📋 Le contexte 📋
Une salle de shoot ou salle de consommation à moindre risque (SCMR) est un lieu où les toxicomanes peuvent venir pratiquer leur injection (et consommer du crack depuis 2019) dans de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène ainsi qu’en présence d’un personnel formé. Il est aussi possible d’y échanger les seringues. Par contre, la drogue n’est pas fournie aux usagers en situation de dépendance. Elles se situent généralement à proximité des lieux d’achats et de consommations des produits.
Une loi de 2016 a autorisé l’expérimentation des salles de shoot jusqu’en 2022. Deux structures de ce type ont été lancées depuis, à Strasbourg et à Paris.
Mardi 14 septembre, les députés Caroline Janvier (LREM) et Stéphane Viry (LR), chargés d’une mission flash sur le sujet, ont jugé les SMCR « utiles et efficaces », mais souligné qu’il fallait privilégier l’ouverture de nouvelles salles « au niveau de scènes déjà existantes », c’est-à-dire de quartiers où les consommateurs ont l’habitude de consommer dans la rue.
Et ce mercredi 15 septembre, le Premier ministre a approuvé l’aménagement de plusieurs nouvelles SCMR (Salle de consommation à moindres risques) à Paris dans le but de lutter contre les ravages du crack. Après la SCMR de Lariboisière, quatre nouvelles salles vont donc pouvoir ouvrir dans la capitale, dont les quartiers du nord-est sont minés par le crack et les nuisances liées aux centaines de consommateurs de cette drogue ultra-addictive. « La création de nouveaux lieux dédiés à l’accueil et au repos sera soutenue par les services de l’Etat », a indiqué Jean Castex dans un courrier à la maire de la capitale, en réponse à la missive envoyée par Anne Hidalgo fin août. Le Premier ministre émet toutefois une réserve sur la localisation des sites, notamment celui prévu dans le 20ème arrondissement.
Que ce soit entre élus locaux, riverains ou professionnels de santé, le sujet divise. Défendues par certains pour leur efficacité, elles sont attaqués par des riverains et des élus qui les accusent de créer des nuisances importantes et de favoriser le trafic de stupéfiant.
Le sujet divise même au sein du gouvernement. Le cabinet du ministre de la Santé, Olivier Véran, a jugé « positif » le bilan des deux structures mises en place à Paris et Strasbourg en 2016. Au contraire, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’y montre hostile. « La drogue ne doit pas être accompagnée mais combattue », avait-il soutenu en juin 2021 alors qu’il s’était opposé à l’ouverture d’une salle similaire à Lille.
🕵 Le débat des experts 🕵
Les addictions sont des pathologies multifactorielles complexes et si le seul sevrage était le traitement miracle, il ne serait pas nécessaire de débattre des moyens à mettre en place pour accompagner les personnes vivant avec
une addiction. Alors oui, il faut accompagner les consommations [1] afin de permettre aux personnes les plus éloignées du système de soin, de préserver leur santé en période de consommation. Car, un état de santé
dégradé constitue un handicap pour envisager un arrêt de la consommation.
Grâce à l’épidémiologie, nous savons que la prohibition, l’interdiction de consommer dans tel ou tel lieu et la répression ne suppriment pas l’usage
Grâce à l’épidémiologie, nous savons que la prohibition, l’interdiction de consommer dans tel ou tel lieu, et la répression ne suppriment pas l’usage, Elles le rendent seulement illégal et très souvent invisible. Elles
accroissent les prises de risques, les dommages sanitaires et sociaux, et ralentissent l’accès à une réponse thérapeutique.
Des solutions fondées sur des données probantes existent. L’une d’entre-elles, basée sur une approche humaniste et pragmatique, produit des effets positifs à court et long terme en matière de santé, de sécurité et de
citoyenneté des personnes. Il s’agit de multiplier les espaces de consommations à moindre risque, encadrés par des professionnels de santé, en les intégrant dans les établissements spécialisés en addictologie existants. Cela permettrait de sortir du tabou de la consommation et du paradoxe que subissent les professionnels qui doivent accueillir, accompagner vers et dans le soin des personnes qui sont consommatrices de drogues, et de les
exclure, de les renvoyer chez elles, voire de les remettre à la rue quand elles consomment.
Multiplier les espace de consommation à moindre risque ce n’est pas l’incitation à consommer, c’est apporter une réponse de santé publique
Depuis 35 ans, le terrain avec plus de 180 structures d’accueil, de soins avec espaces de consommation à moindre risque dans le monde et les études scientifiques, montrent les mêmes résultats que ceux de l’évaluation
menée par l’Inserm, des deux dispositifs expérimentaux situés à Paris et Strasbourg : amélioration de la santé des consommateurs de drogues (baisse des infections au VIH, au virus de l’hépatite C, des complications
cutanées dues aux injections et des overdoses) ; diminution des passages aux urgences (coûts médicaux importants ainsi évités) ; diminution des injections et du nombre de seringues abandonnées dans l’espace public ;
absence de détérioration de la tranquillité publique. [2]
Multiplier les espaces de consommation à moindre risque ce n’est pas de l’incitation à consommer, c’est apporter une réponse de santé publique qui permet d’offrir à la personne un espace sécurisé afin d’entamer un parcours
de santé.
[2] Inserm : www.inserm.fr
Depuis 20 ans, le fléau du crack se répand dans le nord-est de Paris. Dernièrement, les situations dramatiques autour de la place Stalingrad et des jardins d’Éole ont été médiatisées ; elles s’aggravent chaque jour. La Mairie de Paris et le Gouvernement se renvoyant la responsabilité.
Avec notre groupe Changer Paris, nous n’avons eu de cesse de mettre en garde sur l’urgence d’agir. La seule « solution » avancée par la majorité d’Anne HIDALGO nous vient d’un projet expérimenté à Paris et à Strasbourg depuis la présidence HOLLANDE, celui des « salles de shoot » pudiquement renommées « salles de consommation à moindre risque ».
Elles sont le symbole d’un renoncement à sortir de l’addiction, voire même d’une légalisation de la drogue
En France, nous avons développé depuis longtemps un réseau efficace de structures pour lutter contre ces risques. Nous avons fait le choix de ne pas nous appuyer sur des salles de consommation mais sur d’autres organismes
comme les CAARUD, cela pour garder une cohérence juridique (la consommation de drogue et l’aide à la consommation de drogue sont punies par la loi) et une cohérence politique (nous n’acceptons pas d’aider les personnes à se détruire).
Cependant, l’objectif de sevrage a progressivement disparu au profit d’un fatalisme, ou pire, de la connivence de certains souhaitant légaliser la consommation de la drogue. Nous déplorons l’insistance avec laquelle la majorité municipale s’attache à ce projet de « salles de shoot » tout en refusant d’en voir s’installer à côté de chez eux ! Cette obstination se fait au détriment d’une prise en charge globale des toxicomanes. Il ne faut pas oublier que les personnes consommant des drogues sont d’abord et avant tout consommées par la drogue. Face au crack, ces salles n’ont d’ailleurs pas d’utilité : cette drogue est fumée et non injectée, elle ne présente pas les risques contre lesquels les SCMR doivent lutter.
Les « salles de shoot » se limitent à de « l’éducation ». Pire, elles sont le symbole d’un renoncement à sortir de l’addiction, voire même d’une légalisation de la drogue. Quel signal pour les jeunes générations ! Dans le 10ème arrondissement, où une salle est expérimentée depuis 2016, nous connaissons aussi ses effets désastreux sur la tranquillité publique. Elle favorise la fixation des consommateurs, les dégradations, les injections à
la vue de tous, rixes, prostitution, viols, agressions.
Il ne faut pas accompagner les gens à se droguer, mais lutter contre la drogue et ses effets
Anne HIDALGO veut les multiplier afin de répartir la problématique du crack sur l’ensemble du territoire parisien. Il ne faut pas accompagner les gens à se droguer, mais lutter contre la drogue et ses effets. Les « salles de shoot » ne le permettent pas ; pire, elles confortent les toxicomanes dans leur addiction.
Avec Rachida DATI, nous défendons le recours aux injonctions de soins, prévues par la loi, afin de venir en aide aux personnes ayant perdu leur libre- arbitre. Nous demandons la création de lieux de prise en charge globale :
médicale, psychiatrique et sociale. De telles structures transversales, adaptées aux situations complexes des toxicomanes, n’existent toujours pas !