S’informer
Se positionner
Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Oui il fallait aller en Crimée !
Marie-Christine DALLOZ
Député Les Républicains – 2ème Circonscription du Jurahttp://www.mcdalloz.fr
Surprise par les réactions politiciennes et les commentaires publiés en parfaite méconnaissance du programme de notre déplacement, je souhaite expliquer pourquoi il fallait aller en Crimée.
Dernièrement le Conseil de l’Europe a retiré le droit de vote de la Fédération de Russie au sein de cette assemblée. En tant que Membre de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, il me semblait important de mesurer, par moi-même, les enjeux et les conséquences de cette décision.
Dans sa quasi-unanimité, la presse a toujours eu un avis très tranché sur l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie. Aussi voulais-je me rendre compte et apprécier le ressenti de la population et comprendre sa volonté suite au référendum du 16 mars 2014.
Nous avons rencontré beaucoup de personnes en Crimée lors de ce déplacement : des élus, des représentants de minorités et des citoyens dans la rue. Pour avoir beaucoup échangé avec une des minorités, à savoir les Tatares de Crimée, je pense pouvoir dire que les mesures imposées par l’Ukraine à ce peuple étaient difficilement acceptables. Par exemple, ils n’étaient autorisés à parler leur langue que deux jours par semaine. Depuis l’appartenance de la République de Crimée à la Fédération de Russie, le Tatare de Crimée est l’une des trois langues officielles de la Crimée. L’histoire de la Crimée a par ailleurs été beaucoup plus longue avec la Russie (trois siècles) qu’elle ne l’a été avec l’Ukraine (61 ans). La population de Crimée se sent ainsi naturellement plus proche de la Fédération de Russie que de l’Ukraine. J’ai aussi pu constater de mes propres yeux le retard de ce pays, en matière d’infrastructures routières notamment, une agriculture très peu développée, sans aucune mécanisation, une économie quasi-inexistante : c’est la réalité quotidienne de cette population.
Je me dois de préciser que je ne suis pas allé en Crimée, ni au nom de la France ni au nom de l’Assemblée Nationale, mais bien à titre personnel. Enfin il me semble très important de conserver un dialogue avec la Russie, la puissance économique qu’elle représente et les liens culturels forts qui ont existé dans un passé récent.
En conclusion, aller constater, sur place et sans filtre, les conséquences du blocus imposé à la population et par voie de fait, les réactions de la Russie sur nos exportations et notamment au niveau de l’agriculture française était indispensable pour la Député de la Nation, membre de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe que je suis.
Les parlementaires en Crimée : une faute politique !
Chantal Guittet
Députée PS du Finistère Présidente du Groupe d’Amitié France-Russie de l’Assemblée Nationalehttp://www.chantalguittet29.fr/
Cette tribune est parue initialement le 23 juillet à cette adresse, et est publiée ici avec l’aimable autorisation de Madame Guittet.
Je déplore et condamne vivement la visite de la délégation parlementaire en Crimée.
Pour justifier leur voyage, les membres de cette délégation invoquent la nécessité de renouer le dialogue avec les Russes et le besoin d’aller observer ce qui se passe en Crimée.
A cela, je réponds que le dialogue n’a jamais été rompu avec les Russes. Bien au contraire, les autorités russes font partie de ce que nous appelons la formation dite de « Normandie » pour trouver une solution à la crise ukrainienne.
D’autre part, cette délégation ne pourra voir que ce que les autorités voudront bien leur montrer.
Et même si les membres de ce groupe le nient, leur présence en Crimée est une forme de reconnaissance de l’annexion de cette dernière par la République de Russie.
Et ne soyons pas naïfs, les autorités russes vont instrumentaliser leur venue pour pointer du doigt la division des Européens en montrant que certains parlementaires approuvent leur politique.
Même si ces parlementaires n’ont aucun mandat, ni de la part de l’Assemblée Nationale, ni du groupe d’amitié Franco-russe que j’ai l’honneur de présider, leur déplacement à titre individuel viole le droit international, en ignorant les autorités ukrainiennes, ce qui n’est pas admissible.
Ce genre d’initiative est contraire aux traditions républicaines et nuisent à l’action de la diplomatie française.