BNP mise en demeure pour ses investissements polluants

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LE DÉCRYPTAGE DE L’ACTU

Chaque semaine, on essaye de comprendre pour vous un sujet qui fait l’actu, mais qui peut paraître un peu ardu…

« Le procès d’un monde qui change »

À 9h ce matin, Oxfam France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à tous ont annoncé une action inédite. A la veille du Climate Finance Day, ces trois acteurs mettent en demeure BNP Paris pour “manquement à son devoir de vigilance en matière climatique”. 

C’est une première mondiale. Jamais une entreprise de la finance n’a été sujet à une action juridique de la sorte. Leur objectif dans ce contentieux est d’obliger BNP “à se doter d’une réelle stratégie climatique et à cesser immédiatement de soutenir le développement des énergies fossiles”.

L’impact des banques sur le climat

Depuis des années, les ONG alertent l’opinion publique et les gouvernements sur l’impact de la finance dans la crise climatique. Selon elles, depuis l’Accord de Paris, les banques ont octroyé 4 584 milliards de dollars au secteur du charbon, du pétrole et du gaz. En finançant des entreprises par des prêts, des investissement ou en émettant de nouvelles actions et obligations, les banques ont deux possibilités: soutenir des projets bénéfiques à la transition écologique et sociale ou soutenir des projets néfastes pour les droits humains et polluant l’environnement. 

C’est cette deuxième option qui amène Oxfam, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à tous, à mettre en demeure la BNP. Selon leurs données, “ 88% des émissions de gaz à effet de serre”  de cette banque sont le produit d’investissements et de financements dans des entreprises d’énergie fossiles. De véritables “bombes climatiques”, c’est-à-dire des projets d’extraction d’énergies fossiles extrêmement néfastes pour le climat, voient ainsi le jour à cause de ces aides bancaires. 

Pourquoi BNP Paribas ?

“BNP s’est hissé au rang de 1er financeur européen et 5eme mondial de développement des énergies fossiles, avec 55 milliards de dollars de financements accordés entre 2016 et 2021.” À titre de comparaison, la Société Générale a investi 33 milliards de dollars sur la même période et le Crédit Agricole, 32 milliards. L’impact important de cette banque française est le résultat de son vaste soutien aux “majors du secteur”. C’est en effet le premier financeur mondial de huit géants européens et américains du pétrole et du gaz tels que Total, Chevron ou encore Shell et BP. Ces groupes sont à l’initiative de plus de 200 nouveaux projets dans les énergies fossiles censés être approuvés d’ici 2025 et qui émettraient près de 8,6 gigatonnes de CO2 supplémentaires. 

BNP, avec ses 7 millions de clients, finance ainsi plusieurs projets climaticides comme le projet Tilenga en Ouganda et Tanzanie. L’entreprise Total prévoit le forage de 400 puits dont un tiers se trouvent dans le parc des Murchison Falls, une aire naturelle protégée. Ces puits et la création d’un méga-oléoduc pour acheminer le pétrole de l’Ouganda à la Tanzanie vont avoir un impact social et environnemental considérable. 100 000 personnes seront expropriées totalement ou partiellement et près de 34 millions de tonnes de CO2 seront émises chaque année. 

Pourtant, la BNP a annoncé l’objectif de respecter l’Accord de Paris pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter la hausse des températures à 1.5 C°. Mais ses financements ne peuvent lui permettre de tenir un tel engagement. Selon les données d’Oxfam France, BNP a ainsi eu en 2020 une empreinte carbone supérieure à celle de la France. 

S’attaquer à la racine

Les trois ONG à l’initiative de cette mise en demeure ont donc décidé de “s’attaquer à la racine de cette dépendance systémique aux énergies fossiles” et à la création de nouvelles bombes climatiques en s’attaquant aux soutiens financiers. Pour ce faire, elles vont utiliser les ressorts de la loi sur le devoir de vigilance. Cette loi, votée en 2017, oblige les multinationales à “établir, publier et mettre en œuvre de manière effective” un plan de vigilance qui  comporte des mesures visant à identifier et prévenir les atteintes graves envers les droits humains et l’environnement. Les multinationales peuvent ainsi être reconnues légalement responsables des dommages que provoquent leurs activités. 

Un délai de 3 mois 

La BNP a alors 3 mois pour se conformer à la loi et stopper son soutien aux nouveaux projets d’énergies fossiles, au risque de devoir répondre de ses actions au tribunal. Ce “premier contentieux climatique au monde” s’accompagne d’une campagne de mobilisation d‘envergure. Une pétition est ainsi vivement relayée depuis ce matin, notamment par le comédien Guillaume Meurice qui vient de créer parodiquement l’association “Touche pas à ma banque”. 

Pour en savoir plus sur cette action, rendez vous sur le site d’Oxfam France

 

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