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Une égalité de fait entre les hommes et les femmes
Sabrina Debusquat
Journaliste et autrice de "Marre de souffrir pour ma contraception" chez Les liens qui libèrentJe suis pour la pilule masculine parce qu’elle permettrait une égalité de fait entre les hommes et les femmes. En effet, aujourd’hui ce sont les femmes qui doivent médicaliser leur corps pour assumer la charge contraceptive. Elles subissent les effets secondaires des hormones et stérilets et paient cela financièrement et physiquement. Une pilule masculine permettrait à ceux que cela intéresse de dire : “Chéri, j’ai pris la pilule 10 ans, maintenant, à ton tour !”
Un progrès nécessaire et souhaitable
La pilule contraceptive masculine reste un progrès nécessaire et souhaitable mais pas une révolution. On sait aujourd’hui qu’il vaut mieux éviter d’exposer un corps en bonne santé à des hormones de synthèse. Les hormones de synthèse qui se trouvent dans les contraceptions sont à proprement parler des perturbateurs endocriniens qui ont un effet génotoxique, c’est-à-dire qu’elles modifient notre ADN. Ces mutations se transmettent sur plusieurs générations, ce qui pose d’immenses questions sur l’impact à long terme.
Ainsi, s’il est souhaitable que les femmes ne soient plus les seules à subir des baisses de libido, troubles de l’humeur ou migraines à cause de leur pilule, la vraie révolution serait que plus personne ne souffre ou n’ait à prendre un médicament pour sa contraception. Je le rappelle, chaque année en France plus de 3 120 femmes finiraient à l’hôpital et plus de 83 décèderaient à cause de leur contraception hormonale. Il serait temps que notre société se dirige, pour les hommes comme pour les femmes, vers des dispositifs plus satisfaisants et donc non médicalisés.
La vraie révolution : sortir de la logique du « tout chimique »
Il faudrait sortir de cette logique du “tout chimique” qui fait contre le corps et non avec. La contraception hormonale est le fruit d’une époque, celle qui a vu naître les pesticides et autres perturbateurs endocriniens qui en à peine 60 ans ont bousillés notre environnement et notre santé. Alors, de même que nous repensons actuellement l’agriculture vers des process plus respectueux des écosystèmes, soyons respectueux des écosystèmes que sont nos corps. La voilà la vrai révolution.
Un passage obligé…mais pour une meilleure contraception
Enfin, la pilule contraceptive masculine pourrait avoir un effet secondaire positif inattendu qui pourrait nous mener plus rapidement vers des contraceptions sans souffrances pour tous. En effet, quand les hommes vont se mettre à subir également les effets secondaires de la pilule, ils risquent de se tourner vers leur compagne pour leur dire : “Mais vous supportez tous ces effets sans rien dire depuis 60 ans ?!” Et peut-être qu’alors, enfin, nous pourrions avancer vers un monde où plus personne n’aurait à souffrir pour sa contraception. Je trouverais dommage qu’il faille que les hommes souffrent également de la contraception pour que nos sociétés se mettent à développer des contraceptions sans aucuns effets secondaires mais je crois malheureusement qu’il va falloir en passer par là… Alors allons-y, le plus vite possible sera le mieux !
Une fausse solution causant déjà de vrais problèmes
Edouard Lefer
Maître en Sociologie, militant dans les thématiques environnementales et socialesDérèglement hormonal, acné, règles plus douloureuses, baisse de la fécondité, prise de poids, maux de tête… Avec tous les effets négatifs de la pilule contraceptive il est légitime de vouloir partager ce lourd fardeau. Oui mais…
Une victoire féministe
Rappelons que la pilule hormonale est d’abord le fruit d’un combat féministe. Avant la transition démographique, la contraception était une histoire d’hommes (1), les techniques pour prévenir une grossesse se transmettaient de père en fils. Cependant une fois la grossesse avérée, les conséquences physiques et sociales portaient sur la femme – ce qui est encore le cas aujourd’hui. Ce sont des revendications féministes – avec un appui financier de femmes – qui ont fait naître les premières pilules hormonales. La pilule est donc une prise de pouvoir des femmes sur leur fertilité, elles n’ont plus besoin d’être soumises aux comportements des hommes pour des conséquences qui ont trait à leur être. L’élaboration d’une pilule masculine remettrait en cause le primat des femmes sur leur corps en partageant ce qui les protège d’une grossesse non désirée.
Une approche masculine différente
Les hommes sont détenteurs de la plupart des richesses, vu l’exemple de la création de la pilule féminine, si “les hommes” l’avaient voulue, ils l’auraient déjà. En revanche, il est important qu’ils s’emparent du sujet de la contraception dans le couple. Vis-à-vis de la pilule, un homme peut : en partager le coût monétaire, en faire un sujet de conversation occasionnel, faire un partage des “rappels” pour sa prise, tout cela afin d’en alléger la charge mentale pour la femme. Enfin, élargissons notre point de vue sur les options : nous pouvons aussi imaginer des périodes où le couple ré-utilise le préservatif, mais aussi des périodes durant lesquelles la pénétration n’est plus le centre de la sexualité.
Des risques sanitaires
Des décennies d’amélioration de la pilule hormonale féminine n’ont pas abouti pour autant à un produit inoffensif pour celles qui la prennent. De plus en plus d’analyses relèvent aussi une transformation de la faune aquatique mettant en cause les hormones contenues dans les pilules contraceptives. D’une manière générale la recherche devrait progresser vers des techniques non-chimiques, et pour les hommes en particulier : pourquoi vouloir doubler les problèmes sanitaires ?
Conclusion
Si certain-e-s féministes revendiquent : “no uterus, no opinion” (2), d’autres aimeraient que les hommes ne soient pas étrangers aux questions de fertilité. Une plus grande prise de conscience et participation des hommes à la contraception permettrait de ne pas faire de la fertilité et ce qui en découle – les enfants – une question uniquement féminine. C’est aussi une bataille que mènent certain-e-s masculinistes (3). L’arrivée d’une pilule hormonale masculine ne conduirait pas automatiquement à ce partage qui s’obtient d’abord par un travail social plus que technique, mais doublerait fatalement les méfaits sanitaires déjà présents.
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