Nouvelle Constitution en Tunisie, « Oak Fire » en Californie, le pape François au Canada, … Que s’est-il passé dans le monde cette semaine ?

Un globe entouré avec plusieurs sujets (pape François au Vatican, ...)

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Car il se passe aussi des choses loin de nos frontières. En 8 infos, on vous résume (presque) toute l’actualité internationale de la semaine !

1. La nouvelle Constitution adoptée malgré les controverses en Tunisie

La Tunisie va adopter une nouvelle Constitution après un référendum proposé par le président Kaïs Saïed. Son adoption n’était pas remise en cause mais l’abstention était particulièrement scrutée. Ce lundi, le « oui » l’a emporté à 94,6 % avec un taux de participation proche des 30 %. Cette nouvelle loi fondamentale offre de plus vastes pouvoirs au président et fragilise la jeune démocratie tunisienne. 

L’opposition avait décidé de boycotter le scrutin pour affaiblir la légitimité de ce texte. La coalition d’opposants du Front du salut national (FSN) a dénoncé un texte « taillé sur mesure » pour Kaïs Saïed, a accusé l’autorité électorale (Isie) d’avoir « falsifié » les résultats. En effet, les premiers résultats annonçaient que 2,46 millions de Tunisiens s’étaient rendus aux urnes avant de rehausser les chiffres à 2,756 millions d’électeurs. Une rectification qui a fait bondir l’opposition.

Inquiétude pour la communauté internationale

Élu en 2019, Kaïs Saïed avait dissous le Parlement avant de s’emparer de tous les pouvoirs en juillet 2021 pour que le pays redevienne « gouvernable ». Malgré l’inquiétude de la communauté internationale avec l’adoption de cette nouvelle Constitution, des centaines de partisans du président sont descendus célébrer le succès dans les rues de Tunis. 

Le système parlementaire mise en place en 2014 laisse sa place à un régime présidentiel. Le président pourra dorénavant désigner le chef du gouvernement et les ministres et les révoquer à sa guise. Avec cette nouvelle loi fondamentale, une deuxième chambre va représenter les régions et surtout pour faire un contrepoids supplémentaire à l’Assemblée des représentants. Une majorité des experts estiment que la Constitution de ce juriste de métier manque de garde-fous et pourrait « ouvrir la voie à un régime dictatorial ». 

Kaïs Saïed a placé son bulletin de vote lundi pour le referendum constitutionnel
Kaïs Saïed a placé son bulletin de vote lundi pour le referendum constitutionnel

2. L’île de Vanuatu a un nouveau président

Le président de Vanuatu, une île du Pacifique proche de la Nouvelle-Calédonie, est désormais connu. Du 21 au 23 juillet, les 58 membres du collège électoral se sont réunis pour désigner le nouveau président de la République. Ce poste est essentiellement honorifique puisque le Vanuatu est un régime parlementaire. Le président peut toutefois nommer les magistrats et il conserve le droit de grâce. 

Cependant, cette élection n’est pas si simple puisqu’il faut obtenir la majorité avec 38 voix pour être élu. Le collège électoral, qui est composé des 52 députés du Parlement et des 6 présidents de régions, n’a pas réussi à s’entendre avant 8 tours ! Le parti au pouvoir, Vanua’aku Pati, disposait d’une trentaine de soutiens mais les opposants du Mouvement de réunification pour le changement leur ont compliqué la tâche. 

Lors de la plupart des votes, le diplomate Nikenike Vurobaravu avait une trentaine de voix mais il a fallu attendre le huitième tour pour qu’il obtienne la majorité nécessaire. Le gouvernement a notamment passé des accords pour permettre à son candidat d’être élu avec 48 voix sur 55. En poste pour cinq ans, Nikenike Vurobaravu est devenu le 12ème président du pays. Il a promis d’encourager l’unité du pays et de promouvoir la question du dérèglement climatique.

https://twitter.com/Jaxniel/status/1550676183926247424

3. La mission de l’ONU fortement contestée en RDC

La mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco) est remise en cause depuis quelques jours. Ce mardi, trois membres de la mission onusienne et sept manifestants ont été tués dans le carrefour commercial de Butembo, au nord-ouest du pays. Le communiqué de la Monusco précise qu’il s’agit « d’un casque bleu et de deux membres de la Police des Nations Unies » avant d’ajouter que « les assaillants ont violemment arraché des armes à des éléments de la Police nationale congolaise et tiré à bout portant sur nos forces de maintien de la paix ». Le gouvernement congolais fait état de 15 morts et 61 blessés lors des manifestations. La situation instable pousse l’ONU à mobiliser des renforts pour cette région. 

Plus au Sud, à Goma, les incidents ont fait cinq victimes. Des centaines de personnes avaient envahi les abords de la base de l’ONU et son camp de transit. Les manifestants réclament le départ de la mission avec des slogans comme « bye bye Monusco ». La veille, des centaines de Congolais avaient manifesté dans les rues de Goma pour les mêmes revendications. Depuis trois décennies, le pays est déstabilisé par des groupes armés locaux. Les casques bleus sont généralement accusés d’inefficacité dans la lutte contre ces milices. 

L’ONU est présente depuis 1999 en République démocratique du Congo pour pacifier et stabiliser le pays après la guerre du Congo (1998-2003) et les différents pillages de groupes isolés. La Monusco compte plus de 14 000 soldats de la paix et devrait potentiellement se renforcer pour contenir de prochaines contestations. Avec un budget annuel d’un milliard de dollars, la mission est l’une des plus importantes et des plus coûteuses du monde.

Un casque bleu avec un hélicoptère au-dessus
MONUSCO est extrêmement controversé en République démocratique du Congo © MONUSCO/Sylvain Liechti

4. Quatre prisonniers exécutés en Birmanie

La situation prend un nouveau tournant en Birmanie entre la junte et la résistance. Depuis le coup d’État de février 2021, les putschistes essayent de faire taire les manifestants. Le 4 juin dernier, le pouvoir en place avait condamné à mort quatre opposants. Cette annonce avait déjà été vivement contestée mais la junte est quand même passée à l’acte. 

Ce lundi, la Birmanie a appris la pendaison de quatre opposants qui étaient incarcérés. Les familles ont découvert la nouvelle dans la presse et n’ont pas pu récupérer les corps. Parmi eux, Phyo Zeya Thaw, ancien député du parti d’Aung San Suu Kyi, l’ex-dirigeante et Nobel de la paix 1991. Il était également le pionnier du hip-hop dans le pays avec son groupe Acid. Dans ses chansons, il critiquait déjà l’armée mais c’est pour des graffitis qu’il fut emprisonné pendant trois ans (2008-2011). En novembre dernier, il a été de nouveau arrêté pour avoir manifesté contre le régime actuel.

Premières exécutions depuis 1988

L’écrivain Kyaw Min Yu, surnommé Jimmy, a également été exécuté. Il a notamment été un des leaders du soulèvement étudiant de 1988. Il avait déjà passé 15 ans en prison entre 1988 et 2003. Deux autres personnes ont été pendues pour avoir tué une femme qu’ils soupçonnaient d’être une informatrice de la junte.

Ces exécutions ont particulièrement choqué en Birmanie. Le pays n’avait pas eu recours à la peine de mort depuis 1988. Contre des manifestants et une résistance qui s’organise, l’armée a décidé de ne rien laisser passer. Depuis le coup d’État, plus de 2 000 civils ont été tués et 15 000 personnes ont été arrêtées. Tom Andrews, rapporteur pour les Nations unies en Birmanie, a dévoilé que de nombreux villages ont été brûlés et des centaines d’adolescents battus à mort.

Manifestations en Birmanie en 2021
Le gouvernement d’unité nationale (NUG) qui vit dans la clandestinité appelle à une guerre armée totale contre la junte

5. Des centaines de répliques après un violent séisme aux Philippines

Ce mercredi matin, le nord des Philippines a été frappé par un tremblement de terre de magnitude 7. Cinq personnes ont été tuées et plus de 150 blessées ont été recensées d’après le dernier bilan. De nombreux bâtiments ont été détruits et les secousses ont été ressenties jusqu’à Manille, la capitale à plus de 300 kilomètres.

La situation ne s’est pas améliorée depuis. Toutes les 20 minutes, de nouvelles répliques se produisent. L’agence sismologique locale a enregistré plus de 800 répliques dont 24 suffisamment importantes pour être ressenties. La grande majorité des familles ont dormi à l’extérieur de leur habitation dans des tentes. Les répliques devraient continuer pendant encore « plusieurs semaines » selon Renato Solidum, directeur de l’Institut philippin de volcanologie et de sismologie. Ferdinand Marcos Jr, président des Philippines, a fait le déplacement dans la région ce jeudi matin pour constater les dégâts.

Le tourisme est également impacté puisque plusieurs sites ont été endommagés. Le clocher de Bantay, une des principales attractions du pays, s’est effondré. Le pays est habitué aux séismes puisqu’il est situé sur la « Ceinture de feu », un arc d’activité sismique qui entoure l’océan Pacifique. Le dernier tremblement de terre de cette intensité date de 2013. À l’époque, il avait fait plus de 200 morts et 400 000 déplacés. 

Ferdinand Marcos Jr s'est rendu dès le jeudi dans les régions sinistrées ©bongbongmarcos
Le président Ferdinand Marcos Jr s’est rendu dès le jeudi dans les régions sinistrées ©bongbongmarcos

6. « Oak Fire » dévaste une partie de la Californie

Depuis le 22 juillet, une partie de la Californie est ravagée par les flammes. Les feux étaient particulièrement rares cette année aux États-Unis avant que l’incendie commence dans la région de Mariposa, à l’entrée de la sierra Nevada. À proximité du parc national de Yosemite et des célèbres séquoias géants, le « Oak Fire » a déjà détruit 7 500 hectares pour devenir l’incendie le plus important de l’année. Plus de 80 bâtiments ont également été détruits. Ce jeudi, 36 % des feux étaient contenus mais la sécheresse n’aide pas les pompiers à les réduire plus rapidement. 

Des arbres morts à cause des sols arides accélèrent la propagation des flammes. Les soldats du feu sont ralentis par les rafales de vent qui sont extrêmement présentes pendant les après-midi. Quelques gouttes de pluie ont laissé germer un espoir mais les températures sont reparties à la hausse. En journée, il fait plus de 35 °C et le thermomètre ne descend pas en dessous de 22 °C dans la région. 

Le feu devrait durer jusqu’à dimanche minimum malgré le combat de plus de 3 000 pompiers. Les véhicules n’arrivent plus à monter sur les collines à cause des incendies. Les agents sont donc obligés de monter à pied avec plus de 30 kg de matériel. Rick Carhart, porte-parole des pompiers californiens, explique que « les prochaines heures vont être cruciales, il faut que les hélicoptères continuent à larguer de l’eau sur les points chauds pour les refroidir et après, il faudra réussir à faire venir les équipes dans la zone. »

Les pompiers devant les incendies
Chaque année, la Californie est touchée par des méga-feux. Les pompiers s’activent pour éteindre les incendies ©California Governor’s Office of Emergency Services

7. Un millier de migrants arrivent en quelques heures sur les côtes italiennes

Depuis dimanche, des centaines de migrants arrivent sur l’île italienne de Lampedusa et de Sicile. Trois navires humanitaires enchaînent les allers-retours pour secourir les personnes qui tentent de traverser la Méditerranée. Avec des canots de fortune ou des pneumatiques dégonflés, les rescapés sont partis de Libye et de Tunisie pour atteindre les côtes italiennes. Dimanche, 522 personnes étaient arrivées avec 15 embarcations différentes. Les autorités ont retrouvé le corps de cinq personnes lors des opérations de sauvetage. 

En quatre jours, 1 200 naufragés ont été secourus par les équipages du SeaWatch, de SOS Méditerranée et de Médecins Sans Frontières. Cependant, le navire SeaWatch patiente depuis le week-end dernier avec 430 personnes à bord. Le bateau cherche à accoster à un port mais il attend toujours une réponse de l’Italie. Anne, chef des opérations du SeaWatch3, s’agace : « Ce sont nos navires de secours civils qui tentent activement d’éviter les morts en Méditerranée centrale et les rapatriements illégaux. Ce qui se passe aujourd’hui n’est ni une surprise, ni un accident, ni une urgence… C’est la conséquence d’une décision politique de l’Italie et de l’Europe, de mettre délibérément en danger la vie des personnes migrantes. »

Entre le 1er janvier et le 22 juillet, 34 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes. Un nombre en constante augmentation sur la route migratoire la plus dangereuse du monde. Cette recrudescence arrive en même temps que la situation incertaine de la politique italienne. Après la démission du Premier ministre Mario Draghi, de nouvelles élections devraient avoir lieu le 25 septembre prochain.

Sea Watch 3 en pleine mer
Le navire allemand Sea-Watch 3 s’occupe de récupérer les rescapés vers les côtes libyennes ©Sea-Watch Org

8. Le pape François s’excuse vis-à-vis des peuples autochtones au Canada

Loin des foules qu’il réunissait auparavant, le pape François a entaméé un voyage au Canada du 24 au 29 juillet. Avec un état de santé dégradé, le pape se déplace en déambulateur ou en fauteuil roulant. Il a demandé pardon aux peuples autochtones du Canada. Le chef du Vatican a évoqué une « erreur dévastatrice » et il a reconnu la responsabilité de certains membres de l’Eglise dans ce système dans lequel « les enfants ont subi des abus physiques et verbaux, psychologiques et spirituels »

Le souverain pontife a rappelé que ce n’était que la première étape. De la fin du XIXe siècle aux années 1990, 150 000 enfants des peuples autochtones ont été enlevés de leurs familles pour une assimilation forcée. Plus de 6 000 enfants ont péri dans ce « génocide culturel ». L’impact du pape François reste limité puisque les autorités attendaient 15 000 personnes à Maskwacis mais seulement 2 000 curieux sont venus le rencontrer. De plus, les peuples amérindiens sont déçus par cette déclaration. Ils réclament des excuses pour les actions de l’Église et non de certaines personnalités. 

L’Église catholique bien après les autres

Le gouvernement canadien a reconnu son erreur il y a 14 ans et a depuis versé des milliards de dollars de compensation. Il s’est excusé pour avoir « tué l’indien dans le cœur de l’enfant ». L’Église anglicane s’était également excusée alors que la branche catholique refusait de le faire avant cette visite. Dans un pays de moins en moins adepte du Vatican, le « pèlerinage pénitentiel » laisse un goût d’inachevé pour le pape et les croyants canadiens.

pape françois avec une femme amérindienne
En 2002, Jean-Paul II était le dernier pape à se déplacer au Canada avant la visite de François ©Vatican News

 

 

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