Drapeau Bretagne

Faut-il rattacher la Loire-Atlantique à la Bretagne ?

📋  Le contexte  📋

La Loire-Atlantique est un département français, situé dans la région Pays de la Loire. Elle doit son nom à la présence du fleuve la Loire et de l’océan Atlantique, qui borde sa côte, à l’ouest. Le chef-lieu du département est Nantes, également préfecture de la région Pays de la Loire. Le département compte actuellement trois arrondissements, dont Nantes, Saint-Nazaire et Châteaubriant.

Quant à la région Bretagne, celle-ci est une région française composée de quatre départements : les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan. Sa préfecture et sa plus grande ville est Rennes.

Lors de la création des régions administratives françaises en 1956, le département Loire-Atlantique fut rattaché à la région Pays de la Loire alors que le territoire faisait partie des cinq départements de la région Bretagne depuis l’an 850 du royaume puis du duché de Bretagne, (devenu province de Bretagne jusqu’en 1790). La Loire-Atlantique étant proche de la région administrative Bretagne culturellement et historiquement, ce découpage reste un sujet polémique dans ce département, ainsi que dans le reste de la Bretagne.

La loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) est promulguée le 7 août 2015 et constitue le troisième volet de la réforme des territoires mis en oeuvre sous la présidence de François Hollande, après la loi Maptam (sur la modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles) et la loi Régions (relative à la délimitation des régions).

Elle vise notamment à renforcer les compétences attribuées aux régions en matière de développement économique et à simplifier les relations entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Sources : Vie publique

Véritable débat historique, le rattachement de la Loire-Atlantique continue d’animer aujourd’hui les discussions. En effet, on parle de « Bretagne historique » quand on veut signifier les cinq départements bretons, et de « région Bretagne » pour signifier les quatre.

Plusieurs élus de la Loire-Atlantique et des départements bretons, mouvements politiques et associations régionales demandent ainsi la réunification administrative des cinq départements dont la Loire-Atlantique en une seule région Bretagne.

Néanmoins, ce rattachement poserait pour certains de nombreux problèmes économiques. En effet, l’agglomération nantaise aurait un poids trop important. Deux conséquences possibles sont évoquées : la déstabilisation de la région (à l’encontre de Rennes et les autres villes de Bretagne) et l’affaiblissement du département Loire-Atlantique. Par ailleurs, le département de la Vendée se verrait isolé.

Fin 2018, les élus du conseil départemental ont rejeté le principe de rattachement de la Loire-Atlantique en Bretagne tout en approuvant la tenue d’un référendum sur cette question. Celui-ci n’a toujours pas eu lieu.

C’est l’occasion d’ouvrir le débat et de découvrir nos tribunes !

Sources : Ouest France

🕵  Le débat des experts  🕵

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
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Le « Pour »
Association « Breizh 5/5 »
Association qui milite POUR la Bretagne à 5 départements et se bat CONTRE le Grand Ouest.
Un vecteur formidable pour répondre aux défis actuels

La Bretagne, terre millénaire connue du monde entier, ayant une excellente visibilité internationale avec son drapeau emblématique représentatif de l’intégrité de son territoire, n’a pas été reconnue lors du découpage territorial de la Loi NOTRe. Pourtant, de nombreux arguments prêchent pour le retour de la Loire-Atlantique dans la région administrative.

Des arguments historiques

Depuis le IXe siècle , Nantes et le pays nantais font partie intégrante de la Bretagne. Il est difficile de dire que Montoir-de-Bretagne, Fay-de-Bretagne, le Château des Ducs de Bretagne, la Tour Bretagne à Nantes … ne sont pas en Bretagne. De même, la Cour d’Appel de Rennes est sur 5 départements comme le Conseil Régional des Notaires (marque Notaires & Bretons).

Des arguments culturels

Avec sa campagne de promotion Itinéraire d’un vieux pays, Nantes utilise les codes bretons présents sur les blasons du FC Nantes, de L’Hermine, de la ville et de nombreuses communes ; l’évidence bretonne de la Loire-Atlantique ne fait pas de doute. La Cinémathèque de Bretagne, Bretagne Vivante, les fédérations de Cercles Celtiques et des Bagadoù, … oeuvrent sur 5 départements.

Des arguments économiques

Produit en Bretagne, vecteur de croissance avec ses 420 entreprises, opère sur les 5 départements ; la marque Bretagne fait vendre en France et à l’étranger. Côté touristique, la destination Bretagne Plein Sud est porteuse de sens contrairement aux « Pays de la Loire » dont seulement 2 départements sur 5 sont traversés par le fleuve, et qui devrait avoir comme capitale Saint-Etienne, Bourges ou Orléans. Les vignobles nantais ont vu leur chiffre d’affaire baisser dès qu’ils ont cessé de s’afficher breton. Avec ses pôles universitaires d’excellence et ses pôles de recherche répartis sur tout le territoire, l’unité bretonne favoriserait la cohérence et les synergies dans les domaines mer, agro-alimentaire, NTIC, biotechnologies, construction navale, …

Un sujet souvent débattu : quelle capitale ?

De multiples pays ont plusieurs « capitales ». Nantes et Rennes sont complémentaires : Nantes est maritime et ouverte à l’international avec un profil commercial et industriel ; Rennes est terrienne et européenne, juridique et tertiaire. Leur complémentarité permet de renforcer les liens terre-mer pour plus d’écologie afin de créer la dynamique d’une grande région maritime englobant Nantes, Brest, Saint-Malo…

Disposer d’une région forte et cohérente, de racines solides, d’habitants ouverts sur le monde et ancrés dans leur territoire, d’un sentiment d’appartenance, … est un vecteur formidable pour répondre aux défis actuels.

Le « Contre »
Hervé Le Bras
Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, chaire "Territoire et populations" du collège d'études mondiales
Economie et culture : deux géographies différentes

Les découpages administratifs obéissent à l’économie ou à la politique. Le contour des départements français, soigneusement dessiné par le « comité de la division » en 1790-91 en donne un bon exemple. L’Assemblée législative voulut remplacer les anciennes provinces par un quadrillage pour effacer les traces de l’absolutisme, puis adapta les frontières des carrés aux contraintes locales. La frontière d’abord rectiligne entre les Côtes d’Armor et le Morbihan devint sinueuse. Le Maine fut divisé en Sarthe et Mayenne. L’Aunis et la Saintonge formèrent la Charente Maritime.

Au début du XXème siècle, ce découpage a été jugé trop fin pour permettre le développement économique. L’idée de regrouper les départements en régions a fait son chemin jusqu’à devenir réalité en 1965. Les régions ont été définies chacune à partir d’une capitale économique : d’abord les huit plus grandes villes périphériques dont Nantes, puis des villes un peu moins importantes dont Rennes. Les frontières culturelles n’ont pas été prises en compte à cause de leur imprécision et de leur peu de rapport avec les échanges économiques, mais aussi par un reste de méfiance envers l’irrédentisme des provinces d’Ancien régime.

La plus grande partie de la Bretagne n’est pas orientée vers Nantes mais vers Rennes et Brest

Nantes a pris le centre d’un des espaces économiques le plus cohérent de France avec une hiérarchie urbaine claire et bien répartie dans cette région des Pays de la Loire : des villes de second rang, Angers et Le Mans, puis de troisième rang, La Roche sur Ion, Saint Nazaire, Saumur. Rattacher Nantes, donc la Loire Atlantique à la Bretagne aurait constitué une aberration à de nombreux points de vue. La plus grande partie de la Bretagne n’est pas orientée vers Nantes mais vers Rennes et Brest. Nantes et Rennes se seraient trouvées en concurrence. Que faire en outre des autres départements des pays de la Loire privés de leur centre ?

La moitié sud de la Loire Atlantique est vendéenne et non bretonne

L’argument culturel ne tient pas mieux la route. La moitié sud de la Loire Atlantique est vendéenne et non bretonne. Dans son beau livre, La forme d’une ville, Julien Gracq a décrit la position de Nantes comme celle d’une île entre un sud déjà méridional avec ses toits de tuile et un nord de collines glaiseuses et d’ardoise.

Il est en outre dangereux de tracer des frontières culturelles car elles renforcent les identités qui mènent au nationalisme. L’Europe est déjà confrontée aux identités, hongroise, polonaise, italienne, britannique, etc. Autant éviter de les transposer à l’intérieur de la France. La culture est ouverture au Monde, l’identité, fermeture.!

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