Faut-il fermer les zoos ?

📋  Le contexte  📋

Le mot zoo est l’abréviation de l’expression « parc zoologique », parfois aussi appelé « jardin zoologique ».

Il vient du mot zoologie, composé des mots grecs zoon, animal, et logos, la science, soit l’étude des animaux.

Il a été utilisé pour la première fois à la fondation du jardin zoologique de Londres, en 1828.

Les parcs zoologiques sont réglementés par la directive européenne de mars 1999, transposée en réglementation française par l’arrêté du 25 mars 2004, dit arrêté zoos. Celui-ci comporte 71 articles qui précisent l’ensemble des réglementations applicables aux zoos en France, de l’accueil des visiteurs aux conditions d’alimentation ou de gestion des animaux. Des dispositions spécifiques concernent les espèces protégées.

Cela fait plusieurs années que les parcs zoologiques et aquatiques font débat.

Paru en 2014 le documentaire américain Blackfish, qui dénonçait les conditions de vie des orques en captivité, a été vu par plus de 20 millions de personnes. En France, cela a donné lieu en 2017 à une pétition demandant au Ministère de l’Environnement la fermeture des delphinariums, ces parcs aquatiques abritant orques et dauphins, le plus connu étant Marineland.

Plus récemment, les conditions de vie des animaux durant les épisodes de canicule, comme l’été dernier, ont également remis le débat sur les zoos dans l’actualité

 

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Le « Pour »
Anissa Putois
Chargée de communication chez PETA France
Il est temps de mettre fin à ces prisons !

Une torture pour les animaux sauvages

Les passionnés des animaux peuvent être tentés de visiter des zoos pour y voir de près les animaux sauvages qui les fascinent. Mais pour ces individus dotés d’intelligence emprisonnés et présentés pour satisfaire notre curiosité, la vie dans un zoo est frustrante et déprimante. Même les meilleurs zoos ne peuvent satisfaire les besoins complexes de ces animaux sauvages, les faisant énormément souffrir, physiquement et mentalement. 

Sans accès à tout ce qui est naturel et nécessaire pour leur bien-être – la stimulation mentale, l’exercice, la liberté de rechercher de la nourriture, de parcourir de nombreux kilomètres par jour et de choisir leur partenaires – les animaux des zoos présentent souvent un comportement névrotique et répétitif appelé “zoochose”. Ils piétinent, ils se balancent, secouent leur têtes, voire même s’auto-mutilent – ce sont des symptômes de détresse profonde causée par la frustration de la captivité. 

Des parcs d’attraction avant d’être des parcs de préservation

Les zoos essaient de camoufler cette cruauté en la justifiant par un besoin de préservation des espèces, mais en vérité, seule une fraction du bénéfice fait par les zoo est destinée aux projet de préservation, et pratiquement aucun des animaux élevés en captivité n’est relâché dans la nature. De plus, ils font peu, voire pas d’effort pour aider les animaux en voie de disparition et augmenter leur chance de survie dans leurs habitations naturelles en rapide déclin. 

A la différence des organisations qui essaient de traiter le problème à la racine, de protéger la faune dans son habitat naturel et d’organiser de programmes de réintroduction, ces établissements existent uniquement pour être des attractions profitables. 

Les zoos sont artificiels ; ils ne représentent pas la vie d’un animal dans son milieu naturel

Quant aux prétendus objectifs éducatifs des zoos, voir des animaux déprimés, frustrés et seuls en captivité ne nous apprend rien sur leur comportement et leurs caractéristiques naturelles. Au lieu de nous apporter des connaissances, les zoos jouent un rôle majeur dans la marchandisation d’êtres sensibles en les présentant comme des choses ou des accessoires, plutôt que comme les êtres intelligents et conscients émotionnellement qu’ils sont en réalité. 

Forcer des animaux stressés à interagir avec le public peut aussi être très dangereux, comme démontré par une longue liste d’accidents graves ou mortels dans les zoos partout dans le monde – qui peut oublier l’abattage injuste du gorille Harambe après qu’un enfant tombe dans son enclos ?

Les zoos emprisonnent des êtres intelligents et curieux dans des conditions inappropriées, en les forçant à vivre dans un climat qui n’est pas adapté à leur espèce, en détruisant les liens familiaux, et en imposant l’isolement à des animaux naturellement sociables (comme les éléphants). Nous n’emprisonnons pas les humains pour en apprendre davantage sur leur comportement ; alors il est temps de mettre fin à ces prisons animalières.

Le « Contre »
Laurence Paoli
Fondatrice d’Urban Nomad, cabinet de conseil en communication spécialisé dans les Sciences de la Vie et de la Terre. Fondatrice de l’Institut Unlimited Nature. Auteure de "Zoos, un nouveau pacte avec la nature" aux Éditions Buchet Chastel.
Le zoo est capital pour l'éveil de la conscience écologique

En 1993, en publiant “The world Zoo Conservation Strategy” les parcs zoologiques modernes ont défini collectivement leur raison d’être en 3 missions : conservation, recherche et sensibilisation mises au service de la nature et de la préservation des espèces. En Europe, ces missions ont été inscrites dans une directive en 1999, puis elles ont été transposées en France par “l’arrêté zoo” de 2004, qui les rend obligatoires. 

 La conservation : une mission essentielle pour la sauvegarde des animaux

La mission de conservation des zoos, se traduit de bien des façons. Depuis 1932, ils ont entrepris de répertorier dans des stud books (livres généalogiques) les individus appartenant aux espèces les plus menacées qu’ils hébergeaient. Ils ont ensuite établi des programmes de reproduction de façon à limiter leur consanguinité. Pour finir, ces programmes ont été complétés par des actions de conservation in situ (sur le terrain) allant du soutien financier, à des réintroductions d’animaux (lorsque l’écosystème le permet et les menaces sont écartées) en passant par de la recherche vétérinaire, du monitoring de terrain, du soutien de populations humaines locales, etc. Le bison d’Europe, quasiment exterminé à l’état sauvage dans les années 1920, a été réintroduit dans les années 1950 grâce à des individus nés en zoos, comme d’ailleurs l’oryx algazelle, l’oryx d’Arabie, le cerf du père David, le rhinocéros noir et le blanc, le condor des Andes et celui d’Amérique, les vautours fauves, moines et percnoptères, la grenouille poulet des montagnes, l’écrevisse de torrent, le loup rouge, la panthère de Perse, pour ne citer que quelques exemples d’une liste vitale qui ne cesse de s’allonger.

 Les zoos permettent un approfondissement de la recherche scientifique 

En ce qui concerne la recherche scientifique, des études sur l’éthologie, l’écologie des animaux, la biologie du comportement, la génétique, la gestion des populations, le bien-être animal, l’alimentation, etc. sont menées par et avec les zoos. Elles permettent des observations et des mesures qui ne sont pas toujours réalisables dans la nature. Les connaissances ainsi acquises, autant que les résultats obtenus, servent in fine à assurer la protection des espèces les plus menacées. La médecine vétérinaire appliquée sur les espèces dites “exotiques” a été, par exemple, majoritairement établie en parcs zoologiques avant d’être déployée sur le terrain.

 La protection animale est inséparable de la pédagogie et de la sensibilisation

Chaque année les parcs animaliers accueillent 700 millions de visiteurs (130 millions en Europe, 20 millions en France). Ces derniers découvrent des espèces animales qui les touchent et souvent, les émerveillent. Grâce à ces émotions positives, les équipes pédagogiques des parcs ont la possibilité non seulement de sensibiliser le public aux enjeux de la conservation, tout en diffusant des informations scientifiques, mais elles peuvent également provoquer une réflexion (voire des passages à l’acte) sur l’importance des agissements individuels dans la préservation des espèces et des milieux naturels. L’éducation est l’une des clés du comportement responsable des générations futures. Au regard du nombre de visiteurs des parcs animaliers, leur mission pédagogique est donc un élément capital dans l’éveil de la conscience écologique de nos enfants.

Dernier point, et non des moindres, le bien-être animal est au cœur de la gestion quotidienne des zoos : nourriture, espace, liens sociaux, stress, etc. sont sans cesse évalués par soigneurs, vétérinaires et chercheurs pour faire en sorte que la vie de leurs pensionnaires soit la plus agréable possible.

Les zoos œuvrent plus pour la biodiversité que la plupart des institutions

Je terminerai en écrivant que, s’il reste encore à la communauté zoologique des progrès à faire, que l’on soit pour ou contre la captivité, force est de constater qu’il y a actuellement peu d’institutions qui soient capables d’apporter concrètement autant pour la protection de la biodiversité. Les conservateurs de terrain d’ailleurs ne s’y trompent pas, ils travaillent pour beaucoup en partenariat avec des parcs animaliers : soit en lien direct, soit parce qu’au sein des comité d’experts de la Species Survival Commission de l’UICN, bien des spécialistes d’une espèce ou d’une autre, sont issus du monde zoologique. En l’état actuel des choses, pour le bénéfice de la nature, il me semble donc bien plus constructif d’encourager les zoos et les aquariums à continuer à s’améliorer plutôt que de militer pour les faire fermer.

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