RADIOACTIF
Le Drenche et l’Andra vous proposent de découvrir un résumé des épisodes du podcast Radio Actif et de sa série Demain dans 1 000 ans, la série qui explore la mémoire sous tous les angles !
Dangereux pour l’Homme et l’environnement, les déchets radioactifs doivent être isolés dans des installations spécifiques le temps qu’ils présentent des risques. Mais lorsqu’il est question de durées allant de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers d’années, la mémoire revêt un enjeu particulier et doit être préservée et transmise dès aujourd’hui… et pour demain. L’Andra déploie donc un vaste programme pour informer nos descendants. Cette série de podcast en fait partie ! Dans ce premier épisode, nous nous penchons sur les analogues mémoriels. Ce sont des sites industriels historiques qui présentent des similarités avec les sites de stockage de déchets radioactifs, notamment Cigéo, le projet français de centre de stockage des déchets les plus dangereux. Découvrons ensemble deux analogues mémoriels de Cigéo.
Le canal du midi
Frédéric Ogé, chercheur retraité du CNRS qui a étudié le canal dans une étude en collaboration avec l’Andra
nous raconte : “Mais pourquoi s’intéresser au canal du Midi ? Parce que c’est un ouvrage de génie civil qui a une longue histoire et dont la mémoire a été entretenue depuis sa création, j’appréhende le site de Cigéo comme un ouvrage qui aura aussi une longue histoire et des enjeux de mémoire similaires.”
Frédéric Ogé nous explique ensuite que le canal du Midi est un ouvrage de 240 kilomètres en action depuis 1671. Il était intéressant de savoir comment il fonctionne depuis si longtemps, comment la mémoire se transmet entre les personnes qui y travaillent et y habitent, comment sont gérés les différents risques et s’il peut servir de modèle pour Cigéo.
On peut en tirer divers enseignements : d’abord qu’il fallait remettre en question la manière de gérer les projets, avec une vision court terme, symbolisée par l’appel à la sous-traitance. Il faut raisonner sur la longue durée, créer du lien sur le temps long en ré-instaurant le compagnonnage et favoriser une forme d’attachement à l’entreprise. Il est nécessaire que les personnels se sentent impliqués dans cette opération.
Un deuxième enseignement concerne l’archivage, qui permet de faire perdurer le savoir. Nous avons toutes les archives du canal, de sa création à nos
jours. Cela a été possible car les documents exis- taient en double ou en triple ! Ça démontre qu’il faut impérativement avoir plusieurs exemplaires des mêmes documents.
Il faut également penser à la mémoire collective, celle du grand public, et l’importance de l’appropriation de l’installation par la population. Le projet Cigéo ne doit pas être un territoire du vide, au contraire, il faut remplir ce territoire, susciter de l’intérêt grâce à l’emploi. C’est ainsi que la mémoire va perdurer sur l’ensemble du territoire concerné par Cigéo.
Les mines de charbon du Nord de la France
C’est un ouvrage de génie civil souterrain dont l’activité s’est arrêtée il y a 30 ans, avant d’entrer en phase de transition et de surveillance. Nous en parlons avec Gilles Briand, qui travaille à la Mission bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
“La découverte du charbon et son exploitation indus- trielle à partir de la moitié du 19e siècle a profondément modifié le territoire. À la fin de l’exploitation, une question s’est posée : que fait-on de tout ça ?” D’abord il a fallu fermer les mines, qui sont avant tout des infrastructures souterraines. 100 000 kilomètres de galeries souterraines ont été creusées. C’est à peu près 2,5 fois le tour de la Terre. Cette exploitation importante du sous-sol a eu des
répercussions : circulation du méthane dans les anciennes galeries, remise en combustion de certains terrils, risques d’inondations liés aux affaissements de terrain, etc.
La question du patrimoine industriel se pose aussi. Certains pensaient que pour passer à autre chose,
il fallait tout raser alors que quelques pionniers, at- tachés à la mémoire de ces générations de mineurs, pensaient qu’il y avait une reconversion à imaginer. Sur la base d’un riche inventaire du patrimoine minier du début des années 2000, les mines du Nord-Pas-De-Calais ont été inscrites en juillet 2012 au patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la catégorie des paysages culturels évolutifs vivants. Le travail mené depuis ce classement vise à redynamiser le territoire. Le patrimoine industriel devient un élément d’attractivité plutôt qu’un repoussoir. Les terrils sont des endroits qui symbolisent cette dynamique de reconversion avec notamment une recolonisation par la faune et la flore. Mais également une reconversion de loisir : ce sont des endroits où on a du dénivelé et où on peut faire du ski, du trail ou de la marche nordique. Les anciennes voies ferrées qui permettaient de transporter le charbon ont aussi permis de mettre en place des voies pour mobilités douces. Ce patrimoine industriel est devenu un attrait touristique et un atout pour la région et ses habitants.
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