cette liste à la fois globale et locale de compétences demandées par les formations pour intégrer les parcours. Nous pouvons identifier deux avantages à cette nouveauté. S’il n’est pas question de sélection à l’entrée, cela permettra tout de même d’identifier les besoins de formation d’un étudiant avant son entrée à l’Université par exemple. De plus, il nous semble prépondérant d’apprendre à penser la formation et l’insertion professionnelle sous le prisme des compétences plutôt que des métiers. Dans un contexte où le monde du travail demande une polyvalence croissante et une capacité d’adaptation plus importante, construire un parcours dans une optique d’acquisition de compétences transversales constitue probablement une des avancées les plus notables.
Comme nous l’évoquions plus haut, le progrès se concrétise également par la possibilité des établissements d’accepter une candidature sous condition plutôt que de n’avoir que le choix entre une « oui » ou un «non ». En effet, un étudiant désirant intégrer une formation, mais ne disposant des compétences minimales requises aura ainsi l’opportunité de réaliser une année de mise à niveau plutôt que de s’inscrire dans une formation qu’il abandonnera faute de bagages nécessaires ou d’être refusé froidement. Le risque de se retrouver sans inscription en est donc réduit.
Enfin, les suppressions de l’ordre des vœux et de l’algorithme renforcent le côté progressif de ParcourSup. En effet, en classant leurs vœux, les bacheliers étaient amenés à adopter une stratégie. Cette situation créait une inégalité de fait où les élèves les mieux informés avaient alors la possibilité d’avoir une approche plus efficace que les autres. En associant toutes ces évolutions à la suppression de l’algorithme, nous retrouvons donc un dispositif plus humain où les établissements étudieront toutes les candidatures, en tenant compte des compétences, des expériences et de la motivation d’un candidat.
Ainsi, si nous pouvons reconnaître que ParcourSup est véritable progrès pour l’orientation en France, ses résultats devront être analysés finement dans la mesure où des incertitudes persistent, notamment sur la capacité des universités à étudier chaque candidature et à diffuser une liste d’attendus pertinente et contextualisée. L’efficacité d’une mesure telle que la capacité donnée aux professeurs de préjuger d’une demande devra également être démontrée et défendue.
Pour conclure, nous dirons que si la volonté doit être louée, il est primordial de rester vigilants et bienveillants.
Vous ?
Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu trouver de seconde personne légitime, compétente, et partante pour défendre ce point de vue.
Si cela vous tente, n’hésitez pas à nous contacter !
Une volonté de Jupiter pour un monde ancien et inégalitaire !
Depuis le scandale de la plateforme Admission Post-Bac et les lycéens laissés sans affectation, nous savions que le gouvernement aurait recours à la sélection dès cette année pour exclure une partie des élèves considérés comme indésirables sur les bancs de l’Université.
Cette sélection s’inscrit dans un vaste plan de libéralisation de l’éducation en France (réforme du bac, loi Vidal, réforme du lycée professionnel…) et qui pose le problème d’égalité des chances dans notre pays.
La plateforme déployée en catimini n’a laissé que très peu de temps aux professeurs, aux administrations mais également aux parents d’élèves pour se former à la nébuleuse Parcoursup.
Beaucoup de difficultés d’utilisation nous ont été remontées. Certains élèves n’ont par exemple pas pu trouver leurs licences sur la base de données et les professeurs n’ont pas été en mesure de les aider.
Les nouveaux critères d’inscription n’ont pas été pris en compte dans le nouvel agenda, ce qui a pour conséquence de prendre beaucoup de temps aux lycéens (entre la période de janvier et avril, certains ont parfois dû renseigner la plateforme quotidiennement). Cela est très préjudiciable dans leur préparation au bac ou dans leurs devoirs personnels.
Tout cela aurait pu être évité si le Gouvernement n’avait pas voulu faire une réforme dans la précipitation, pensant que nous n’aurions pas le temps de nous mobiliser face à cette réforme injuste.
En effet, la nouvelle plateforme Parcoursup abrite un algorithme qui va faire le tri entre les lycéens selon plusieurs critères discriminatoires. Par exemple, la nouvelle plateforme privilégie les choix universitaires dans son académie d’origine, si bien quelques lycéens de banlieue ou des zones rurales seront défavorisés par rapport aux lycéens déjà inscrits dans les Universités les plus demandées, à l’image des Universités situées Paris intra-muros. Cela va à l’encontre de la mixité que doit créer l’éducation.
Ensuite, nous savons que l’algorithme va classer les lycéens en fonction de leurs notes, faisant de l’université un marché de l’offre et de la demande.
Le nombre de places étant limité et le gouvernement ne comptant pas casser cette situation de pénurie dans trop de filières, les lycéens qui ont les notes les plus hautes vont saturer le peu de places disponibles en Université dans les filières les plus demandées, fermant l’Université aux autres élèves, y compris à ceux qui ont des notes très acceptables.
Enfin, Parcoursup ne règle absolument pas le problème de places dans les universités. Nous pouvons donc nous attendre aux mêmes problèmes déjà rencontrés en fin d’année dernière. De fait, ce que cherche à créer le gouvernement, c’est l’orientation universitaire en fonction de sa classe sociale, ce que renforce la logique des «pré-requis» qui fermera la porte à plein de filières générales à celles et ceux qui viennent de bac pro ou techno, c’est-à-dire celles et ceux issus souvent des classes populaires.
La solution est pourtant simple : adapter le nombre de places à la demande permettrait de satisfaire tout le monde ! Aucun argument ne peut justifier la privation de l’accès au savoir et à l’information ! Nous appelons la jeunesse à continuer à se mobiliser contre la loi Vidal et à faire valoir notre droit à aller librement à l’Université !
Une réforme hypocrite
Depuis plusieurs années maintenant, les politiques éducationnelles menées par les différents gouvernements successifs n’ont pas eu pour objectif de créer des places supplémentaires dans les universités du pays.
En effet, vers l’an 2000, la France a connu un nombre important de naissances, laissant présager une augmentation exponentielle du nombre d’étudiants. Malheureusement, les budgets alloués par l’Etat ont stagné et les dépenses de l’Enseignement Supérieur par
étudiant ont même baissé.
Pour ne pas s’engager dans des hausses de moyens, le gouvernement fait le choix d’instaurer des critères subjectifs qui permettent aux universités de sélectionner les lycéens avec les attendus locaux et particulièrement discriminants vis-à-vis des lycéens issus des classes populaires.
Pour être admis dans une université publique, plusieurs critères entrent désormais en compte les lycéens doivent, par exemple, envoyer un C.V., qui à 17 ou 18 ans, n’a que peu de chances d’être fourni.
L’hypocrisie de la réforme, qui finalement enrichit encore un peu plus les “spécialistes de l’orientation” de sociétés privées, accentue l’écart entre les lycéens des familles modestes, qui n’ont pas les moyens de se payer un conseiller qui coûte plusieurs centaines d’euros
pour un C.V. et une lettre de motivation par exemple.
L’argument qui consiste à faire croire que le taux d’échecs à l’université est si fort que nous n’avons d’autres choix que d’appliquer cette sélection est faux. Le taux d’échec entre la première année de licence jusqu’à l’accession au diplôme ne prend pas en compte les réorientations des étudiants.
A chaque échec, c’est l’éducation et la société toute entière qui est mise en échec, le bon sens ne voudrait-il pas que l’on se demande si les méthodes pédagogiques actuelles sont adaptées ? Ou si le salariat étudiant et la précarité grandissante de la Jeunesse en est en parti responsable.
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