📋 Le contexte 📋
Alors oui, la question peut paraître enfantine et sa réponse évidente mais c’est pourtant plus complexe qu’il n’y paraît. Quelles différences faites-vous entre un animal de compagnie et un animal domestique ? On vous explique.
Un animal domestique est un animal appartenant à une espèce ayant subi des modifications, par sélection, de la part de l’homme. Par exemple, les porcs, les lamas ou encore les chevaux sont des animaux domestiqués de même que… les chiens ou les chats.
Parce que oui, un animal de compagnie peut être un animal domestique. Pour reprendre les mots de l’administration française, « un animal de compagnie est un animal détenu ou destiné à être détenu par l’homme pour son agrément ». Les animaux de compagnie sont donc souvent des animaux domestiques, c’est-à-dire des espèces ayant été modifiées par l’Homme à l’instar des chiens et des chats.
Tous les deux ans, la Fédération des fabricants d’Aliments pour les Chiens, Chats et Oiseaux (la FACCO) publie une enquête sur la population d’animaux domestiques en France.
En 2018, la barre symbolique des 50 % de foyers ayant un animal de compagnie a été franchie. Deux ans plus tard, c’est 50,5% des Français qui possèdent au moins un animal domestique.
Sur le podium des animaux préférés des Français, les poissons prennent la première place puisqu’on en trouve 26 millions. Ensuite viennent les chats (15 millions) et les oiseaux de basse-cour (13 millions). Les chiens ne sont « que » la quatrième espèce la plus répandue avec 7,5 millions d’individus.
Toujours selon la FACCO, la première raison qui pousse à l’adoption d’un chat ou d’un chien est l’amour que les Français leur portent. On en retrouve en seconde position le fait d’apprécier la compagnie d’un animal. Enfin, en troisième et quatrième position, le bien-être que procure un animal et son utilité dans le développement des enfants incitent les Français à adopter un chat ou un chien.
Selon les différentes associations de protection des animaux, 100 000 animaux de compagnie sont abandonnés chaque année en France. Dans le même temps, c’est près de 50 000 animaux qui sont adoptés dans les seuls refuges de la SPA.
Si une majorité d’animaux sont abandonnés dans des refuges, d’autres propriétaires délaissent leurs animaux en pleine nature. Pourtant, l’abandon d’un animal domestique est puni de trois ans de prison et de 45 000 € d’amende. La sanction peut monter jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende si l’abandon a entrainé la mort de l’animal.
En matière de cruauté et de mauvais traitement envers des animaux domestiques, 9 504 infractions ont été enregistrées par la gendarmerie nationale en 2018. Si les sévices ou l’acte de cruauté ont entraîné la mort de l’animal, l’auteur encourt cinq ans de prison et 75 000 € d’amende.
🕵 Le débat des experts 🕵
Dans ce débat, il faut distinguer ce qui relève de notre perception individuelle de ce qui relève de la considération collective : la première est susceptible de cacher la violence de la seconde.
À titre individuel, les personnes qui vivent avec d’autres animaux les considèrent souvent comme des membres de leur famille. Elles les câlinent, s’inquiètent pour leur santé, leur parlent, pleurent leur disparition. C’est mon cas : je vis avec deux chats, abandonnés tout petits, et tente de leur apporter la meilleure vie possible.
L’échelle collective, en revanche, va à rebours de ces considérations : les « animaux de compagnie » sont un marché qui représente, rien qu’en France, près de 5 milliards d’euros par an. Un commerce qui implique reproduction de force dans les élevages, captivité, ventes et achats.
Cela permet aussi une sélection génétique continue visant à développer ou conserver certaines caractéristiques physiques, souvent au détriment de la santé de l’individu. Bergers Allemands à l’arrière-train affaissé, chiens brachycéphales peinant à respirer ; otites, ulcères, hernies… La liste des souffrances infligées à ces animaux qu’on choisit sur catalogue est interminable.
Tout cela serait inenvisageable si nous les considérions comme les individus sentients qu’ils sont, donc ayant des intérêts qui leur sont propres.
Pendant que les élevages continuent de « produire » ces animaux pour en faire commerce, plus de 100 000 sont abandonnés et les refuges débordent
En France, l’ancien ministre de l’agriculture Julien de Normandie disait en 2020 que les animaux n’étaient pas des « produits consommables ». Affirmation tout à fait incompatible avec la réalité, car n’importe qui peut acheter un chat ou un agneau sur « Le Bon Coin » ou se rendre dans une animalerie et échanger quelques euros contre un chiot, un poisson, un hamster ou un oiseau.
En France, pendant que les élevages continuent de « produire » ces animaux pour en faire commerce ou remplir les animaleries, plus de 100 000 sont abandonnés et les refuges débordent. À l’échelle d’une société, comment prétendre qu’on considère ces animaux comme des individus à part entière si on peut en être propriétaire ? Et surtout, en être propriétaire aussi facilement qu’on peut posséder un téléphone ?
Cette notion d’« animal de compagnie » contient dans sa désignation même l’idée que ces animaux n’ont pas de valeur intrinsèque mais seulement une valeur instrumentale au service des humains qui en sont maîtres et possesseurs. Ils sont « faits » pour notre agrément, notre confort. Cette conception est une base propice à la maltraitance, à la négligence, à l’abandon : que se passera-t-il lorsque, finalement, on n’appréciera plus la compagnie du chien offert à Noël, si c’était là sa seule fonction ?
Nous avons une responsabilité collective envers ces individus
C’est ce paradigme qu’il est urgent de faire évoluer : nous avons une responsabilité collective envers ces individus. La chose est tout à fait possible : beaucoup de personnes vivent déjà avec des chats, des chevaux, des poules ou d’autres individus adoptés, dans une relation mutuellement bénéfique et des interactions dénuées de domination, qui favorisent par ailleurs une empathie et un respect plus larges, notamment vis-à-vis d’animaux n’ayant pas été domestiqués. On ne les achète pas en magasin, on les adopte en refuge. On ne les vend pas, on les confie à une personne responsable.
Alors faut-il continuer à posséder des animaux de compagnie ? Je ne pense pas. Mais faut-il continuer à vivre aux côtés d’autres animaux pour leur offrir une belle vie ? Certainement.
Il ne faut pas se priver de la présence bienfaisante des animaux de compagnie, bien au contraire ! Elle est de plus en plus nécessaire dans notre monde particulièrement anxiogène qui se coupe chaque jour davantage de la nature.
Vivre avec un animal apporte quelque chose de fondamentalement positif
Vivre avec un animal apporte quelque chose de fondamentalement positif. Sa présence a le pouvoir de faire baisser notre taux de cortisol, l’hormone du stress, et de provoquer un afflux d’hormones positives comme la sérotonine et l’ocytocine. Depuis les années 1980, la littérature scientifique s’est faite l’écho des nombreux bénéfices avérés liés à cette amélioration de notre état nerveux : diminution de la tension artérielle, du cholestérol, des récidives de maladies cardio-vasculaires, …
Au-delà de ces données objectives, la cohabitation avec un animal de compagnie peut-être particulièrement réconfortante. Il oblige à prendre, et surtout à assumer, des responsabilités et donc à se projeter, il nous fait également le don d’une présence non jugeante, enfin il amène légèreté et tendresse. Pour les personnes âgées, pour ceux qui traversent une épreuve, il est un compagnon, un recours affectif, un lien vers l’extérieur. Vivre avec un animal peut même donner la force de combattre la maladie ou l’adversité. Dans le cas des personnes sans domicile fixe, l’animal qui partage leur existence, le plus souvent un chien, leur permet, certes, d’être protégés physiquement mais surtout de se sentir aimés, ce qui n’a pas de prix. D’ailleurs, contrairement à une idée reçue, celles et ceux qui vivent dans la rue prennent davantage soin de leur animal que d’eux-mêmes. Ce dernier leur permet aussi, dans un parcours souvent déstructuré, de garder des repères temporels et de ne pas se couper complètement de l’espèce humaine car les échanges avec les autres SDF ainsi qu’avec les passants sont le plus souvent initiés grâce à lui.
Pour les tout-petits, grandir avec un animal compagnon a une influence positive sur leur développement cognitif et, dans un univers de plus en plus virtuel, il les ancre dans une réalité sensorielle ludique et réconfortante.
La tendresse et l’attention doivent être réciproques
Cependant, la condition sine qua non à tous ces bienfaits, est qu’il s’établisse un lien entre cet animal et « son » humain. Ce qui signifie que la tendresse et l’attention doivent être réciproques et que la nature du chien, du chat, du lapin ou du canari choisi soit respectée. Pour cela, les exigences propres à son espèce, à sa race ainsi qu’à sa personnalité, doivent être comblées et on ne doit pas chercher, au mépris de son bien-être, à le transformer en « presque humain ». C’est pourquoi, avant de choisir un animal comme compagnon, il faut s’informer de ses besoins, puis il faut être certain que l’on a la capacité d’y répondre et enfin, il faut passer par un circuit d’acquisition fiable. Toutes conditions essentielles pour former un duo heureux et équilibré humain/animal.