Chaque mois, pour chaque numéro, deux étudiants en partenariat avec Révolte-toi Sorbonne et Révolte-toi Espol débattent d’une question plus ou moins fondamentale… Le but est de réaliser un exercice d’éloquence et de débat par écrit. Nous les publions maintenant en ligne !
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Gilles n'incarne aucune des couleurs : il en est la bigarrure
Alice Delamarre
Etudiante et membre de Révolte-toi SorbonneGilles est un jeune homme ordinaire, vivant avec le SMIC en banlieue.
Gilles essaie de se nourrir sainement en achetant quelques produits bios.
Mais, Gilles est fumeur et ne se soucie pas de jeter ses mégots par terre. Il ne comprend pas l’intérêt de la taxe carbone. Aussi, Gilles n’est pas vraiment écologiste, il n’est pas vert.
Gilles est professeur d’Histoire dans un collège où il se rend en voiture. Admiratif de la Restauration en France et de la politique de Louis Philippe,
Gilles demeure cependant un républicain convaincu. Les valeurs démocratiques sont essentielles pour lui. Aussi, Gilles n’est pas vraiment royaliste, il n’est pas blanc.
Gilles possède une fibre sociale mais il n’est pas pour la lutte des classes. Il ne souhaite d’ailleurs pas leur abolition. Aussi, Gilles n’est pas vraiment communiste, il n’est pas rouge.
Gilles est partisan de plus d’équité et prône une plus grande égalité entre les salaires. Mais Gilles demeure un libéral sur le plan économique. Aussi, Gilles n’est pas vraiment socialiste, il n’est pas rose.
Gilles pense qu’il faudrait transformer la société en la réformant. Il souhaite ardemment un renouvellement de la classe politique. Mais Gilles est un défenseur des institutions et justifie les règles nécessaires au vivre ensemble. Aussi, Gilles n’est pas vraiment anarchiste, il n’est pas noir.
Gilles pense que l’on ne peut accueillir toute la misère du monde, car il y a déjà trop de chômeurs et de SDF dont il faudrait s’occuper. Mais Gilles est favorable au mariage pour tous. Aussi, Gilles n’est pas vraiment d’extrême droite, il n’est pas brun.
Alors, si Gilles n’est ni vraiment écologiste, royaliste, communiste, socialiste, anarchiste ou d’extrême droite, Gilles n’est pas vraiment vert, blanc, rouge, rose, noir ou brun. Mais, si Gilles n’incarne aucune de ces couleurs exclusivement, il en est la bigarrure. Alors Gilles est jaune, et prendra sa voiture pour aller manifester à Paris samedi prochain.
La rage qui le consume l'emporte : Gilles n'est plus jaune
Arthur Corman
Responsable de l’association Révolte-toi ESPOLGilles est un excédé. Excédé par cette division de la société en deux classes : les jaunes, couleur de l’excellence, de la richesse, de l’or, soit l’élite de la société et les marrons, quant à eux, représentant la crasse, les rats, la peste qui sévit dans nos rues.
Gilles, jeune homme lambda ayant grandi dans un milieu jaune et ayant été élevé avec des idéaux bleu marine, est connu dans son établissement comme étant un fils de bourgeois accompli qui se torche avec du papier vert. Pourtant un jour, à la surprise générale, notre bon Gilles fut aperçu dans une énième manifestation de marrons au sang rouge ; quel scandale !
Car Gilles est devenu un mec issu de la classe moyenne. C’est un français moyen, un moyen français. Un français qui passe inaperçu, que même la caisse d’alloc ne voit pas. Gilles fait des kms et des kms en bagnole tous les jours pour se rendre chez ses clients. Alors quand les prix du carburant ont augmenté, Gilles a enfilé son gilet jaune. Il est allé manifester dans la métropole, il est allé manifester sur les Champs.
La déferlante marron est dans la rue. Elle se déverse sur les avenues parisiennes, les autoroutes, et les ronds-points, dans les lycées, les usines et les chemins de fer. Se propageant dans les campagnes et les villes et villages français, la vague est inévitable. Perverti par les idéaux de ces soi-disant normaux qui caquettent toutes sortes de jacasseries, dans un bruit de cacophonie qui n’a que pour seul résultat de causer du mépris.
Mais bientôt Gilles devient violent, il brûle des voitures, casse des barrières, tabasse des forces de l’ordre. En fin de compte, le marron brillant que Gilles portait fièrement, n’est-il pas gangréné par ces idées saugrenues tout droit venues du cerveau d’un malotru ?
La rage qui le consume l’emporte, il tourne au vert, vert de rage, vert de crasse, et emporter par les discours des extrêmes, vert de gris. Gilles n’est plus jaune.
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