📋 Le contexte 📋
Le mot média vient du latin medium et signifie le milieu, le lien. Les médias sont ainsi des moyens de diffusion, de distribution et de communication. Ils jouent le rôle d’intermédiaire, leur mission principale étant de transmettre les informations auprès d’un public large. Toutefois, les médias peuvent occuper d’autres fonctions (détente, loisirs, instruction…).
Ils se déclinent en cinq supports : les messages écrits (presse, édition, publicité…), la radiodiffusion, la télédiffusion, la projection cinématographique (film, documentaires…) et Internet.
Comme toute industrie, les médias ne sont pas épargnés par la crise. Les recettes publicitaires chutent, le numérique est préféré au papier, le travail des journalistes est complexifié avec les mesures sanitaires prises…
Pourtant, en ces temps incertains, les médias continuent de transmettre les informations aux populations. Fran Unsworth (la directrice de l’information du média public britannique) souligne leur importance pendant cette période : « Dans le cadre d’une urgence sanitaire publique, une information fiable et exacte est vitale ».
Source : Le Figaro
Face aux inquiétudes des populations et à la nécessité d’offrir des informations fiables, les médias ont dû revoir leur programme de publication. Radio France, par exemple, a privilégié ses canaux d’information en continu (comme Franceinfo) et des émissions interactives.
Le Covid-19 est ainsi rapidement devenu un sujet massivement relayé par les médias. Dans une étude de l’Ina, on apprend que depuis le début du confinement, les canaux d’information en continu et l’AFP atteignent les 80% de contenus publiés liés au covid-19.
🕵 Le débat des experts 🕵
De nombreuses hypothèses ont été émises concernant le paradoxe suivant : bien qu’ayant à notre disposition de plus en plus d’outils favorisant les échanges, nous évoquons cependant de plus en plus de problèmes de communication. En moins d’un siècle, nous sommes passés schématiquement d’une vie en groupe dans une même unité de lieu où presque tous les comportements et les modes de pensées étaient définis, à une existence individuelle face à des médias déversant un flot continu d’informations, existence dans laquelle chacun doit construire ses propres concepts relationnels.
La pandémie Covid-19 monopolise l’attention du grand public depuis maintenant plusieurs semaines. Une quantité phénoménale de déclarations, d’images et d’analyses circule un peu partout. Cette surabondance d’informations pousse certains médias à vouloir se démarquer pour augmenter leur auditoire, quitte à tomber dans le sensationnalisme.
Un tsunami d’actualités déferle, sans que l’on puisse prendre le recul nécessaire pour en faire l’analyse.
Il est d’ailleurs légitime de se poser la question de savoir si toutes ces données, qui finalement jouent sur le registre émotionnel, ne contribuent pas à amplifier l’anxiété qui se répand dans la population.
Des images de services hospitaliers qui débordent, de pharmacies et de supermarchés pris d’assaut, de malades mis en quarantaine ou placés en réanimation sont diffusées en boucle et contribuent largement à alimenter le sentiment de panique. Sans compter les nombreuses rumeurs et autres théories du complot relayées par de nombreux « spécialistes » qui sévissent sur les réseaux sociaux.
La dynamique cognitive à l’origine des processus de réflexion et de décision se retrouve alors perturbée par une dynamique émotionnelle non constructive à l’origine de stress et de perte de sens.
Trop d’informations conduit à la désinformation !
Et cela est d’autant plus vrai quand on a affaire à bon nombre d’inconnues et d’incertitudes, comme c’est le cas avec le Covid-19.
L’objectif est sans doute de revenir à une communication adaptée et efficace, qui se doit de respecter 10 principes de base :
- Poursuivre un but clair ;
- Être et rester dans le positif ;
- Établir et maintenir le rapport avec les faits ;
- Éviter toute précipitation ;
- Rester centré sur le sujet au lieu d’être absorbé par ses émotions ;
- Éviter de croire que les autres pensent comme nous ou savent ce que nous savons ;
- Faire la différence entre les faits et les interprétations ;
- Vérifier plutôt que supposer ;
- Vérifier que l’interlocuteur suit ou qu’il est d’accord ;
- Changer de stratégie lorsque ce que nous sommes en train de faire ne marche pas.
Comme souvent en période de crise, la presse joue aujourd’hui le rôle de bouc émissaire idéal. Ainsi, après avoir reproché aux journalistes de sous-estimer la gravité du virus, une partie de l’opinion publique souhaiterait aujourd’hui qu’ils lui accordent moins d’importance.
Certaines des critiques dont les médias sont l’objet sont bien sûr légitimes : on peut s’interroger en particulier sur la place tenue, sur les plateaux de télévision, par des éditorialistes soudain devenus virologues. Mais réduire le traitement journalistique de cette crise aux dérives de quelques commentateurs serait particulièrement injuste.
La presse a réussi en effet, dans un contexte particulièrement difficile, à remplir toutes les missions qui pouvaient être exigées d’elle.
Elle a d’abord joué le rôle pédagogique qui doit être le sien en pareil cas, en rappelant inlassablement à la population les dangers de ce virus ou la nécessité de respecter les gestes barrières. Les journalistes ont aussi répondu à l’attente de l’opinion publique en remplissant, plus que jamais, la fonction de médiation qui est traditionnellement celle de la presse. De nombreux quotidiens ont ainsi offert des masques à leurs lecteurs, d’autres ont publié des messages de soutien à destination des soignants, et les radios ont ouvert leurs antennes à des auditeurs abandonnés à leur solitude.
Il serait dramatique que la presse abandonne aujourd’hui ce rôle, alors que le virus continue à circuler sur le territoire.
Il serait plus grave encore qu’elle renonce à assumer la fonction critique qu’elle a parfaitement remplie jusque-là. Car c’est sans doute l’une des rares bonnes nouvelles d’une période qui en a apporté si peu : malgré les pressions dont elle a été l’objet au nom de l’unité nationale, la presse ne s’est pas contentée de relayer le discours officiel sans le questionner. Elle s’est même efforcée, très tôt, d’enquêter sur les erreurs commises par le pouvoir politique et sur les zones d’ombre de sa communication. Mediapart (le 2 avril), Libération (le 27 avril) et Le Monde (du 2 au 7 mai) ont par exemple mis en évidence l’impréparation du gouvernement et le mensonge d’État qui a entouré la question des masques.
Avec le déconfinement, il est logique qu’une partie de la population ait envie de détourner les yeux d’une actualité aussi anxiogène. Mais la menace représentée par le covid-19 n’a pas disparu, et le rôle de la presse n’est pas d’épouser l’air du temps : il est de dire la vérité, même lorsque ces informations gênent le pouvoir ou ne conviennent plus à une opinion publique exténuée.