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50km/h sur le périphérique : un enjeu de santé publique majeur !
Fatoumata Koné
Élue conseillère de Paris du Groupe écologiste de paris. Conseillère déléguée chargée de l'accès au droit (19 e ). Déléguée du Maire pour le Conseil de quartier Danube (19 e ).
Le périphérique est l’infrastructure la plus polluante d’Île-de-France.
Chaque jour, 400 000 habitant.e.s et 240 000 travailleurs.es dont le logement ou le bureau est situé à moins de 400 mètres du périphérique subissent les pollutions et les nuisances qu’il génère.
Il est urgent d’amorcer dès aujourd’hui la transition de cette infrastructure
L’évolution du périphérique est un enjeu majeur de santé publique. La pollution de l’air tue 67 000 personnes (1) chaque année en France, dont 2 500 à Paris. Il faut donc rapidement protéger les populations qui y sont directement exposées, pour l’instant condamnées à subir des pollutions et nuisances qui mettent leur santé en danger.
Pour les écologistes, il est urgent d’amorcer dès aujourd’hui la transition de cette infrastructure, qui génère à elle seule 37% des émissions d’oxyde d’azote et 35% de particules fines de la région.
Les solutions existent ! L’évolution des comportements de mobilité, la réduction de la vitesse, l’interdiction des poids lourds, la végétalisation des abords ou des terre-pleins centraux ou encore la fluidification du trafic, sont autant de mesures qui permettront de transformer le périphérique. Ces évolutions rendraient possible, à moyen terme, son accès aux mobilités douces. Pour cela, il est urgent de transformer le périphérique en boulevard urbain et de mettre en place son corollaire, la réduction à 50km/h, qui participe à la volonté de créer les conditions pour un meilleur partage entre les différents modes de déplacement.
Il est urgent de garantir à tou.te.s un cadre de vie sain
Le passage à 70km/h, s’est accompagné d’une baisse de l’accidentalité, notamment grâce à « une meilleure gestion des insertions » selon le rapport sur l’avenir du périphérique rendu par la Préfecture. La fluidification du trafic et la limite à 50km/h devraient donc permettre de diminuer encore le nombre d’accidents, notamment en supprimant la possibilité d’atteindre des vitesses de pointe à 70 km/h, qui sont dangereuses et génèrent un «effet accordéon » participant à l’augmentation de la pollution.
Cette évolution du périphérique permettra à Paris de respecter enfin les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en matière de qualité de l’air.
Il est urgent de garantir à tou.te.s un cadre de vie sain, c’est un enjeu de justice sociale majeur. A l’heure où le climat s’emballe, où les canicules et les pics de pollution vont se multiplier, les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités, comme le demandent les écologistes. Le périphérique, infrastructure d’un autre âge, doit participer de la transition écologique de nos territoires, et opérer sa mutation, plus que jamais impérative.
Pollution, congestion, mortalité routière : le périph’ à 50 km/h ne résoudra rien...
Nathalie TROUSSARD
Secrétaire Générale de la Ligue de Défense des Conducteurshttps://www.liguedesconducteurs.org/
Le rapport (1) de la Mission d’Information et d’Évaluation, envisage l’avenir du périphérique parisien selon 34 préconisations. La no 7 : « abaisser la vitesse à 50 km/h afin d’améliorer la fluidité du trafic » est censée contribuer à répondre aux enjeux suivants : réduction de la congestion et des pollutions sonore et atmosphérique.
Pollution et congestion : aucune amélioration.
Selon différentes études de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (2), un véhicule roulant à 50 km/h pollue davantage qu’à 70 km/h. La rocade de Rennes illustre ce phénomène : avec une vitesse abaissée de 20 km/h en 2015, la qualité de l’air et les conditions de circulation ne se sont pas améliorées. À tel point que la mairie a décidé de faire marche arrière : « Une pollution enregistrée plus importante, un trafic moins fluide avec plus de zones de saturation et de congestion, plus d’accidents et un gain sonore imperceptible. […] L’expérimentation n’a pas été pérennisée » (3).
D’ailleurs, à Paris, selon Aurélie Solans (1), conseillère chargée de l’environnement, « la limitation à 70 km/h sur le périphérique se rapproche de l’optimum des émissions de polluants de l’air. Nous n’obtiendrons pas de véritables gains à abaisser la vitesse sur le plan de la qualité de l’air. »
Augmentation du nombre de flashs et de la mortalité routière
Par contre, lors de la baisse du périphérique de 80 à 70 km/h en 2014, les conducteurs ont massivement été surpris par les radars : entre 2013 et 2014, le nombre de flashs est passé de 138 138 à 461 596 (4) ! Et en moyenne, avant et après 2014, le nombre de morts a même augmenté de 24 %, passant de 2,8 morts (2006-2013) à 3,4 morts par an depuis 2014 (4).
À Rennes comme à Paris, la baisse de la limitation de vitesse de la rocade n’a ni permis de réduire la pollution et la congestion, ni d’améliorer la sécurité routière…
Or, pour de nombreux élus (1), le périphérique constitue un élément majeur de l’attractivité et du développement économique. Limiter cet axe à 50 km/h et donc le cantonner à devenir une simple avenue, reviendrait à le priver de son rôle principal et de sa fonction essentielle : être une voie de communication capitale et un lien entre les territoires.
(1) Mission d’information et d’évaluation, rapport « Le périphérique, quelles perspectives de changements ? », (p.59, 84-85, 146), 05-2019
(2) ADEME, Impacts des limitations de vitesse sur la qualité de l’air, le climat, l’énergie et le bruit, 02-2014
(3) La Dépêche, « Après le test, Rennes fait marche arrière », 14-05-2019
(4) Caradisiac, « Périphérique : vitesse abaissée, radars en force… et alors ? », 21-02-2019
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