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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Limiter les naissances pour préserver la planète
Denis Garnier
Président de l’association Démographie Responsablehttps://www.demographie-responsable.org/
Le 2ème grand pays le plus émetteur de CO2 est, derrière la Chine, les Etats-Unis dont la population a été multipliée par 4 depuis le début du XXème siècle. Quant à la Chine, malgré sa politique de l’enfant unique, sa population a été multipliée par 3,5 dans le même temps. Ne parlons même pas des monarchies du Golfe, qui sont les plus émettrices par individu, et dont la population a été multipliée par 10 depuis 1950, et ce du fait de la disponibilité quasi illimitée en énergies fossiles. Si l’on compare à notre pays, la population n’y a « que » doublé depuis 1900. On voit donc qu’historiquement, la croissance de la population a joué un rôle majeur dans les émissions globales des pays occidentaux.
L’infographie publiée par l’AFP, et qui a tant fait parler d’elle, présente le bilan carbone d’un nouvel enfant par rapport à diverses attitudes considérées comme « vertueuses » pour l’environnement, et on va en gros de 1 à 60 si l’on devient végétarien ou si l’on renonce à cette nouvelle naissance. Au-delà de cette précision discutable, il est indéniable que, pour l’avenir, le nombre d’humains supplémentaires dans les pays développés va compter dans leurs émissions de CO2. Faut-il pour autant arrêter de faire des enfants ? Bien évidemment non. Par contre, au-delà du seuil de renouvellement du couple, c’est-à-dire deux enfants, il nous semble légitime à Démographie Responsable de se poser la question et de bien prendre conscience du peu d’impact qu’auront les autres gestes écologiques de compensation.
Ceci étant, dans nos pays, la natalité a beaucoup baissé. En revanche, dans les pays en voie de développement et particulièrement en Afrique, la fécondité est encore explosive avec une moyenne de 4,6 enfants par femme et même une pointe à 7,3 au Niger ! Certes aujourd’hui, les émissions de ces pays sont très faibles par rapport aux nôtres. Mais si l’on espère, et à juste titre, que ces pays se développent et atteignent un niveau de vie relativement élevé, il est clair que les plus de 3 milliards d’habitants supplémentaires qui y sont prévus par l’ONU d’ici la fin du siècle risquent de peser très lourd dans le bilan carbone de l’humanité.
Pour conclure je dirais qu’il faut marcher sur ses deux jambes, d’une part, les pays riches doivent faire drastiquement baisser leurs émissions, quitte d’ailleurs à ne plus subventionner la natalité au-delà de deux enfants comme le fait encore la France, et d’autre part, moyennant des aides financières internationales massives au planning familial et à l’éducation, les autres pays doivent faire baisser leur fécondité.
Le consommateur de demain, un bouc émissaire idéal. Modifions plutôt nos usages !
Guillaume de Longeville
Délégué régional du SIEL (Souveraineté, Identité Et Libertés) en Auvergne-Rhône-Alpes. Délégué SIEL Allier.http://www.siel-souverainete.fr
Admettons, pour ce débat, l’hypothèse du GIEC selon laquelle une baisse des émissions humaines de gaz à effet de serre (GES) pourrait lutter contre le réchauffement climatique. Affirmer qu’une réduction des naissances permettrait de baisser ces émissions de GES est simpliste voire idéologique. La croissance démographique contribue aux émissions de GES mais dans une moindre mesure par rapport aux autres facteurs (1). Outre les problèmes éthiques et l’injustice qu’elle induit (les pays où la natalité est la plus forte étant ceux émettant le moins de GES), une réduction des naissances n’aurait un effet qu’à long terme sur les émissions de GES (2) (sans que l’on puisse prédire avec certitude cet effet) et pourrait même les aggraver à court/moyen terme dans les pays en situation de dénatalité.
La plupart des pays ont déjà engagé/terminé leur transition démographique. La population diminue déjà en Europe, Russie, Chine, Japon, Canada… (3), entraînant un vieillissement de population, un recours à la main d’œuvre étrangère et les difficultés induites (sociales, économiques, identitaires, sécuritaires, etc.). La plupart des analyses et modèles de prévision omettent l’impact de la baisse de natalité sur de nombreux autres paramètres comme la taille des ménages, le vieillissement de population, les changements de comportements, l’urbanisation, etc. (4)(5)
– La hausse des revenus est unanimement considérée comme la 1ère de toutes les causes d’émission de GES. Or, en France comme ailleurs, les revenus des ménages diminuent lorsque le nombre d’enfants du ménage augmente (6). Le fameux 3ème enfant n’y entraîne pas une hausse sensible des émissions de GES (7).
– Une baisse du taux de fécondité en période de croissance économique est souvent accompagnée d’une baisse du nombre de personnes par ménage, ce qui entraîne une hausse des émissions de GES (8) ; il a été démontré, par ex., qu’un divorce cause plus d’émissions de CO2 qu’une nouvelle naissance (9).
– Un vieillissement de population peut lui aussi entraîner une hausse des émissions de GES (10). C’est le cas en Europe actuellement (11). De même qu’une baisse de densité de population peut entraîner des comportements individuels plus émetteurs en GES et qu’un manque de main d’œuvre peut entraîner une hausse de mécanisation émettrice de GES.
Selon l’ONU, “la relation entre croissance démographique et augmentation du volume des émissions de GES n’est pas constante, et les scénarios relatifs aux tendances futures des émissions ne permettent pas d’évaluer les effets de la dynamique démographique en les dissociant des changements économiques et technologiques” (12). Le moyen le plus rapide et certain de limiter les GES en Europe est de modifier nos usages et consommation, d’adapter l’habitat et de développer des énergies moins émettrices.
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