📋 Le contexte 📋
Régulièrement, deux étudiants débattent d’une question plus ou moins fondamentale… Le but est de réaliser un exercice d’éloquence et de débat par écrit. Ils écrivent, vous jugez !
Révolte-toi Sorbonne est une association étudiante de débats et d’éloquence de la Sorbonne. Sa mission est de former les étudiants à la prise de parole en public, mais aussi de mettre en avant l’art oratoire. L’association compte désormais une centaine de membres.
Rendez-vous ici pour en découvrir davantage !
Vox Borealis est l’association étudiante de débat et d’éloquence de l’EDHEC Business School. L’association organise des concours d’éloquence au sein de l’école et participe aux concours inter-écoles tout en formant ses membres à l’art oratoire.
Rendez-vous ici pour en découvrir davantage !
🕵 Le débat des experts 🕵
Réfractaires dites-vous… ? Il est bien hasardeux de déclarer une telle chose. Non qu’elle soit fausse, entendons-nous bien. Mais le réfractaire est le premier à en être fier. Ajoutez « gaulois » à l’épithète et c’est toute l’âme d’un peuple que vous réveillez.
Ce n’était pas une critique que vous formuliez là monsieur Macron, mais la devise du Français chauvin. Les Français sont des Gaulois réfractaires, et, fiers de leur histoire, sont bien les premiers à le reconnaître.
Vous y voyez de l’insoumission, de la résistance irraisonnée et machinale ? Méditez davantage sur l’hommage qu’une telle démarche représente. Quand d’autres vandalisent leurs statues et tentent d’oublier leur histoire, ces Gaulois-là sauvegardent l’âme toujours brûlante de la Révolution. Le héros français est un insoumis tel Vercingétorix, pour qui soumission est synonyme de mort.
Surnommer notre président Jules César est un véritable symptôme de la pathologie franco-galloise : les Français deviennent des caricatures d’eux-mêmes. Nous sommes en 2000 ap Vercingétorix ; alors que le monde est occupé par les capitalistes libéraux, un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur.
Il ne s’agit plus ici de débattre de la question tant la réponse semble évidente. Il faut maintenant se demander dans quelle mesure une telle attitude est justifiée. Car s’il s’agit de rester fidèle à l’âme gauloise, certains se sont perdus en route. L’histoire d’un pays façonne son peuple, encore faut-il que celui-ci la comprenne.
De révolutionnaires, les Français sont devenus râleurs. Défenseurs de grands changements, ils sont devenus réfractaires. Mais enfin, le Gaulois aurait-il mal vieilli ?
Gaulois réfractaires, deux mots qui renvoient à des réalités distinctes dont le mélange ne fait pas bon ménage. Être Gaulois n’est pas un état d’esprit, une mentalité, mais un héritage, uniquement tributaire du cours de l’histoire car tout comme on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas ses ancêtres. Être réfractaire en revanche ne s’hérite pas et s’exprime par une réaction à ce que les uns appellent le changement et que les autres nomment déchéance. Ce n’est pas être réfractaire que de défendre les acquis formant l’héritage de maintes générations dont les batailles ont pu se solder par du sang et des larmes.
À force de percevoir le changement comme le paradigme de la modernité, on en oublie que changer c’est pas faire table rase du passé pour imposer de nouvelles règles n’ayant aucune prise avec la réalité qu’elles sont censées encadrer. C’est au contraire poursuivre sur une pente ascendante en soutenant les efforts fournis au fil du temps. Si certains aiment se dire Gaulois pour vanter une soi-disant légitimité patriotique, grand bien leur fasse. Mais point besoin d’être Gaulois pour être Français. L’identité d’une nation est composée de tout son héritage historique et culturel, aussi varié et divers soit-il. Vouloir réduire les Français à des « Gaulois réfractaires » est donc problématique à double titre : d’une part cela revient à nier la diversité et la richesse d’une nation qui, comme toutes les grandes nations, s’est formée dans un subtil mélange d’adversité et d’enrichissement mutuel avec des peuples autres que Gaulois et dont les cultures respectives ont maintes fois pu se mélanger ; d’autre part, cela revient à oublier le poids de l’histoire, fort de ses batailles et de ses avancées, donnant un sens aux traditions et formant l’identité d’une nation et de son peuple.
Les Français sont avant tout les héritiers de « la patrie des droits de l’homme » et si leurs réactions au changement sont parfois tumultueuses et véhémentes c’est sans doute parce qu’ils en ont conscience et visent à préserver cet héritage. C’est en ce sens qu’il est possible d’être en accord avec son temps mais de demeurer fidèle aux principes qui ont fait de nous ce que nous sommes.
