Pour ou contre la privatisation des radars embarqués ?

Le contexte

Qu’est-ce que sont les radars embarqués ?
Un radar « embarqué » est un appareil dit « mobile », installé à bord d’une voiture banalisée. Ils ciblent et flashent les conducteurs responsables de grand excès de vitesse qui les doublent ou qu’ils croisent. Ils ne sont ni signalés sur la route ni visibles pour les usagers grâce au flash infra-rouge.
Aujourd’hui, ces voitures circulent avec un équipage de deux policiers ou gendarmes, l’un
est affecté à la conduite, l’autre au réglage sur une tablette de la vitesse autorisée à l’endroit traversé..

Pourquoi les privatiser ?
La privatisation de ces radars consiste à déléguer ces contrôles à des sociétés privées. L’objectif étant d’augmenter leur utilisation mais aussi de rallonger la circulation quotidienne des voitures banalisées de 1h30 à 3-4h par jour.
Les forces de l’ordre pourraient ainsi être réaffectées à d’autres missions plus prioritaires comme le contrôle d’alcoolémie ou de stupéfiants.

Pourquoi on en parle en ce moment ?
Annoncée l’année dernière, cette mesure prévue initialement pour janvier 2017, puis désormais pour septembre 2017, avait beaucoup inquiété les associations d’automobilistes. Selon elles, les sociétés privées, de par leur statut, ne seraient motivées que par le gain et non par la sécurité routière. L’habileté à analyser une situation dangereuse sur la route avait également été évoquée.
Fin février, la polémique refait surface. L’association 40 millions d’automobilistes dénonce cette « excellente opération financière » pour l’État qui engrangera selon elle 2,2 milliards d’euros par an de recettes issues des amendes.

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

Quelle est votre opinion avant de lire cet article ?
LE « POUR »

Voiture-radar : une privatisation nécessaire

Billet rédigé par :

Emmanuel BARBE pour la privatisation des radars embarquésEmmanuel Barbe

Délégué interministériel à la sécurité routière

www.securite-routiere.gouv.fr

Parce que la vitesse excessive ou inadaptée conditionne la survenance ou la gravité des accidents et est responsable de 26% des accidents mortels, des voitures-radar ont été déployées en 2013 pour contrôler la vitesse partout sur nos routes. Elles sont activées par deux policiers ou deux gendarmes. L’un conduit, l’autre fixe sur une tablette la vitesse autorisée. La voiture détecte et flashe seule les véhicules en excès de vitesse. Les données sont transmises au centre de Rennes. C’est là, et pas dans les voitures, que d’autres policiers ou gendarmes constatent l’infraction.

Cette organisation présente deux faiblesses : occuper les forces de l’ordre à des tâches ne nécessitant nullement leur qualification ; limiter fortement l’utilisation des voitures (1h20/j en moyenne), les empêchant de remplir leur mission.

Voilà pourquoi le gouvernement a décidé de confier au privé la seule conduite de ces voitures. Pas la verbalisation : cela serait inconstitutionnel.

Les changements : la voiture lira automatiquement les panneaux de vitesse, la détermination de la vitesse autorisée, élément constitutif de l’infraction, ne pouvant être confiée au privé. Le chauffeur se bornera à conduire. Comme son employeur, il ignorera si et quand la voiture flashe (ni signal lumineux ou sonore, ni image : la tablette est supprimée). Il suivra, sur un GPS, le parcours prédéterminé par les préfectures, rétribuée au nombre d’heures d’utilisation du véhicule. Il n’y aura donc pas la moindre « prime au rendement ». Les entreprises privées ne seront jamais, en aucune façon, rémunérées en fonction du nombre d infractions constatées, cela sera garanti par les marchés publics.

Résultat : les voitures tourneront de 6 à 8 heures par 24 heures. 400 policiers et gendarmes seront rendus à des missions non automatisables : contrôles d’alcoolémie, de stupéfiants, lutte contre les cambriolages etc. Et 1 000 emplois seront créés.

Ce qui ne changera pas : les trajets suivis par les véhicules resteront déterminés par d’uniques objectifs de sécurité routière. La marge de tolérance du radar restera de 10 km/h ou de 10% (selon le résultat le plus favorable au contrevenant) : quiconque sera normalement attentif aux limitations de vitesse ne risquera rien. Les voitures resteront la propriété de l’Etat et seront stationnées dans les locaux de police ou de gendarmerie.

Lutter contre la violence routière est l’unique objectif de cette mesure. Les contraventions supplémentaires qui pourront résulter du nouveau système ne compenseront jamais les 3,4 Md€ dépensés annuellement par l’Etat contre la violence routière ou les 32 Md€ du préjudice annuel qu’elle cause à la collectivité nationale.

LE « CONTRE »

Voiture-radar : une privatisation scandaleuse

Billet rédigé par :

Pierre Chasseray contre la privatisation des radars embarquésPierre Chasseray 

Délégué général de l’association « 40 millions d’automobilistes »

www.40millionsdautomobilistes.com

Rarement il a été donné de voir un tel projet recueillir autant d’opposition dans l’opinion publique.

Il est vrai que le système des radars en France n’a rien de particulièrement populaire mais soyons clairs : le débat actuel dépasse largement le simple clivage de savoir si l’on est pour ou contre le système des radars embarqués. Il s’agit de savoir si chacun d’entre nous, en son âme et conscience, est prêt à soutenir la mise en place d’un trait d’union entre les radars et les sociétés.

On nous explique à grands renforts de communication que les sociétés n’auront aucun intéressement au nombre de flashs, qu’il s’agit uniquement de conduire le véhicule, que pour faire cela, il n’y a nul besoin d’un agent des forces de l’ordre.

Ah bon ? Alors dans ce cas, pourquoi une entreprise ? Pourquoi ne pas avoir imaginé confier cette mission à des fonctionnaires ?

On le voit bien. Tous ces arguments ne tiennent pas la route ! Et les Français ne sont pas dupes. Bien évidemment, cette privatisation cache un intérêt lucratif. Selon les estimations de notre association, c’est plus de 2 milliards d’euros qui pourraient être générés grâce à cette nouvelle tirelire.

C’est sans doute pour cette raison que depuis le lancement de notre manifestation numérique accessible depuis notre site Internet, près de 500 000 d’entre nous ont déjà participé et se sont déjà engagés auprès de l’association « 40 millions d’automobilistes » ! Déjà, deux candidats à l’élection présidentielle se sont prononcés en faveur de l’abandon de cette mesure (Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen).

Nous devons poursuivre notre mobilisation pour convaincre tous les autres. Car ce débat doit dépasser aussi les clivages politiques et ce sont tous les candidats qui doivent s’exprimer sur ce dossier aussi majeur que scandaleux. Et pour cela, nous avons besoin de votre engagement.

Alors si vous aussi, vous refusez fermement que les radars soient mis entre les mains de sociétés privées, soutenez notre action ! Je compte sur vous ! Rendez-vous sur www.nonalaprivatisationdesradarsembarques.com.

 

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