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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
La transition énergétique, c'est plus de nucléaire !
Etant donné le problème majeur que constitue le réchauffement climatique, la seule transition énergétique dont le monde ait besoin est celle qui remplacerait les énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre, par des énergies non carbonées, c’est-à-dire renouvelables ou, surtout, nucléaire, dont les émissions par kWh sont du même ordre que celles de l’éolien.
James Hansen, l’ex-directeur à la Nasa qui alerta le monde du danger climatique par un discours devant le congrès américain en 1988, a précisé, en décembre 2008 dans une lettre à Michelle et Barack Obama, ce qu’il fallait faire :
- Fermer toutes les centrales à charbon des Etats-Unis (cela suffirait à limiter à 2°C le réchauffement climatique à la fin du siècle),
- Instaurer une taxe carbone mondiale,
- Développer les réacteurs de 4e génération consommant 130 fois moins d’uranium qu’un réacteur actuel (la France avait Superphénix, mais il a été arrêté par le gouvernement Jospin en 1997 !).
Le nucléaire est la solution et les déchets ne sont pas un problème. Les peurs cultivées par les mouvements antinucléaires existent encore, mais deux évènements ont apporté des réponses propres à les faire disparaitre assez rapidement :
- Tchernobyl a prouvé qu’un réacteur nucléaire n’explose pas comme une bombe, même si un incendie peut envoyer une grande quantité de radioactivité dans l’atmosphère, sans toutefois causer un surcroit important de cancers (des observations fiables peuvent être faites sur les liquidateurs baltes ayant opéré sur le réacteur accidenté),
- Fukushima a montré qu’un accident grave sur un réacteur avec enceinte de confinement (restée intègre pendant 4 jours) n’a pratiquement aucune conséquence sur l’environnement et la santé des populations avoisinantes.
Parmi les énergies non intermittentes le nucléaire est la moins dangereuse et la seule avec l’hydraulique à ne pas émettre de CO2.
De son côté, la Cour des compte a démenti les assertions fantaisistes sur les coûts cachés du nucléaire, ce qui confirme sa pertinence économique, déchets et démantèlement compris. Rien n’interdit de développer sans subventions toutes sortes d’énergies renouvelables, si leur rentabilité économique le justifie. Mais leur avenir est de toute façon limité pour des raisons d’esthétique, de biodiversité (hydraulique, biomasse), de ressource (géothermie) et d’intermittence (un réseau ne peut être stable au-delà d’un certain pourcentage de production intermittente). Quant aux économies d’énergie, seule une augmentation forte du prix du pétrole incitera les assemblées générales de copropriété à entreprendre des travaux coûteux. A moins de 100 $ le baril, il ne se passera rien.
Alors qu’Internet et les voitures électriques se développent, seule une augmentation de la part du nucléaire répondra aux besoins d’une économie durable, stable, en protégeant l’environnement.
Pour une vraie transition énergétique, il faut sortir du nucléaire !
Tout d’abord, rappelons que le nucléaire ne permet pas d’éviter le recours aux énergies fossiles car il ne représente qu’un faible pourcentage – 17% – de notre consommation d’énergie finale. Les pays les plus nucléarisés comptent aussi parmi les plus gros émetteurs de CO2.
De plus, les centrales nucléaires ont une durée de vie limitée. Certains équipements subissent les effets de la radioactivité et sont, de ce fait, fragilisés au fur et à mesure de leur fonctionnement (en particulier la cuve du réacteur). Nous nous trouvons à un moment charnière où nos centrales arrivent en fin de vie, la moitié des réacteurs ayant dépassé 30 ans de fonctionnement.
Si la France veut continuer à utiliser cette énergie, soit on en construit de nouvelles, soit on tente de faire durer celles qui sont actuellement en service.
- Dans le premier cas, les nouveaux réacteurs EPR (censés garantir un niveau de sécurité supérieur aux modèles actuels) accumulent retards et surcoûts exorbitants.
- Dans le deuxième cas, on ne renforcera que très peu la sécurité, on ne corrigera pas les défauts de conception majeurs, et, pour un coût également très élevé (estimation d’EDF de 55 milliards d’euros) cela n’éliminera en rien le risque croissant d’accident dû au vieillissement des équipements essentiels.
Dans les deux cas les problèmes inhérents à cette filière, de la mine d’uranium jusqu’aux déchets radioactifs, restent entiers.
De plus, pour justifier le recours au nucléaire, on compare souvent la consommation actuelle avec les capacités de production des différentes énergies. Or la solution ne consiste pas à remplacer la même quantité d’énergie mais à diminuer les consommations.
On peut tout à fait répondre à nos besoins grâce aux énergies renouvelables, en rationalisant les consommations, en arrêtant les gaspillages, en produisant de manière plus sobre, plus durable, et surtout avec de moindres risques et conséquences sur l’environnement et sur la santé.
Une transition sans sortie du nucléaire maintiendrait aussi une partie de notre dépendance énergétique : 100% de l’uranium utilisé – ressource non renouvelable – est aujourd’hui importé, alors que l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables permettraient une réelle autonomie énergétique.
Sachant que les sommes investies dans le nucléaire ne pourront être consacrées aux économies et au développement des renouvelables, la transition énergétique doit passer par la sortie du nucléaire pour des raisons financières, environnementales, de sécurité et d’indépendance énergétique.