Faut-il couper la tête du présidentialisme ? Carte blanche de Carlos Flinnroï

humour

Carte blanche

Chaque mois, nous laissons la parole à un humoriste qui nous apporte un regard décalé sur l’actualité et/ou les sujets débattus dans l’édition papier.

Couverture du numéro 42 - Janvier 2022

Carte blanche rédigée par Carlos Flinnroï dans l’édition 45 d’Avril 2022


En ces temps d’élection présidentielle, la relecture de notre constitution me confirme le pouvoir considérable donné à l’exécutif, plus encore lorsque l’Assemblée lui est acquise. Cette super-présidence me fait penser roi, qui me fait penser Arthur, qui me fait penser Kaamelott, qui me fait penser Alexandre Astier. Ce dernier affirmait en interview sa préférence pour les œuvres d’un auteur unique, plus personnelles, leurs qualités, mais aussi leurs défauts, y sont moins dilués que dans une création collective. Mais cette direction artistique intéressante l’est-elle autant en politique ?

Nous autres hexagonaux avons la réputation de ne pas lésiner sur l’aiguisoir lorsqu’il s’agit de séparer une caboche de son tronc. Robespierre, précurseur du fordisme, créa les premières lignes de désassemblage de nobles, poussant plus loin le goût des français pour la Fatality sur tête couronnée.

C’est dans notre nature. Michel, ce collègue avec qui vous partagiez d’agréables pause-café, fera invariablement l’objet de vos quolibets dès qu’il sera devenu votre N+1. Ainsi, lorsqu’une seule personne exerce l’autorité d’un N+1000 sur notre belle nation, forcément, nous affûtons à l’unisson nos fils à couper l’oligarque.

Einstein disait dans une citation Facebook l’année dernière : « Il n’y a que deux choses qui soient infinies. L’univers et la connerie humaine. Et pour l’univers, je suis pas sûr de ouf ». Ce qui pose une question délicate : préfère-t-on vivre sous le joug de la connerie d’un seul homme ? Ou sous celle cumulée de plusieurs ?

D’un point de vue purement mathématique : l’infini plus l’infini, ça fait toujours l’infini (mais en un peu plus grand).

Sommes-nous prêts à échanger la praticité de s’opposer à un seul N+1000 clairement identifié contre le casse-tête d’une hydre d’une centaine de N+10 ? La confusion est par ailleurs décuplée par cette citation de Michel, alors qu’il me tendait un cappuccino douteux au prix prohibitif d’1€80 : « De toutes façons, les politiques, tous les mêmes ». A ce compte-là, pourquoi les multiplier s’il suffit d’un seul pour tous les représenter ?

Ah. Pour tous NOUS représenter, c’est cela, le nœud du problème. Tous équitablement représentés, une vision fort noble… contrastée par les barrages que notre castoricisme érige tous les cinq ans à la confluence de courants de pensée divergents. Le présidentialisme, c’est un peu comme le muay thaï : c’est bien plus sympa tant qu’on gagne.

L’idéal serait de dénicher un leader universel, capable de rassembler autour de lui, et qui mette tout le monde d’accord. « Impossible ! », me direz-vous ? Je lis souvent la presse de Pyongyang, Saõ Paulo et Saint-Pétersbourg. Pari présidentialiste réussi : dans leurs sondages, 100% de la population locale approuve messieurs Kim, Bolsonaro et Poutine.

Et puis l’avantage, quand il y a une seule tête, c’est que c’est tout de même plus simple à remplacer.


Ça vous a plu ?

Retrouvez le professeur Carlos Flinnroï en one-man show  :

5 mai 2022

Au QG Comedy Club de Grenoble

6 mai 2022

En improvisation avec la troupe «Les Belles Personnes» à l’Athénéum de Dijon

21 mai 2022

Au Darcy Comédie de Dijon

27-28 mai 2022

À l’imprimerie de Rive-de-Gier

29 mai 2022

Au Dimanches du Rire de La Feria de Lyon

5 juin 2022

À la Salle Brassens avec La Banane de Dijon à Saint-Rémy

25 juin 2022

Au Spotlight à Lille

Découvrez le teasing de son spectacle

Et ses zappings de sketchs sur la chaîne Studio Ubu

 

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