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Esprit de Noël en danger !
L'auteur a souhaité rester anonyme
Lorsque l’on évoque les Champs Élysées, on pense immédiatement au charme, au luxe et au romantisme. « La plus belle avenue du monde », emblème de la capitale au même titre que la tour Eiffel, évoque irrémédiablement Paris et le savoir-vivre à la Française.
Le marché de Noël évoque quand à lui la fête et la tradition. Beaucoup de gens ont à l’esprit le marché de Noël de Strasbourg avec son ambiance chaleureuse et ses centaines d’artisans qui proposent quasiment tous des produits traditionnels et des décorations typiques du Noël Alsacien.
Alors fatalement, comment ne pas être séduit par cette prometteuse alliance du charme et de la tradition : un marché de Noël s’installant sur les bord de cette avenue ô combien célèbre ? J’ai moi-même cédé facilement à la tentation de m’y rendre, afin de flâner au cœur de ce village éphémère, après avoir admiré les illuminations de Noël.
Et là, quelle ne fut pas ma déception. Je m’attendais à déambuler entre les artisans d’art et les vendeurs de produits gastronomiques typiquement français afin de m’imprégner de la féérie de noël. Or c’est un tout autre village qui s’est présenté à moi : une sorte de fête foraine géante où la baraque à frite cohabite avec le vendeur d’accessoires pour téléphone portable. On y trouve de tout : churros, chichis, bonnets péruviens et même spécialités brésiliennes. On est très loin de l’esprit de Noël ! Et en plus de cela, on ne trouve quasiment aucun produit français sur ce marché sensé promouvoir l’artisanat régional.
Sur le papier, tout y est pourtant : la grande roue, la patinoire, les illuminations. Le marché de Noël devait être une vitrine pour Paris, censée compléter ce tableau festif. Malheureusement, il s’agit plutôt d’une verrue venue gâcher la vue que venait admirer les milliers de touristes français et étrangers.
Je ne remets pas en cause la responsabilité de Marcel Campion. En effet, ce dernier est un promoteur. Son objectif est d’organiser l’espace afin de faire fructifier l’argent investi dans la concession. Non, la faute revient pleinement à la Mairie de Paris qui s’est déchargée complétement de cette responsabilité pour confier l’organisation à un opérateur privé, plus habitué aux fêtes foraines qu’aux marchés traditionnels.
Après plusieurs années d’errance, il est temps que la Mairie prenne enfin ses responsabilités pour qu’enfin l’esprit de Noël règne au cœur de Paris.
La cible est facile !
L'auteur a souhaité rester anonyme
Encore une fois, la Mairie de Paris fait figure de cible facile. Le marché de Noël ne serait pas suffisamment traditionnel, il ressemblerait trop à une fête foraine, il y aurait trop de produits fabriqués en Chine… Et l’on tire à boulets rouges sur la Mairie, qui a confié l’organisation à Marcel Campion.
Rappelons ce que la presse n’a pas (ou peu) rappelé.
Premièrement, l’organisation n’a pas coûté un centime à la Mairie de Paris. Mieux, elle lui rapporte 150 000 euros forfaitaires, plus un pourcentage sur les ventes ; une somme rondelette, toujours la bienvenue en ces périodes de restriction budgétaire. De plus, la Mairie n’a pas forcément les compétences pour organiser ce marché de Noël ; c’est un travail de professionnel, qui requiert des compétences et du matériel spécifique. Si la Mairie l’organisait, elle devrait soit recruter des employés spécialisés dans ce genre d’événements, coûteux et difficiles à trouver en cette période, ou sous-traiter, voir acheter ses propres pavillons ; bref, un investissement conséquent. Là, pas de soucis, pas de dépenses, et des recettes.
Alors, oui, il y a certainement des possibilités d’amélioration pour les années prochaines, mais est-ce une raison pour fustiger ainsi l’organisation ?
Deuxièmement, il y a des artisans français. 41 exactement. Mais, selon les propres dires de Marcel Campion, ils sont difficiles à attirer, ou déjà pris par ailleurs. Et si l’on reproche au marché de Noël des Champs-Elysées d’avoir des produits fabriqués en Chine, eh bien, devinez quoi ? C’est partout pareil ! Ce n’est pas la faute de Marcel Campion si l’industrie française est mal en point, et que la moitié ou plus des produits vendus en France sont fabriqués ailleurs. Au final, c’est sûrement cela que l’on reproche au marché des Champs ; c’est d’être à l’image de la France. Non pas celle qu’elle devrait être, mais celle qu’elle est.
Alors, certes, l’ambiance internationale déplaît à certains, qui préféreraient voir les marchés de Noël de leur enfance. Mais la France a changé et les passants ne sont plus des natifs de Paris depuis bien longtemps…
Au final, ce marché de Noël est à l’image de la France d’aujourd’hui ; perfectible. Mais laissons-lui le temps de s’améliorer et sachons reconnaître ce qui est bon en lui !