📋 Le contexte 📋
Le 15 août 2021, les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan, vingt ans après le renversement de leur régime. Leur entrée dans Kaboul, la capitale du pays, conduit le président afghan, Ashraf Ghani, à fuir. Lors de leur arrivée au pouvoir en 1996, les talibans avaient basé leur gouvernement sur une version stricte de la charia (loi islamique qui codifie les droits et devoirs des musulmans), faisant disparaître les femmes de l’espace public et interdisant la musique, la télévision ou la photographie. L’Afghanistan craint alors pour ses droits, sa culture et son économie. Sans l’aide de l’international, le pays pourrait se retrouver plongé dans une crise économique. En effet, les revenus des talibans proviennent principalement d’activités criminelles et sont insuffisants pour subvenir aux besoins de la population. Face à cette situation, les Afghans tentent de fuir.
Sources : FranceInfo, 20 Minutes
Les talibans sont des combattants politiques au pouvoir dans le pays de 1996 à 2001. Après le 11 septembre 2001, le président Bush accuse les talibans de protéger et cacher les leaders d’Al-Qaïda en Afghanistan. Devant leur refus de livrer les terroristes, les troupes américaines envahissent le pays et le gouvernement taliban est chassé. En avril 2021, Joe Biden annonce que les troupes américaines se retireront d’ici le 11 septembre 2021. Cette initiative avait été négociée par Donald Trump en 2020, en échange de l’engagement des talibans à lutter contre le terrorisme. En août 2021, les talibans reprennent le pouvoir et s’installent dans le palais présidentiel de Kaboul, la capitale du pays. Dans la nuit du 30 au 31 août 2021, les forces américaines quittent définitivement l’Afghanistan. Le 7 septembre 2021, les talibans présentent leur programme politique, dont l’objectif principal sera d’appliquer la charia.
Sources : FranceInfo, 20Minutes
Depuis la prise de Kaboul par les talibans, l’Europe craint une arrivée massive de réfugiés. En effet, les pays redoutent une nouvelle vague de migrants, semblable à celle de 2015, lorsque la guerre civile en Syrie avait entraîné une crise migratoire de plus d’un million de réfugiés vers l’UE. En France, les Afghans sont les premiers demandeurs d’asile, on recense environ 2 600 personnes évacuées vers la France depuis le 14 août 2021. Certains chefs d’États européens plaident pour une prise en charge des réfugiés dans le voisinage de l’Afghanistan, en Iran et au Pakistan, qui ont déjà accueilli près de 90 % des réfugiés afghans. Pour l’instant, l’Organisation des Nations Unies annonce un demi-million de réfugiés afghans en 2021, concernant surtout les pays avoisinants. Alors, doit-on accueillir les réfugiés afghans ? On débat aujourd’hui le pour et le contre !
Sources : Le Monde, France Bleu
🕵 Le débat des experts 🕵
Nous avons tous vu les images récentes d’Afghans essayant de fuir leur pays par n’importe quel moyen, afin d’échapper aux probables violations de leurs droits. La situation de crise humanitaire et d’atteinte aux droits humains dans laquelle est plongé l’Afghanistan depuis de nombreuses années, risque davantage encore de s’aggraver, particulièrement pour les femmes et filles afghanes. Des milliers de familles, qui ne voulaient pas quitter leur foyer, se retrouvent aujourd’hui contraintes de « choisir » entre renoncer à leur vie d’une part, et l’insécurité la plus extrême de l’autre. Mais s’agit-il réellement d’un choix ? Nous, Français et Européens, avons le choix de la protection de la vie des plus démunis. La France et l’Union européenne ont la capacité d’accueillir plus de réfugiés afghans. Nous devrions refuser d’utiliser le mot « crise migratoire », ou « flux migratoires illicites » pour parler de familles en fuite et en danger de mort.
“L’intégration n’est ni immédiate ni facile, mais les histoires de rencontres positives entre réfugiés et Français se multiplient”
La communauté déplacée afghane était déjà nombreuse : 3,5 millions de déplacés et 2,6 millions de réfugiés dans le monde. Malheureusement, l’accueil de ces réfugiés n’est pas pris en charge de façon égale par tous les pays : l’Iran et le Pakistan accueillent à eux deux 2,2 millions d’entre eux, soit 84% des réfugiés afghans. La France en accueille environ 40 mille, et l’Europe collectivement ne reçoit que 13% de tous les réfugiés afghans. Ce qu’on observe pour l’Afghanistan est aussi vrai pour les autres pays en crise : 84% des réfugiés, toutes nationalités confondues, sont accueillis dans des pays en développement, et à 73% dans les pays limitrophes. Il est clair que les pays les plus riches ne prennent pas leur part de responsabilité. Et ce alors qu’il n’y a pas eu « d’afflux » de réfugiés en dehors de l’année 2015. Les arrivées de réfugiés et de migrants sont constantes en France et en Europe depuis des décennies, avec un solde migratoire de 160 mille à 190 mille nouveaux migrants par an en France depuis 2006. La population étrangère vivant en France, elle aussi, est stable (6,5 % en 1975, 7,6 % en 2020) et à 36% composée de ressortissants européens. Certes, accueillir des milliers de personnes n’est pas toujours simple et demande des efforts partagés. L’intégration n’est ni immédiate ni facile, mais les histoires de rencontres positives entre réfugiés et Français se multiplient : des mineurs isolés qui sont devenus apprentis boulanger, des réfugiés syriens médecins qui se sont portés volontaires dans la réponse au covid-19. C’est d’ailleurs dans les territoires que beaucoup se joue : 11 métropoles se sont volontairement inscrites dans la liste des « territoires d’intégration » en 2019, contre 18 en 2021. C’est à ce niveau local aussi que le travail sur des questions éducatives et de logement, et le renforcement des liens avec la France, se sont faits.
“Face à la crise afghane, la France peut et doit accueillir ces personnes déplacées qui, elles, n’ont plus aucun choix.”
Évidemment ce n’est pas à la France d’accueillir seule tous les réfugiés afghans, mais à elle d’assumer sa responsabilité, de s’engager de façon beaucoup plus volontariste et de trouver des solutions durables, collectives et justes. C’est pour cela que nous insistons sur l’importance des accords internationaux priorisant le respect de la vie et des droits des personnes déplacées. Il s’agit d’une question d’opportunités pour notre société. Des rapports économiques de nombreuses institutions nationales et internationales soulignent l’impact positif pour les pays ayant des pourcentages élevés de populations étrangères. Les migrants occupent souvent des postes difficiles à pourvoir, augmentent la demande et la consommation. Les accueillir c’est positif pour eux, pour nous, mais c’est aussi ce qui nous représente le mieux. La France est le pays des Droits humains et possède une longue tradition d’accueil. Nous sommes un pays riche dans tous les sens du terme. Un pays qui est entendu et attendu sur cette question. Face à la crise afghane, la France peut et doit accueillir ces personnes déplacées qui, elles, n’ont plus aucun choix.
La France n’est tenue en aucune manière à accueillir des « réfugiés » afghans, tout simplement car ces réfugiés n’existent pas. En effet, à partir du moment où quelqu’un qui fuit la guerre se trouve dans un pays en paix, il est un réfugié de guerre. Mais si cette personne choisit alors de quitter cet État en paix pour un autre, puis un autre, et encore un autre… Jusqu’en France, alors il n’est plus un réfugié de guerre mais un migrant économique. Ainsi, un réfugié de guerre syrien en Turquie perd ce statut dès le moment où il essaie d’arriver en Europe. Le devoir des pays limitrophes de l’Afghanistan est de pourvoir aux besoins des réfugiés, comme ce serait celui de la France si des événements similaires se produisaient en Espagne ou en Belgique.
“Des puissances importantes bordent les frontières afghanes, au premier rang desquelles la Chine : si un pays a les capacités logistiques, sécuritaires et budgétaires pour accueillir des migrants, c’est bien elle.”
Néanmoins, notre pays n’a pas la capacité de recevoir encore plus de migrants, quand tant de Français survivent sous le seuil de pauvreté, dorment dans leur voiture ou meurent de froid dans la rue, quand tant de clandestins vivent tranquillement sur notre sol et dont beaucoup commettent crimes et délits. Des puissances importantes bordent les frontières afghanes, au premier rang desquelles la Chine : si un pays a les capacités logistiques, sécuritaires et budgétaires pour accueillir des migrants, c’est bien elle.
“Ces flux de migrants peuvent en outre être infestés par des terroristes islamistes”
Ces flux de migrants peuvent en outre être infestés par des terroristes islamistes qui espèrent atteindre l’Europe pour y tuer des innocents. Dès 2012, l’agence européenne Frontex avait averti les Etats-membres que l’État islamique allait recourir à ce moyen pour faire pénétrer ces soldats sur notre sol : Angela Merkel et François Hollande ont ainsi accepté de les laisser entrer lorsqu’ils ont ordonné d’ouvrir les frontières. Les enseignements du 13 novembre doivent être entendus et le principe de précaution appliqué en matière migratoire aussi. Ce risque, que des Français soient tués, ne doit être pris sous aucun prétexte. Si on vous propose un paquet de bonbons dans lequel il s’en trouve un empoisonné, oseriez-vous plonger en manger un ?