Faut-il restreindre le port d’armes aux États-Unis ?

📋  Le contexte  📋

Parmi les lois au fondement de la société américaine, une donne le La sur la gestion du port d’armes aux Etats-Unis : le deuxième amendement. Ce dernier annonce : “A well regulated Militia, being necessary to the security of a free State, the right of the people to keep and bear Arms, shall not be infringed.” (oui on vous laisse traduire par vos soins).

Mais en clair et sans décodeur, lorsque les 13 colonies britanniques ont proclamé leur indépendance en 1791 et rédigé leur Constitution, la police n’en était qu’à ses débuts. Ainsi, chaque citoyen avait pour mission de veiller à sa sécurité et celle des autres, le port d’arme a donc été institué dans cet amendement.

Pourtant, ce même texte pose plusieurs problèmes. Le premier se pose sur la compréhension même : parle-t-on d’un droit individuel ou celui d’un droit collectif (seulement armer une milice) ? De plus, la constitution a été écrite en 1791 ; pour certains, ce droit est donc obsolète, quand pour d’autres, c’est un droit aux fondements de leur nation.

Par ailleurs, la Cour Suprême en 2008 a statué « un particulier peut posséder une arme à feu ; mais que ce droit n’est valable que pour se défendre » (District of Columbia v Heller – 2008).

Sources : Le Figaro, Constitution US

Le port d’armes est certes un droit constitutionnel, mais il est encadré par les lois des divers états, ce qui signifie que chaque état a sa propre législation sur le port d’armes.

Par exemple, dans l’Illinois ou le District de Columbia, les permis pour obtenir des armes sont difficiles à obtenir, quand dans le Mississippi aucun contrôle n’encadre l’achat d’armes entre particulier. Idem, tous les états ne reconnaissent pas les permis des autres états. En gros, si tu habites en Floride mais que tu viens de Géorgie à la base, on reconnaîtra ton permis de port d’armes, mais si tu es originaire de New York et que tu viens habiter en Floride on ne reconnaîtra pas ton permis de porter une arme.

Source : Le Figaro

Il arrive régulièrement que les États-Unis fassent la Une suite à une fusillade. En 2019, 33 tueries de masse impliquaient l’usage d’armes à feu, soit 80% d’entre elles.

En 2017, 42% des Américains ont une arme à feu chez eux et 35% des habitants considèrent que posséder une arme est une liberté fondamentale. On sent bien que la culture des armes n’est pas la même qu’en France.

Mais avec le développement des tueries de masse, des associations militent pour changer, ou du moins réguler, la possession des armes. En 2012, Barack Obama avait annoncé vouloir mettre en place une loi pour interdire les armes d’assaut, mais n’a pas obtenu la majorité nécessaire. Depuis Donald Trump, la Cour Suprême est plus conservatrice ce qui n’encourage pas la mise en place d’aides pour les associations d’encadrement. La tâche s’avère plus compliquée : avec la mort du juge de la Cour Suprême Ruth Bader Ginsburg, Donald Trump a trouvé une remplaçante conservatrice pro-armes, Amy Coney Barrett.

Sources : Le Point, Radio Canada

 

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Le « Pour »
Eric Lundy
Directeur adjoint de l’engagement chez Giffords
La plupart des Américains comprennent qu’il faut renforcer les lois sur les armes

Rien que pendant les dix dernières années, plus de 300 000 américains sont morts des suites de la violence des armes. Indéniablement ce bilan est sidérant, mais les chiffres ne sont pas représentatifs de l’ensemble. Il n’y a aucun nombre qui peut refléter la peine causée par l’envoi de sa fille à l’université seulement pour que sa vie lui soit arrachée par un jeune homme armé en colère, mais Bob Weiss ne connaît que trop bien cette douleur. Les statistiques ne peuvent illustrer ce que c’est que de recevoir un appel en plein milieu de la nuit qui vous apprend que votre enfant – que vous nommiez votre « bébé miracle » – a été tuée pendant qu’elle était en train de faire rien de plus simple que de visionner un film, mais Sandy Philips connaît ce sentiment terrible. Le deuil de mères comme Darlene Wilson, qui a perdu son fils dans l’un de ces douzaines de fusillades quotidiennes aux Etats-Unis qui ne font pas la Une des journaux internationaux, est plus écrasant que n’importe quelle statistique ou gros titre.

Les histoires de ces survivants de la violence induite par les armes sont à la fois exceptionnellement horribles et effroyablement ordinaires. Les Américains aiment penser d’eux-mêmes qu’ils vivent dans un pays exceptionnel, et quand il est question de la violence des armes nous sommes certainement une exception – aucune autre nation riche ne subit ces tragédies aussi fréquemment que nous. Pourtant, même dans un pays aussi divisé que le nôtre, les Américains se mettent d’accord sur ce que nous devons faire pour résoudre le problème. Plus de 90% des Américains soutiennent la proposition de contrôler les antécédents de toute personne avant achat d’une arme, parce qu’ils se rendent compte de l’absurdité de devoir présenter plus de papiers pour acheter un sirop pour la toux que pour une arme. Et contrairement à ce que certains alarmistes de lobby pro-armes veulent faire croire, les personnes qui soutiennent les lois sur le contrôle des armes ne sont pas des « rapiats élitistes de la côte ». Des détenteurs d’armes comme Jane Mumey – dont le père était le vice-président du Texas Rifle Association – et Jon Gold – un instructeur d’armes à feu pour 20 ans –, des gens qui comprennent qu’éloigner les armes des mauvaises mains, mettent tout le monde en sécurité, y compris les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi.

D’autres politiques, comme celles qui permettraient à un tribunal de retirer les armes à feu d’individus en crise et donc potentiellement dangereux ainsi que des programmes qui s’investiraient dans des solutions prouvées efficaces pour briser le cycle de la violence dans les villes, ces propositions sont soutenues par de larges pans du public américain. Il n’est plus désormais question de si les Etats-Unis doivent renforcer les lois sur les armes, la plupart des Américains comprennent qu’il le faut. La question est, quand va-t-on élire des représentants du gouvernement qui nous écoutent ?

Le « Contre »
Philip Van Cleave
Président de la Virginia Citizens Defence League
Le crime est un agent pathogène et les armes à feu sont un vaccin

Nous ne devrions pas renforcer les lois sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis. Bien au contraire, je pense même que nous devrions les affaiblir.

Le droit d’une personne à se défendre et à défendre sa famille contre la mort ou des blessures corporelles graves est le droit le plus important dont elle dispose. Le deuxième amendement de la Constitution américaine est clair : « le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne peut pas être transgressé ». Et pour cause, je pense que les autres droits dont disposent les américains ne signifient pas grand-chose s’ils sont morts ou s’ils doivent passer le reste de leur vie en tant que tétraplégique à cause d’une violente attaque criminelle.

Les lois sur les armes à feu ne concernent que les personnes respectueuses de la loi. Les criminels ignorent ces lois. Si les armes à feu étaient interdites, les criminels se procureraient des armes à feu sur le marché noir, tout comme ils le font pour le crack. La légalisation des armes est donc une protection. Pour rendre la société plus sûre, les criminels violents doivent être retirés de la société, et non les armes à feu. Le crime est un agent pathogène et les armes à feu sont un vaccin.

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