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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
La situation est incontrôlable
Marie-Cécile THOMAS
Éleveuse dans la Drôme Siège au Groupe National Loup pour la Coordination Ruralehttp://www.coordinationrurale.fr/
Oui, le loup se porte bien et c’est le Museum d’histoire naturelle qui l’affirme ! Il n’en est pas de même pour les éleveurs, les bergers et leurs troupeaux.
Plus de 9 000 bêtes ont été tuées par des loups en 2014 (+ 1/3 par rapport à 2013) pour un budget d’indemnisation de plus de 2,5 millions d’euros : c’est énorme !
Le loup explore toujours de nouveaux territoires qui font l’objet de ses attaques. Il a traversé le Rhône et est désormais tout près de l’Auvergne : sa présence permanente a été confirmée en Ardèche.
Aujourd’hui, il y aurait entre 300 et 350 loups en France selon les chiffres officiels, et même si leur nombre exact n’est pas central, leur croissance exponentielle nous inquiète en tant qu’éleveurs, tout comme leurs dégâts !
La situation est incontrôlable : un protocole existe pour réguler la population de loups en fonction des attaques, mais il n’est jamais appliqué dans son ensemble. Des associations font de l’obstruction systématique et parviennent à annuler les procédures. Le loup est un animal rusé et il est difficile de le chasser.
La cohabitation entre le loup et l’élevage pastoral – c’est à dire le type d’élevage que les mêmes associations veulent voir perdurer dans les paysages – est impossible. Les éleveurs et les bergers ont bien du mal à faire reconnaître les attaques de loups et à se faire indemniser. Il leur est demandé toujours plus d’investissements dans des équipements de protection qui s’avèrent inefficaces.
La Coordination Rurale pour laquelle je milite espère qu’enfin, ce problème sera regardé objectivement et avec raison par les pouvoirs publics, au-delà des caricatures et des débats tronqués.
Des pièges spécifiques efficaces et agréés aux normes du piégeage sans cruauté existent : pourquoi ne pas les utiliser pour que le protocole parvienne au moins à réguler le quota annuel défini ?
Ce serait un premier pas dans la bonne direction pour que le trop grand nombre de loups de France soit enfin pris en compte.
Le loup, symbole et richesse de la nature sauvage
Rémi Collange
Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS)http://www.aspas-nature.org/
Depuis 1992, le loup italien est revenu spontanément recoloniser les Alpes Françaises après 60 ans d’absence, il n’a pas été réintroduit. En 2015, l’estimation de la population française est d’environ 350 individus. Les populations restent faibles et fragiles et pourraient disparaître rapidement en cas de destructions répétées.
Il est donc impératif de le protéger intégralement pour lui donner une chance de s’implanter durablement.
Le loup, un grand prédateur qui s’autorégule
En France, le domaine vital d’une meute est d’environ 200 km². La densité de population de loups est conditionnée par la nourriture disponible sur leur territoire. Ce système d’autorégulation permet de maintenir le nombre de loups en adéquation avec la capacité d’accueil du milieu. Il n’y a donc aucun risque de le voir “pulluler”.
Le loup n’attaque pas l’homme
Le loup n’est pas un animal dangereux pour l’homme : il fuit à son approche, ce qui le rend d’ailleurs très difficile à observer. Il y a assurément moins à craindre d’un loup que de certains chiens.
Le bouc émissaire de la filière ovine
Certains éleveurs accablent le loup de tous les maux et demandent son élimination. S’il lui arrive de prélever quelques moutons sur les troupeaux, il est inacceptable de lui mettre sur le dos l’entière responsabilité des problèmes de la filière ovine (baisse des prix de la viande, concurrence étrangère, maladies…), d’autant que seuls 1 % des pertes de bêtes lui sont attribuées et que des mesures de protection efficaces et subventionnées par l’État sont proposées aux éleveurs. Le retour du loup implique en effet une modification des pratiques pastorales actuelles. Si certains éleveurs acceptent d’adapter leurs méthodes de travail pour mieux cohabiter avec le loup, d’autres s’y opposent, soutenus par de très puissants syndicats agricoles qui voient là un moyen de fédérer une profession en proie à des difficultés d’un autre ordre, et par des politiques qui y trouvent leurs intérêts. Le loup n’est autre que le bouc émissaire idéal pour détourner l’attention des véritables problèmes d’une filière ovine en crise.
Un maillon essentiel à la biodiversité, un atout pour les forestiers
Le loup instaure un équilibre entre les populations de ses proies et leur milieu. En régulant les herbivores, il limite la dégradation de la flore et des forêts et restreint les risques d’épuisement de ressources alimentaires pouvant être générés par des surpopulations. Par sa prédation, il joue également un rôle sanitaire et régule la faune en sélectionnant les bêtes affaiblies.
Une opportunité éco-touristique
Au-delà de l’aspect biologique, le retour du loup est aussi une aubaine économique pour les territoires concernés. La présence du prédateur stimule le tourisme dans les parcs naturels du monde entier où il est présent.