263 millions de personnes dans la pauvreté extrême en plus cette année

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LE DÉCRYPTAGE DE L’ACTU

Chaque semaine, on essaye de comprendre pour vous un sujet qui fait l’actu, mais qui peut paraître un peu ardu…

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La pandémie du COVID-19, la hausse des inégalités et la crise alimentaire pourraient faire basculer 263 millions de personnes dans la pauvreté extrême en 2022 selon le dernier rapport de l’Oxfam.

Qu’est-ce que nous apprend le rapport ?

Le dernier rapport d’Oxfam « D’abord la crise, puis la catastrophe » confirme les précédentes conclusions sur les inégalités et la pauvreté. D’après les précédentes estimations de la Banque mondiale, la COVID-19 et le creusement des inégalités auraient créé 198 millions de nouveaux pauvres en 2022. Sur la base des études de la Banque mondiale, Oxfam estime à présent que la hausse des prix alimentaires à elle seule fera basculer 65 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté extrême. 

Au total, 263 millions de personnes pourraient basculer dans la pauvreté extrême (vivre avec moins de 1,90 dollar par jour) cette année, soit l’équivalent des populations de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Espagne réunies (264 millions). La moitié de la planète (3,3 milliards) vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 5,50 dollars par jour en 2022 dont 860 millions de personnes dans une situation de pauvreté extrême. La pandémie du COVID-19, la hausse des inégalités et la crise alimentaire seraient les principales causes de cette aggravation des inégalités. Les habitants des pays en développement et les femmes sont les plus touchés par cette situation.

Les pays en développement accablés par les crises

Les populations basculent dans la pauvreté et les gouvernements des pays en développement avec. Oxfam rappelle qu’ils ont été privés d’un accès équitable aux vaccins et ils ont été forcés d’adopter des mesures d’austérité. De nombreux pays ont été obligés de réduire considérablement leurs dépenses publiques pour rembourser leurs dettes et importer de la nourriture et des combustibles. Les pays les plus pauvres du monde sont contraints de rembourser 43 milliards de dollars à leurs créanciers en 2022. Une somme qui ne permettra pas de financer les importations alimentaires alors que la faim et la pauvreté touchent déjà l’Afrique de l’Est, le Sahel, le Yémen et la Syrie.

La plupart des travailleurs et travailleuses du monde ont vu leurs salaires stagner ou diminuer pendant que les prix alimentaires ont fortement augmenté en février pour dépasser le pic de la crise économique de 2011. Les inégalités entre les pays développés et les pays en développement se sont accélérées avec la crise alimentaire combinée aux conséquences de la pandémie de COVID-19. Les achats alimentaires représentent 40% des dépenses en consommation dans les pays d’Afrique subsaharienne alors que les pays riches déboursent 17% pour leur alimentation.

Des inégalités dans les pays développés

Les inégalités sont également présentes dans les pays développés. Aux États-Unis, les 20 % des ménages les plus pauvres dépensent 27 % de leurs revenus dans l’alimentation, tandis que les 20 % les plus riches n’y consacrent que 7 %. Les femmes sont les principales victimes des différentes crises puisqu’elles peinent à retrouver un emploi depuis la pandémie de COVID-19. En 2021, le marché de l’emploi compte 13 millions de femmes en moins par rapport à 2019. À l’inverse, le taux d’emploi pour les hommes est déjà revenu au niveau d’avant crise.

Des inégalités qui ont grandi pendant la pandémie puisque les milliardaires ont vu leur fortune augmenter davantage que les 14 dernières années combinées. Le rapport estime que le secteur alimentaire pourrait connaître la même augmentation de profits que les géants des hydrocarbures (205 milliards de dollars en 2021 pour les 25 principales compagnies pétrolières et gazières).

Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International, prévient : « Si des mesures radicales ne sont pas prises dans l’immédiat, nous pourrions assister à l’une des plus fortes vagues de pauvreté extrême et de souffrance. Cette perspective terrifiante est d’autant plus scandaleuse que des milliers de milliards de dollars ont été accaparés par une poignée d’hommes puissants qui n’ont nullement l’intention d’éviter cette catastrophe. »

Les mesures pour lutter contre les inégalités et la pauvreté

Oxfam souhaiterait que les pays imposent des impôts sur la richesse pour financer une relance durable et équitable après la COVID-19. L’organisation s’appuie sur l’exemple de l’Argentine qui a récolté 2,4 milliards de dollars avec la mise en place d’un prélèvement unique extraordinaire appelé « l’impôt des millionnaires ».

« Nous rejetons toute idée selon laquelle les gouvernements n’ont pas assez d’argent ou de moyens pour éliminer la pauvreté et la faim et garantir la santé et le bien-être de tou·te·s, assure Gabriela Bucher. Nous constatons seulement un manque d’imagination économique et de volonté politique.

Maintenant plus que jamais, alors que l’ampleur de la souffrance humaine et des inégalités est dévoilée et aggravée par de multiples crises mondiales, ce manque de volonté est inexcusable et inacceptable. Les pays du G20, la Banque mondiale et le FMI doivent immédiatement annuler les dettes et augmenter l’aide aux pays pauvres, et agir ensemble pour protéger les gens ordinaires de cette catastrophe évitable. Le monde vous observe. »

Oxfam propose des mesures urgentes contre la montée des inégalités :  mettre fin aux bénéfices excédentaires des grandes entreprises pendant la crise, annuler la dette des pays qui ont besoin d’une aide d’urgence, réaffecter 100 milliards de dollars en droits de tirages spéciaux (le DTS est un avoir de réserve international qui permet de compléter les réserves de change officielles des pays), augmenter les aides et créer un Fonds mondial pour la protection sociale.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport d’Oxfam en intégralité

 

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