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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Le téléphone fixe en prison : une évidence !
Rappelons rapidement qu’une personne en détention est un être humain privé de liberté. C’est tout : il reste un citoyen.
Cette personne a une famille, une femme, des enfants…parfois éloignés géographiquement. Il peut communiquer par lettres, par le téléphone commun mais sans intimité et avec des numéros identifiés…..ou par le portable : moyen illégal mais pourtant toujours très présent.
L’administration pénitentiaire est très consciente de ce problème et elle ne fait qu’accompagner la réalité. Ne soyons pas naïfs, elle pourra mieux surveiller un poste fixe (avec des numéros contrôlés) qu’un portable.
Rien n’est gratuit en prison
D’autre part n’oublions pas que le détenu paiera son abonnement, chaque unité d’appel. Contrairement aux idées reçues, rien n’est gratuit en prison, paieront ceux qui pourront !
Mais j’attends le concret, l’installation effective car dans ce domaine l’administration est très lente et parfois sujette à des coupes budgétaires, alors attendons.
Et puis pour diminuer les tensions en prison : la tolérance s’impose, d’où les portables….tolérés, la drogue tolérée….et le téléphone fixe pourrait donc lui aussi diminuer les tensions.
Le détenu redevient un être humain sociable et apaisé
Restons lucide encore une fois : le téléphone fixe sera pour le détenu « lambda » : un plus pour lui, l’intimité avec ses proches, un maintien du lien familial, social…..il redevient un être humain sociable et apaisé, à moins que nous préférions fabriquer des bêtes fauves.
Le portable sera toujours là , je le crains pour les trafiquants, les contacts illégaux et autre fous de dieu etc….c’est le problème de la pénitentiaire, autre question.
Donc oui au téléphone fixe en cellule surveillé, contrôlé et payant pour celui qui pourra !!!!
Contre la mise en place de téléphones fixes dans les cellules !
Guillaume Jeanson
Porte-parole de l’Institut pour la Justice et avocat au barreau de Parishttp://www.institutpourlajustice.org
Préserver les liens familiaux des détenus est une préoccupation légitime. Il faut cependant la poursuivre par d’autres moyens que par la mise en place de téléphones fixes dans l’ensemble des cellules des prisons françaises.
Car rien ne permet en effet de s’assurer que cette mesure ne sera pas, le plus souvent, détournée à des fins de poursuite d’activités criminelles, de pressions exercées sur les victimes ou leurs familles, de préparations d’évasions ou même d’attentats.
Les syndicats de la pénitentiaire ont dénoncé le fait que la limitation annoncée du nombre de numéros pouvant être appelés depuis ces téléphones n’empêchera pas, en effet, d’entrer en contact avec n’importe qui : « On sait pertinemment qu’au bout du fil, il peut y avoir un autre interlocuteur. Et là, ce n’est pas contrôlé du tout. » En réponse, le ministère promet l’écoute de ces lignes. Il est pourtant évident que l’administration pénitentiaire sera bien incapable de mobiliser suffisamment de personnel pour surveiller efficacement près de 50.000 nouvelles lignes téléphoniques qui seront ouvertes 24h/24, c’est à dire y compris toute la nuit, alors que jusqu’ici elle peinait déjà à le faire juste de jour, sur des créneaux horaires limités, et pour quelques lignes seulement.
Proprement illusoire
Certains prétendent que l’installation de ces téléphones permettrait de lutter contre les trafics de téléphones portables en prison. C’est proprement illusoire. Tout d’abord, parce qu’un détenu désireux de poursuivre ses activités délictueuses ou d’en préparer de nouvelles utilisera rarement à cette fin ce nouveau téléphone fixe (comme il n’utilise déjà pas aujourd’hui pour ce faire les lignes téléphoniques mises à sa disposition dans les
coursives des prisons). Ensuite, parce qu’en raison du coût prohibitif annoncé pour l’utilisation de ces téléphones, nombreux seront les détenus à préférer, même pour leurs conversations anodines, la modicité du coût de communication que leur confèrent leurs portables prohibés.
Il n’est pas inintéressant de rappeler pour conclure que le secrétaire du syndicat pénitentiaire des surveillants de Montmédy (le lieu qui avait été choisi pour réaliser l’expérimentation de cette mesure) avait lui-même révélé que si certains détenus utilisaient le téléphone mis à leur disposition, la majorité n’en voyaient cependant pas l’utilité et préféraient bien utiliser leurs téléphones illégaux. Il ajoutait même : « De nombreux téléphones fixes ont déjà été cassés ou transformés en cachette. Ils s’en servent parfois aussi pour faire des chargeurs artisanaux. »