L’archéologie à la recherche du temps

demain dans 1000 ans

RADIOACTIF

Le Drenche et l’Andra vous proposent de découvrir un résumé des épisodes du podcast Radio Actif et de sa série Demain dans 1 000 ans, la série qui explore la mémoire sous tous les angles !

Dangereux pour l’Homme et l’environnement, les déchets radioactifs doivent être isolés dans des installations spécifiques le temps qu’ils présentent des risques. Mais lorsqu’il est q

Dangereux pour l’Homme et l’environnement, les déchets radioactifs doivent être isolés dans des installations spécifiques le temps qu’ils présentent des risques. Mais lorsqu’il est question de quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers d’années, la mémoire doit être préservée et transmise dès aujourd’hui… et pour demain. L’Andra déploie donc un vaste programme pour informer nos descendants. Cette série de podcasts en fait partie ! Dans le cinquième épisode, on s’intéresse à l’archéologie. 

Les archéologues qui fouillent le passé peuvent-ils nous éclairer sur le présent et sur l’avenir ?  Pour répondre à cette question, nous sommes allés à la rencontre de Gloria Fernandez, archéologue, et Vincent Ollive, géoarchéologue. 

C’EST QUOI L’ARCHÉOLOGIE ?

Pour l’archéologue Gloria Fernandez, «L’archéologie est une discipline scientifique. Elle permet de connaître le passé de l’Homme à partir des vestiges matériels. C’est une discipline ancienne. Retracer une situation passée grâce aux vestiges préoccupait déjà les Grecs et les Romains. Contrairement à l’Histoire qui a besoin de textes, l’archéologie peut s’occuper de toute la période où il n’y a pas eu d’écritures. On peut également faire de l’archéologie quand il y a de l’écriture, elle apportera des connaissances différentes des textes écrits.» 

DE L’IMPORTANCE DES DÉCHETS

On dit souvent que les archéologues ont la tête dans les déchets. Est-ce vrai ? «En effet, tout ce qu’on jette est une source d’information importante. Cela permet de savoir ce que consommaient les Hommes et comment ils géraient les déchets. On voit qu’il y a des changements importants dès que l’Homme devient sédentaire, à partir du néolithique.» 

Quels enseignements peut-on tirer de ces anciennes civilisations ? Comment ces sociétés transmettaient leur mémoire collective ?  «Des efforts ont été faits depuis longtemps pour conserver la mémoire. Ils reposaient surtout sur la tradition orale : chants, poèmes, récits. Avant l’écriture, on transmettait la mémoire avec la matière. Je pense aux monuments. 

Le mot «Monument», du latin monere, veut dire «avertir» ou «rappeler». Ils suscitent une émotion au sein de cette communauté et préservent la mémoire. Ils sont faits de matériaux non périssables comme la pierre, la matière qui perdure le plus. Il y aussi des exemples contraires. Dans la culture japonaise, on construisait les monuments ou les sanctuaires dans des matériaux périssables, notamment en bois. Pour les maintenir générations après générations, ils faisaient des constructions rituelles. Il y avait des cycles, et à la fin de chacun, la communauté reconstruisait ces monuments.»

LA MÉMOIRE DES PAYSAGES

Vincent Ollive travaille dans l’archéologie du paysage, un domaine de recherche qui lie l’archéologie à d’autres sciences de la terre. «Nous nous appuyons sur des résultats scientifiques apportés par l’archéologie, la géomorphologie et par la géoarchéologie. Ces disciplines abordent les problématiques de paysage au cours de différentes échelles de temps, allant de plusieurs millions d’années à quelques millénaires. La géomorphologie, c’est l’étude et l’analyse des paysages. On s’intéresse à l’évolution des reliefs au cours du temps en tenant compte de l’action de l’homme sur leurs formes. La géoarchéologie s’intéresse aux interactions entre l’environnement et l’occupation humaine.»

LE PASSAGE HUMAIN A-T-IL UN IMPACT DURABLE SUR LE PAYSAGE ?

Sait-on ce qui restera de Cigéo, le projet de stockage géologique pour les déchets les plus radioactifs ? 

«On a établi un référentiel pour évaluer le taux de préservation selon le type de vestige laissé par l’action de l’homme. Pour Cigéo, les bâtiments en surface disparaîtront probablement. D’après les scénarios climatiques qui ont été modélisés, il y aura une érosion verticale du plateau importante. On aura jusqu’à 50 mètres d’ablation sur les 500 000 prochaines années si notre scénario climatique est orienté vers un climat méditerranéen. Cela permet d’anticiper une non-préservation des vestiges, sauf pour les puits et les descenderies, car étant en profondeur, ces structures seront préservées à long terme. Pour marquer le site Cigéo pour les archéologues du futur, nous avons proposé de combler ces puits et ces descenderies avec des marqueurs artificiels afin de semer des indices pour les sociétés du futur. Dans la réflexion sur la mémoire des sites de stockage dans le monde, des solutions reposent sur la création d’un monument ou d’un marquage en surface. Or, tous nos résultats nous permettent d’affirmer qu’il n’y aura aucune mémoire à long terme sur un dispositif en surface.»

COMMENT SAVOIR QUEL MARQUEUR LAISSER ?

Si rien en surface ne survit à l’érosion, il faut enterrer les marqueurs de notre présence pour qu’ils réapparaissent au fil des modifications du paysage. 

«Une partie de notre travail s’est focalisée sur la nature des marqueurs. Ils peuvent être des objets naturels qui ne sont pas présents dans la région du site de Cigéo, ou des objets fabriqués par l’Homme, résistants à l’abrasion, comme le verre ou le graphène. Ces matériaux issus de technologies du 21ᵉ siècle porteraient en eux une datation, information précieuse pour les générations futures.»

L’archéologie n’en n’a pas fini de nous amener des éléments de réflexion à différentes échelles temporelles pour la gestion de la mémoire collective !

 

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