Quel modèle d’habitation pour la France de demain ?

HABITER LA FRANCE DE DEMAIN

Cet article est consacré à la démarche Habiter la France de demain, lancée et pilotée par le Ministère chargé du Logement. Comme vous allez le découvrir, il s’agit ni plus ni moins que d’inventer l’habitat de demain, dans toutes ses composantes ! Se loger, se déplacer, travailler, consommer, etc. Dès lors, il aurait paru dommage de ne pas donner à cette démarche, qui regroupe experts, panels citoyens et pouvoirs publics, toute la visibilité qu’elle mérite. Bonne lecture !

Les enseignements de la démarche

La convention citoyenne pour le climat avait formulé la recommandation suivante : « sensibiliser à l’importance et l’intérêt de la ville plus compacte et construire une nouvelle culture de l’habitat collectif ». 

Habiter la France de Demain est une démarche qui vise à répondre à cette préoccupation. Cette démarche participative tend à changer notre regard sur l’habitat et rendre désirable la ville durable. Une ville qui combine intensité et qualité. Lancée en février 2021, cette démarche a réuni des élus locaux, des citoyens, des professionnels et des experts autour de plusieurs temps forts afin de proposer une vision commune du futur des territoires. 

Parmi ces temps forts, la démarche Habiter la France de Demain a permis de réaliser une consultation citoyenne qui s’est décomposée en 3 chapitres complémentaires. Les premiers travaux ont permis d’identifier les points de convergence et de dissensus entre citoyens et experts et de les regrouper en 4 controverses :

· Se loger : densification VS étalement urbain

· Se déplacer : voiture individuelle VS nouvelles mobilités

· Travailler, exercer ses activités : digitalisation VS déconnexion

· Consommer, se nourrir : grande distribution et e-commerce
VS production locale et circuits-courts

Dans le second chapitre, la consultation en ligne a été structurée en thématiques issues de ces quatre controverses. Elle a également permis d’identifier les évolutions dans l’avis et les représentations des Françaises et des Français avec la crise sanitaire. 

Le troisième chapitre est l’organisation d’une délibération collective de 70 citoyens en 4 ateliers pour élaborer collectivement des propositions pour le dépassement de ces 4 controverses, et enrichir la vision des experts. Le point de sortie de ces ateliers est une série de contributions/recommandations collectives, argumentées et approfondies sur le chemin que les citoyens sont prêts à faire pour dépasser les controverses et accélérer la transition vers un habitat sobre et humaniste. 

Dans ce cahier spécial, nous vous proposons de vous livrer les enseignements de cette démarche participative. Avec d’une part une synthèse de la consultation en ligne qui a eu lieu en juillet et qui permet de découvrir les habitudes et les préoccupations des citoyens. Et d’autre part grâce aux délibérations des 4 ateliers citoyens qui se sont tenus en septembre. ça n’est que le début de cette aventure, si cela vous intéresse et que vous souhaitez participer à la suite de la démarche, rendez-vous ici !

Entretien avec

Stéphanie Dupuy-Lyon

Directrice générale de l’aménagement,
du logement et de la nature

Pourquoi réfléchir à la ville de demain était-il une priorité ? 

La démarche Habiter la France de demain, qui consiste à imaginer la manière d’habiter la France et les territoires demain, vient d’une démarche antérieure, le plan “villes durables”, qui a eu de nombreux succès, provoqué de nombreux changements politiques, et avait tracé les grands principes des villes et territoires durables. 10 ans après en 2020, cette démarche avait besoin d’un nouvel élan pour les 10 ans à venir. À l’initiative de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, nous avons voulu dessiner une vision réaliste et partagée du futur pour les villes et territoires de demain, et répondre aux grands enjeux de transitions écologique, énergétique, sociétale et numérique.

Ensuite, la crise sanitaire est venue bouleverser un certain nombre d’habitudes en termes de logement, de rapport à la nature, de travail, etc. Enfin, la convention citoyenne pour le climat a fait émerger un certain nombre d’enjeux, qui devaient également être transformés en actions.

Pourquoi était-il important de co-construire cette vision  ? Qu’est-ce que la vision des citoyens apporte par rapport à celle des experts ? 

Historiquement, les plans de ce type sont construits avec les parties prenantes : chercheurs, associations, professionnels, et collectivités. L’idée d’associer les citoyens est assez nouvelle. 

Or, cette démarche touche à des questions d’habitude, de manière de vivre, de culture sociétale, qui sont autant d’enjeux concernant directement les citoyens. 

Lors de la mise à jour de la feuille de route du plan “villes durables”, nous nous sommes rendu compte qu’il manquait la composante citoyenne, pour s’approprier cette vision et permettre de les embarquer dans la démarche.

Avez-vous été surprise par les contributions citoyennes ? 

J’ai été marquée, via les contributions citoyennes, par leur capacité à prendre du recul et à remettre en question des éléments que l’on aurait pu imaginer comme acquis, notamment dans le traitement des controverses, avec une maturité véritablement impressionnante dans la manière d’aborder les sujets. Il faut réaliser que ces thématiques sont des équations complexes à résoudre : conjuguer les contraintes des crises climatique et sanitaire, les contraintes économiques, sociétales, et pouvoir faire émerger un avenir désirable est une tâche ardue. Et ce type de collaboration permet sans doute de surmonter une partie de ces difficultés.

Enfin, je tiens à saluer la mobilisation sans faille et dans la durée des groupes de travail citoyens, remarquables à tous égards.

Quels sont les principaux enseignements tirés de cette démarche ?

Gardons en tête que le but de la démarche est à la fois de donner une vision, mais également de démontrer que cette vision est possible. Nous avons besoin de tous les acteurs, toutes les parties prenantes pour avancer sur cette thématique. Un acteur seul, qu’il soit élu, professionnel ou associatif, ne peut pas faire avancer les choses.

Enfin, elle a contribué à montrer que beaucoup de choses existent déjà, sous forme d’initiatives locales, de projets ou de manières de faire qui sont une part de la solution. Nous devons faire en sorte que ces initiatives soient plus visibles, et qu’elles puissent grandir, être démultipliées et répliquées à grande échelle.

Quelles suites seront données à cette démarche ? 

Nous avons désormais une feuille de route pour construire une action de politique publique et faire émerger davantage de projets s’inscrivant dans cette vision.

Cette démarche va venir irriguer un certain nombre d’initiatives ou d’actions qui vont être mises en place dans les années qui viennent.

Nous aimerions également prolonger l’engagement des citoyens sur d’autres thématiques sur lesquelles leur apport serait nécessaire, comme la gestion et les usages de l’eau, ou la rénovation du label “éco-quartier” par exemple.

En résumé, il faut avoir en tête que la démarche Habiter la France de demain va dessiner la politique d’aménagement du territoire pour les 10 ans à venir.

Toute cette démarche s’inscrit dans la construction plus large d’une démocratie permanente,  via la création d’une véritable base de données de la parole citoyenne : Habiter la France de Demain est une des briques qui contribue à ce grand projet. Si cela a pu contribuer à prouver qu’une démocratie réellement inclusive est possible, alors un grand pas en avant aura été fait.

 

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