Négociation entre la Russie et la Turquie, construction de la station spatiale chinoise, bazar au sommet des Amériques… Que s’est-il passé dans le monde cette semaine ?

Russie

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Car il se passe aussi des choses loin de nos frontières. En 8 infos, on vous résume (presque) toute l’actualité internationale de la semaine !

1. Un référendum pour réformer la Constitution du Kazakhstan

Ce dimanche, les Kazakhstanais ont approuvé à 77 % le référendum pour une réforme constitutionnelle. Au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1991, l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev (1990-2019) et son entourage vont être écartés avec ce bouleversement. En janvier dernier, de violentes contestations ont fait 230 morts et ont poussé les dirigeants à proposer une réforme constitutionnelle. L’actuel président, Kassym-Jomart Tokaïev, était considéré comme l’homme de main de la famille Nazarbaïev mais les contestations lui ont permis de prendre de l’influence.

La réforme prévoit de modifier environ un tiers des articles de la loi fondamentale. Il s’attaque surtout à Nazarbaïev puisque Tokaïev veut supprimer le « régime super-présidentiel ». Le dirigeant de 69 ans lui retire son titre d’ « Elbassy » (Chef de la nation) et l’autorité qui suit avec le titre. Un amendement devrait également interdire les fonctions gouvernementales aux proches des dirigeants pour éviter qu’une famille ne monopolise le pouvoir.

Le taux de participation était de 68 %
Le taux de participation était de 68 % (©Vladimir)

2.  L’Australie renoue avec ses voisins du Pacifique

L’Australie contre-attaque après la tournée de la Chine dans les îles du Pacifique. Pendant les neuf années au pouvoir de la coalition conservatrice et climato-sceptique, l’Australie s’était éloignée de ses voisins. Le nouveau gouvernement australien a donc décidé de relancer les relations avec ses pays. Penny Wong, la ministre des Affaires étrangères, s’est rendue aux Samoa la semaine dernière. Elle a promis d’offrir un patrouilleur en 2023 pour remplacer l’ancien qui a heurté un récif l’an dernier.

Juste avant, elle s’était rendue aux Fidji. Elle doit maintenant se déplacer aux Tonga pour s’entretenir avec les autorités locales. Malgré le refus des pays insulaires vis-à-vis de l’accord chinois, Pékin prend peu à peu de l’influence dans la région. L’Australie s’inquiète et entend rester une puissance de poids dans la région. L’ambassade de Chine à Canberra a rassuré en indiquant « n’avoir aucune intention de concurrencer » d’autres pays et « ne cherche pas à obtenir des droits exclusifs ».

Penny Wong s'est depuis déplacé aux Tonga et à Singapour
Penny Wong s’est depuis déplacé aux Tonga et à Singapour (©Minister for Foreign Affairs)

3. Trois taïkonautes s’envolent dans l’espace

Ce dimanche à 20h50 (heure locale), trois taïkonautes pénètrent dans le « Palais céleste », la station spatiale chinoise. Elle est encore en cours de construction mais elle devrait désormais être habitée en permanence. L’arrivée de Liu Yang (43 ans), Chen Dong (43 ans) et Cai Xuzhe (46 ans) a été diffusée en direct par la télévision publique CCTV. Durant leurs six mois en orbite, ils auront la lourde tâche de réceptionner et d’installer les deux derniers modules laboratoires. La station spatiale sera pleinement opérationnelle à la fin de l’année et devrait servir entre 10 et 15 ans. Avec sa forme en T, le « Palais céleste » aura des dimensions similaires à l’ancienne station russe Mir (1986-2001).

La Chine investit énormément dans son programme spatial depuis son exclusion de la Station spatiale internationale (ISS). Les Etats-Unis ont interdit à la NASA de travailler avec Pékin. La Chine a néanmoins réussi à poser un engin sur la face cachée de la Lune en 2019, une première mondiale. Depuis, elle a rapporté des échantillons de la Lune et terminé son « GPS chinois ». Pékin prévoit d’envoyer des humains sur la Lune en 2030 et de développer le tourisme spatial à plus long terme. La Chine est concurrencé par le programme « Artémis », que la France vient de rejoindre. Ce projet prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2025.

Le vaisseau de la mission Shenzhou-14 a décollé du centre de lancement de Jiuquan, dans le désert
Le vaisseau de la mission Shenzhou-14 a décollé du centre de lancement de Jiuquan, dans le désert de Gobi (©diy13)

4.  Sommet des Amériques totalement désorganisé

Les États-Unis voulaient profiter de ce sommet des Amériques, qui se déroule jusqu’à vendredi à Los Angeles, pour montrer l’union du continent. Malheureusement, la rencontre expose les divisions. 23 dirigeants doivent venir mais Washington n’a pas convié le Venezuela, le Nicaragua et Cuba en émettant des réserves sur leur démocratie. Une situation qui n’a pas plu à Andrés Manuel Lopez Obrador. Le président mexicain a annoncé qu’il ne viendrait pas dans ces conditions. Cette absence porte un poids significatif sur la portée des décisions. 

Joe Biden veut profiter de l’événement pour faire des annonces sur la coopération économique et la lutte contre le changement climatique. Malgré tout, le sujet important reste l’immigration. La Maison Blanche espère conclure un accord de coopération régionale alors que les personnes qui cherchent à rentrer aux États-Unis sont de plus en plus nombreuses. Pour protester, une « caravane » de plusieurs milliers de migrants s’est mise en route lundi dans le sud du Mexique pour rejoindre les États-Unis.

Arrivé ce mercredi, Joe Biden Le président Joe Biden a estimé que la démocratie était « un élément essentiel pour l'avenir des Amériques ».
Arrivé ce mercredi, Joe Biden Le président Joe Biden a estimé que la démocratie était « un élément essentiel pour l’avenir des Amériques ». (©Prachatai)

5. Un journaliste britannique et un expert brésilien disparaissent en Amazonie

L’inquiétude monte au Brésil quand on évoque le nom de Dom Phillips et Bruno Araujo Pereira. Depuis dimanche matin, le journaliste indépendant anglais et l’anthropologue brésilien sont portés disparus en Amazonie. Les deux hommes se sont rendus dans la vallée reculée de Javari, au sud-ouest du Brésil, pour l’enquête de Dom Phillips sur ce lieu. Ils ont été vus pour la dernière fois sur un bateau neuf avec 70 litres d’essence et un équipement de communication satellitaire. Un homme a été placé en détention qualifié de « suspect » par les autorités.

Ils auraient reçu des menaces de mort la semaine précédant leur disparition. Bruno Araujo Pereira, spécialiste des populations autochtones, était régulièrement menacé par des exploitants forestiers et miniers clandestins convoitant des terres indigènes. Dans cette région, des combats armés sont intenses entre les tribus isolées et les mineurs ou braconniers.  Jair Bolsonaro, le président brésilien a déclaré : « Deux personnes dans un bateau, dans une région comme celle-là, complètement sauvage, est une aventure qui n’est pas recommandable. Tout peut arriver ». Pelé, la légende du football brésilien, a partagé une vidéo de la femme du journaliste en ajoutant : « Le combat pour la préservation de la forêt amazonienne et la protection des groupes indigènes appartient à nous tous. »

La vallée de Javari est un des endroits les plus dangereux de la région
La vallée de Javari est un des endroits les plus dangereux de la région (©Thibault L)

6. Une attaque fait 22 morts dans une église au Nigéria

Pendant la messe de la Pentecôte, des hommes armés ont pris d’assauts une église à Owo, au sud-ouest du Nigéria. L’attaque a fait 22 morts et 58 blessés selon les derniers bilans. Sans rentrer dans le bâtiment, cinq hommes ont tiré à travers les fenêtres et ont fait exploser de la dynamite. Le gouverneur de l’Etat d’Ondo, Oluwarotimi Akeredolu, a appelé à retrouver les assaillants de cette « attaque ignoble et satanique ». 

Le Vatican a réagi dans la foulée par communiqué : « Alors que les détails de l’incident sont en train d’être clarifiés, le pape François prie pour les victimes et pour le pays, douloureusement affectés lors d’un moment de célébration. » Les attaques religieuses sont un enjeu majeur au Nigéria entre le Nord majoritairement musulman et le Sud majoritairement chrétien. Le reste du pays est fortement touché par l’insécurité mais les environs d’Owo sont relativement épargnés par les attaques terroristes. Le groupe djihadiste Boko Haram, qui a déjà pris pour cible des églises nigérianes, sévit davantage dans le nord-est.

Une grande majorité du Nigéria est concerné par des problèmes de sécurité, le sud-ouest était épargné pour l'instant
Une grande majorité du Nigéria est concerné par des problèmes de sécurité, le sud-ouest était épargné pour l’instant (©IFPRI)

7. La visite de réconciliation du roi Philippe en RDC

Depuis mardi et pendant six jours, Philippe, le roi des Belges,se rend pour la première fois en tant que monarque en République démocratique du Congo. Il est accompagné de la Reine Mathilde, du Premier ministre Alexander De Croo et de quelques ministres belges. Cette visite sert à normaliser les relations entre les deux pays après avoir été la propriété personnelle du roi Léopold II (1885-1908) et avoir été une colonie belge (1908-1960). En 2020, le roi des Belges avait formulé des regrets dans une lettre au président Félix Tshisekedi pour les 60 ans de l’indépendance.

Il a de nouveau exprimé des regrets ce mercredi. Le souverain a également remis un masque géant kakuungu à un musée congolais. Cet objet est utilisé par les peuples Suku lors des rites d’initiation pour protéger les jeunes. Cependant, c’est la dent de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance et Premier ministre exécuté en 1961, qui est fortement attendue dans les prochains jours au Congo. Alors que le pays est confronté à une montée des tensions avec son voisin rwandais, Kinshasa espère nouer un « nouveau partenariat » avec la Belgique. D’autres voix s’élèvent pour demander de véritables excuses et des réparations après la colonisation du pays.

Le roi Phillipe de Belgique est le premier monarque belge à venir en République démocratique du Congo depuis 12 ans (©Belga)
Le roi Phillipe de Belgique est le premier monarque belge à venir en République démocratique du Congo depuis 12 ans (©Belga)

8. Une position intenable pour la Türkiye ?

La Turquie fait parler d’elle tous les jours. Après avoir officiellement changé de nom devant l’ONU pour devenir la Türkiye, Ankara tente de négocier avec la Russie. Ce mardi, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, est venu s’entretenir avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu. L’objectif était d’évoquer des couloirs maritimes pour assurer le transport des cargaisons de céréales bloquées en Ukraine. Actuellement 20 à 25 millions de tonnes de céréales sont stockés dans les ports ukrainiens de la mer Noire.

Ces corridors céréaliers devraient permettre de pouvoir les transporter vers la Turquie et éviter de créer une crise alimentaire mondiale. Sergueï Lavrov s’est dit « prêt à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens (…) en coopération avec nos collègues turcs ». De son côté, l’Ukraine refuse d’enlever les mines proches des côtes turques ou de déminer le port d’Odessa. Malgré son soutien militaire à l’Ukraine, la position turque devient de plus en plus difficile à tenir. Ankara n’a pas réussi ses tentatives de médiation et n’est pas totalement aligné avec la position occidentale.

Sergueï Lavrov et Mevlut Cavusoglu sont en pleine négociation pour organiser des « corridors céréaliers » (© MFA)
Sergueï Lavrov et Mevlut Cavusoglu sont en pleine négociation pour organiser des « corridors céréaliers » (© MFA)

 

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