📋 Le contexte 📋
« Gray Man » est le nom de code de l’agent de la CIA Court Gentry, appelé également Sierra Six. En 2003, il est recruté dans une prison fédérale par Donald Fitzroy, officier de l’agence de renseignements. Dans le film, on le retrouve 18 ans plus tard lors d’une mission à Bangkok avec sa comparse Dani Miranda. Sierra Six est devenu l’un des meilleurs tueurs à gages de la CIA et doit éliminer un autre agent Sierra. Cette opération va tout faire basculer puisque Court Gentry va découvrir des informations sensibles qui font de lui une cible pour ses employeurs.
Sierra Six va alors être pourchassé par tous les mercenaires et tueurs à gages de la planète, et notamment par Lloyd Hansen, un sociopathe proche de la CIA. Il ne combat pas seulement pour sa survie : « Gray Man » va également tenter de retrouver Claire, la nièce de Donald Fitzroy dont il est très proche, qui a été kidnappée.
La suite ? Il faudra la découvrir sur la plateforme Netflix qui a mis en ligne le film le 22 juillet dernier.
Netflix a décidé de mener une nouvelle politique depuis quelques mois autour de ces films. La plateforme américaine sort à intervalles réguliers des blockbusters au casting 5 étoiles. En novembre dernier, Red Notice avait notamment réuni Dwayne Johnson, Ryan Reynolds et Gal Gadot.
Cette fois-ci, The Gray Man s’appuie sur de nombreuses stars du cinéma comme Ryan Gosling (La La Land, Drive), Chris Evans (Captain America), Ana de Armas (À couteaux tirés), Jessica Henwick (Games of Thrones) ou encore Regé-Jean Page (Les Chroniques de Bridgerton). Pour réaliser ce film, les frères Anthony et Joe Russo ont été à la manœuvre. Après avoir mené à son terme la saga des Avengers de Marvel avec le dernier opus, Avengers : Endgame, en 2019, ils ont décidé de se lancer dans un nouveau film d’actions.
En conférence de presse, les frères Russo avaient justifié ce choix d’un casting étoffé : « Ce qui nous a motivés à rassembler un tel casting […] c’était, en partie, pour créer une sorte d’univers dans lequel on pourrait les suivre, afin de découvrir ce qui leur est arrivé dans le passé ou ce que leur réserve le futur. »
The Gray Man est l’adaptation cinématographique du roman du même nom de Mark Greaney, sorti en 2009. Le film reste l’un des blockbusters les plus attendus sur la plateforme pour cette année. Avec un budget de 200 millions de dollars, The Gray Man est la production la plus chère de l’histoire de Netflix. Malgré des critiques assez mitigées, les résultats sont au rendez-vous puisque le film se classe numéro 1 dans le classement mondial Netflix du moment.
Il devance très largement ses concurrents au point de se hisser sur la plus haute marche du podium dans 93 pays. Il est également sorti dans quelques salles américaines une semaine avant son entrée sur le géant du streaming. Certains spécialistes estiment que le film a rapporté 200 000 dollars lors de son premier week-end au cinéma.
Fort de ce succès, Netflix a confirmé dès le 26 juillet que le film aura une suite avec Ryan Gosling et les frères Russo à la réalisation. Un spin-off a également été annoncé avec Paul Wernick et Rhett Reese qui avait chapeauté Deadpool. En effet, les frères Russo avaient avoué rêver de créer une franchise telle que Jason Bourne ou bien James Bond. Ils en ont le potentiel puisque la série littéraire compte déjà neuf romans sortis après The Gray Man et deux autres opus sont déjà prévus.
🕵 Le débat des experts 🕵
Après avoir réalisé une critique sur Top Gun ou le dernier Thor, je commence à en connaître un rayon sur les blockbusters hollywoodiens du moment. Pour être très clair, The Gray Man est loin d’être le meilleur film de l’année mais il n’est pas le navet que ses détracteurs voudraient nous faire croire.
Tout d’abord, le film s’appuie sur son point fort : les scènes d’action. Si vous aimez les courses poursuites, les affrontements à mains (presque) nues et les cascades, vous serez servis. Pendant plus de deux heures, le rythme des affrontements devient de plus en plus extrême au point d’atteindre son apothéose dans l’ultime bagarre. Les plus cartésiens d’entre nous diront que ce n’est pas réaliste mais c’est impossible de ne pas en prendre plein les yeux ! Je peux aussi vous parler des effets spéciaux qui sont parfaitement exploités. Ils sont utilisés à bon escient et ne font que renforcer un esthétisme qui était plus que satisfaisant.
Pourquoi regardez-vous The Gray Man ?
Pour les plus chauvinistes d’entre vous, vous pourrez vous réjouir du fait que les événements qui se déroulent dans les dernières séquences ont été tournés dans le Château de Chantilly, en France. Ce n’est pas le propos principal mais cette ballade énergique dans les plus villes d’Europe n’est pas désagréable.
Ensuite, le film a beau être le plus cher de l’histoire de la plate-forme Netflix, je ne peux pas nier qu’il manque un peu de cohérence et d’épaisseur dans ce scénario décousu. L’histoire peut sembler un peu déjà-vu et cliché mais c’est la base même de ces gros films qui ont pour seul objectif d’exploser leurs recettes commerciales. Si vous voulez voir un film d’auteur vous ne frappez pas à la bonne porte. Ce n’est pas négatif puisque son but est de divertir à travers son suspense et ses scènes d’action. Est-ce que nous demandons à un Marvel de nous faire réfléchir ? Non, c’est la même chose pour The Gray Man.
Une simple mise en bouche
L’ œuvre est également sublimée par les bonnes performances de son casting 5 étoiles (Ryan Gosling, Ana de Armas, Chris Evans, Alfre Woodard et Regé-Jean Page). Sierra Six (Ryan Gosling) connaît quelques moments d’hésitation dans les scènes d’action mais il a le mérite de nous emmener d’un combat contre des dizaines d’ennemis jusqu’à des situations plus touchantes. Sa rivalité avec Chris Evans est appréciable car elle permet de relever le niveau lorsque les balles cessent de fuser.
Au premier abord, nous pourrions regretter la place secondaire des personnages féminins, qui sont magistralement interprétés par Ana de Armas et Jessica Henwick, mais la suite de la saga pourrait leur offrir une place plus importante. Sans vouloir vous « divulgâcher » le film, la fin nous emmène tranquillement vers de nouvelles aventures. C’est dans cette information que l’on peut tirer un immense espoir. En effet, The Gray Man séduit mais il a ses défauts. La résolution des problèmes de script ou bien l’emballement des événements pourraient donner une autre envergure à ce film. Finalement, est-ce que ce premier opus n’est pas la rampe de lancement pour atteindre l’excellence des films d’espionnage ? En tout cas, la franchise mérite les encouragements du jury pour le pousser à être plus ambitieuse.
Coucou Netflix, on aimerait vous proposer un bon film d’action ! Mais encore…? Non, rien d’autre, juste de l’action ! Ok, super idée, on achète ! Le pitch est (trop) simple : 2h de combats entre des gros bras et le beau Ryan pour aller sauver la fille d’un ancien agent séquestrée par un méchant psychopathe.
Trop de monde, trop de mouvements, trop de bruits
Si le casting est intéressant et l’image bien travaillée, l’histoire elle, gâche tout le reste. Le scénario n’offre aucune cohérence, et ce dès le début du film. Pourquoi la CIA chercherait-elle à tuer un de ses anciens agents lors d’une soirée organisée par ce dernier ? Ne pourrait-elle pas le faire quand sa cible est dans l’ombre, dans un endroit plus calme ou en déplacement ? Non pas que mes compétences en tueries à gage me privent de me laisser porter par une intrigue fictionnelle, mais qu’un peu de bon sens accrédite la cohérence d’une histoire ne serait pas de trop. Tuer un ex-agent de la CIA dans une soirée avec plusieurs centaines de personnes = non. Trop de monde, trop de mouvements, trop de bruits, trop de victimes potentielles, trop de sécurité et des conséquences forcément beaucoup trop médiatisées pour une agence de l’ombre.
Arrêtons-là pour cette première scène qui se voulait forcément grandiose pour nous plonger dans l’histoire. Sauf que… la suite est pire. Tous les choix que fait la CIA sont stupides, voire absurdes, contrairement à un Ryan Gosling qui dispose d’un flair qui dépasse la raison pour aller dans la science-fiction. Ce film est rempli de magies : un (super?) héros qui fait face à des concours de circonstances toujours plus improbables, un personnage surhumain qui arrive à tout type de cascade après s’être fait roué de coups, des tireurs d’élite qui tirent comme des bourrins et réussissent à vider des centaines de chargeurs, mais ratent leur cible à quelques mètres d’eux, tout en tuant de nombreux civils et policier qui se font tuer pour…?
Une fusion des pires choix scénaristiques des films d’action grand public
Car Ryan veut à tout prix sauver la fille de son ancien recruteur ! Tant de risques et de victimes pour une personne ? Pourquoi sa vie vaut-elle plus que le(s) milliers de victimes collatérales dues à la pagaille qui résulte de la traque sans fin de Lloyd Hansen, un agent bien trop frénétique pour avoir tous les pouvoirs dans une agence de renseignement américain. Le passé de Ryan serait une sorte de justification à son obstination à sauver cette fille. Par contre, son passé ne justifie en rien sa super-puissance surhumaine. Il a eu une enfance plutôt lambda et a été emprisonné pour avoir tué… *quelqu’un* (je n’oserais pas vous divulguer le peu d’intrigue que comporte ce film).
Alors, comment Ryan est-il devenu si compétent ? Comment croire qu’une personne n’ayant commis qu’un seul meurtre et n’ayant jamais vraiment appris à tirer soit un professionnel du maniement d’armes et qu’il puisse intégrer un commando d’élite de la CIA ? Au-delà de l’incohérence des personnages, ce sont toutes leurs caractéristiques qui manquent de profondeur. Les acteurs font preuve d’un manichéisme sans vergogne et tout est calculé pour plaire au spectateur lambda. Même les rares rôles féminins dont celui qui a été offert à la séduisante Ana de Armas sont formatés pour s’inscrire dans les neo-blockbusters américains sans âmes du 21e siècle. Aucune originalité donc, voire une fusion des pires choix scénaristiques des films d’action grand public pour un divertissement à 200 millions de dollars qui promet une suite aussi prévisible et pitoyable que son prédécesseur : encore plus de gros bras et une histoire aussi fade que fanée.