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La sélection à l’entrée du master valorise le mérite républicain !
Patrick Hetzel
Député du Bas-Rhin Ancien recteur d'académie et ancien directeur général de l'enseignement supérieurhttp://www.patrick-hetzel.fr/
Dans la totalité des pays où le système universitaire est considéré comme performant et efficace, une règle simple prévaut : les universités choisissent leurs étudiants en fonction de leurs profils, de leurs résultats scolaires et de leur motivation pour la filière qu’ils souhaitent intégrer.
En France, au moment de la mise en place du processus de Bologne et du LMD, le choix avait été fait de maintenir de façon transitoire une sélection, non pas à l’entrée du master (M1) mais entre la première et la deuxième année du master (M2), dans le prolongement de ce qui se faisait alors à l’entrée des anciens DESS et des DEA. Aujourd’hui, il faut parachever la cohérence du LMD, raison pour laquelle le moment est venu d’avancer enfin la sélection d’un an afin que celle-ci se fasse à l’entrée du master.
Par contre, il est essentiel de sélectionner. En effet, les masters sont des diplômes qui sont bien reconnus par le marché du travail et les employeurs. Ils sont une marque importante de la qualité et de l’excellence universitaire.
Et la sélection est l’une des raisons de cette qualité car elle permet de s’assurer que les étudiants qui suivent un cursus sont aussi les plus aptes à le faire.
En effet, que penser d’un master de droit notarial qui recruterait des étudiants qui sont certes titulaires d’une licence en droit mais qui n’auraient pas la moyenne en droit notarial ?
Une sélection permet aussi une régulation du nombre des diplômés en fonction des débouchés professionnels disponibles sur le marché de l’emploi, ce qui est très cohérent avec la mission d’insertion professionnelle assignée aux universités depuis la loi Libertés et responsabilités des universités de 2007.
Ainsi, en matière éducative, la sélection doit reposer sur les capacités, les aptitudes et les résultats académiques d’un étudiant. Une telle approche est la forme la plus juste d’accès à un master car elle repose fondamentalement sur un principe républicain très fort : le mérite.
Sans compter que si l’on décidait de ne pas sélectionner à l’entrée du master, ce qui se mettrait en place, c’est une tout autre forme de sélection : celle par l’échec.
Les étudiants seraient davantage tentés d’aller vers d’autres filières, notamment celles sélectives des grandes écoles, et ce serait un très mauvais coup porté à notre système universitaire tout entier.
On l’aura compris, la sélection en master n’est de loin pas un problème mais une nécessité.
L’ARES pour une réforme ambitieuse du cycle master
En tant que fédération nationale représentant les associations étudiantes en sciences sociales, l’ARES est en première ligne sur le dossier master.
Plusieurs fois rappelée dans notre blog, la position de l’ARES est claire. La réforme du cycle master est primordiale et doit être menée dans un esprit de cohérence. Dans un premier temps, il est pour l’ARES inconcevable qu’une sélection existe entre les deux années du master. La France est signataire du processus de Bologne et adhère à la logique LMD garantissant le grade master à la fin des deux ans du cycle. Il n’est pas tenable de délaisser des étudiants en plein milieu d’un parcours. La réalisation effective et totale du bloc master demande un effort conséquent pour les universités, notamment sur les filières de sciences sociales. En effet, un travail de refonte des maquettes pédagogiques devra être effectué pour garantir une continuité et une cohérence entre les deux années du cycle master.
Dans un second temps, c’est la logique de répartition qui doit guider l’entrée en master. À l’heure actuelle, l’offre des places en master correspond au nombre de demandes des étudiants. Nous devons laisser la chance et le choix à chaque étudiant de continuer dans un master de son choix.
Il est important de comprendre la démarche. L’idée serait de mettre en place un système de répartition à la fin de la licence en demandant à chaque étudiant souhaitant s’inscrire en master de faire des choix. Parmi ses choix, l’étudiant accéderait à un master.
Cette réforme doit cependant être menée dans sa globalité. Une telle répartition induira une mobilité accrue des étudiants. Le réseau des œuvres universitaires et scolaires ainsi que les différents acteurs publics devront faciliter la mobilité étudiante (bourses à la mobilité, politiques de transports, politiques d’accueil des étudiants, plans pluriannuels de développement des logements étudiants…).
Depuis la loi de 2013 dite Fioraso, les universités collaborent de plus en plus grâce aux regroupements universitaires. C’est là encore un axe de travail pour avoir une offre de masters permettant la mobilité et le travail collaboratif au sein des territoires.
Enfin, nos universités se doivent d’œuvrer à une orientation active des étudiants. Nos établissements ont pour mission depuis 2007 et la loi LRU de travailler activement à l’insertion professionnelle des usagers de l’université. C’est en partie par un meilleur suivi et une réelle analyse du projet de vie et des compétences des étudiants que nous assurerons une meilleure transition licence/master.