📋 Le contexte 📋
Il s’agit d’un des conflit les plus vieux de la planète. Résumer le conflit Israélo-Palestinien en quelques lignes relève de l’impossible. Alors on vous a préparé un décryptage à ce sujet : https://ledrenche.ouest-france.fr/conflit-israelo-palestinien-une-sortie-de-crise-est-elle-envisageable/
La solution à deux États est une solution de consensus au conflit israélo-palestinien. Elle propose la création de deux États distincts dans la région géographique de Palestine, l’un arabe et l’autre juif. Elle s’oppose à la solution à un seul État, dit « État binational », dans lequel vivraient ensemble Israéliens et Palestiniens.
Examinée à de nombreuses reprises par les principales parties du conflit dans le cadre du processus de paix israélo-palestinien, notamment lors de la conférence d’Annapolis en
Tout au long du mois d’avril 2021, les heurts entre israéliens et palestiniens se sont multiplié sur fond de calendriers religieux juif et musulman coïncidant. Le point du rupture est atteint le 11 mai : le Hamas envoie plus de 150 roquettes sur Israël depuis Gaza. La plupart sont interceptées par le bouclier anti-missiles israélien mais la riposte de Tsahal, l’armée israélienne, est immédiate et la bande de Gaza est massivement bombardée.
Les affrontements ont continué pendant plusieurs jours. Au 20 mai, on dénombrait près de 250 victimes dont plus de 230 du côté palestinien. Le 21 mai, le Hamas et Israël acceptent finalement un cessez-le-feu négocié par l’Egypte après 11 jours de violences. Cependant, sans vainqueur ni conditions de paix, l’accord est fragile.
Alors que les affrontements qui ont lieu sont les plus violents depuis 2014, rien n’assure aujourd’hui que le cessez-le-feu durera. Face aux revendications des deux camps, la situation semble de plus en plus inextricable et la possibilité d’une sortie définitive du conflit israélo-palestinien, notamment par la création de deux états, paraît pour certains encore bien loin. Certains plaident désormais pour d’autres solutions et notamment pour un seul État, binational, où Palestiniens et Israéliens seraient égaux en droit. Alors, la solution à deux états est-elle encore possible ? On en débat dans le Drenche !
🕵 Le débat des experts 🕵
Disons, puisque je suis limité à 400 mots, que les deux semaines de combats Israël-Hamas n’invitent guère à l’optimisme. Sur le front de Gaza, on en est revenu globalement au statu quo ante : Hamas va reconstruire ses capacités de nuisance, cela prendra des mois ou des années, mais il est vraisemblable qu’Israël reçoive à nouveau une pluie de roquettes, et que les bombardements de Gaza reprennent de la même façon, rien n’a été résolu.
A l’intérieur d’Israël, la guerre à Gaza et les heurts à Jérusalem ont exacerbé les tensions entre citoyens juifs et arabes, et aux Etats-Unis et en Europe, l’antisémitisme a relevé la tête. Quelle solution ? La plupart des gens posent la question « Mais une telle solution est-elle réaliste, est-elle faisable ? » avant même de demander « Quelle est la solution la plus satisfaisante, intellectuellement et moralement ? » Or la seule solution du conflit israélo-palestinien, même si on ne voit pas du tout aujourd’hui comment la réaliser, est celle des deux Etats pour les deux peuples.
Il serait totalement injuste et complètement immoral de nier les droits d’un de ces deux peuples
La terre d’Israël, ou Palestine, appartient légitimement aux deux peuples, israélien et palestinien. D’un côté c’est le berceau du peuple juif, à tous les points de vue. C’est le lieu de sa souveraineté d’antan, de son histoire de peuple, de sa culture et de sa civilisation. Jérusalem est le centre même de son existence vers lequel les Juifs du monde entier se tournent. De l’autre côté, le peuple palestinien est le peuple qui vivait tranquillement en Palestine avant la création du mouvement sioniste et l’arrivée des immigrants juifs. Le droit du peuple palestinien est un droit historique, fondé sur la maison, le champ et la terre. Il serait totalement injuste et complètement immoral de nier les droits d’un de ces deux peuples ou de les départager en disant que l’un est plus légitime que l’autre. Aucun des deux droits n’est plus légitime que l’autre.
La solution du partage est la seule qui soit juste intellectuellement et moralement
Dès lors, ni la solution du « grand Israël » et l’annexion des territoires par Israël, ni la constitution d’un grand Etat arabe musulman à minorité juive (forcément opprimée) n’est envisageable. Il faut s’opposer à ces solutions extrémistes. Il ne sert strictement à rien de parler des deux Etats comme d’une solution « irréaliste », à cause de la présence des colonies juives ou du terrorisme arabe. Quand la solution du partage est la seule qui soit juste intellectuellement et moralement, juridiquement basée sur la résolution de l’ONU de 1947, il faut exiger, oui exiger, des deux parties et de la communauté internationale qu’elles trouvent les moyens de la réaliser. Ces moyens, c’est le compromis, la conciliation, la modération, mais aussi les pressions internationales sur les deux parties, surtout les pressions de la part des Etats-Unis d’Amérique.
Les événements récents à Jérusalem et dans les territoires palestiniens occupés ne sont que la répétition de ce qui arrive, de manière cyclique, tous les 4 ou 5 ans : des milliers de blessés et des centaines de morts, ainsi que la destruction de nombreuses infrastructures, évidemment surtout du côté palestinien, puisque le rapport de forces est totalement disproportionné.
Depuis plusieurs décennies, le peuple palestinien subit les humiliations, le non-respect des droits, les violences, l’apartheid. Le secrétaire d’État américain, Antony BLINKEN a déclaré ces derniers jours qu’il fallait reprendre les efforts pour parvenir à la solution à deux États, seule manière selon lui d’assurer le futur d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, tout en donnant aux Palestiniens l’État auquel ils ont droit.
Il conviendrait plutôt de faire enfin le constat d’un échec de cette solution à deux États
Qui peut encore donner de la crédibilité à cette ligne diplomatique ? Il conviendrait plutôt de faire enfin le constat d’un échec de cette solution à deux États que le manque total de continuité territoriale, à lui seul, rend invraisemblable.
L’appel au respect du droit international, réclamé depuis si longtemps, n’est plus qu’une façade permettant de masquer l’inaction internationale en faveur des Palestiniens, de leurs droits bafoués et de la paix pour les deux populations, israélienne et palestinienne.
Un État unique permettrait que soit retrouvée la fraternité entre ces peuples cousins, sinon frères
Je soutiens, avec trop peu d’autres encore, que la seule voie possible est qu’un seul État, éventuellement fédéral, unisse tous les citoyens vivant sur cette terre d’Israël/Palestine meurtrie. Il faut se souvenir qu’avant 1948, le peuple de Palestine était composé de Juifs, Chrétiens et Musulmans. C’était celui de mes parents et de mes grands-parents. Un État unique permettrait que soit retrouvée la fraternité entre ces peuples cousins, sinon frères. D’autres peuples ont réussi ce défi du vivre ensemble, après des conflits qui semblaient insurmontables. Si la communauté internationale fait pression dans ce sens, une nouvelle logique, un nouveau moteur politique, un nouvel horizon émergeraient, bien plus passionnants que ceux d’aujourd’hui. Ce serait une forme de conversion, de retournement totalement inédit qui correspond bien à l’esprit de cette Terre Sainte et à sa vocation symbolique, et qui, j’en suis persuadée, donnerait rapidement du fruit.
La France est bien placée pour être le moteur d’une telle diplomatie, parce que notre nation croit en la justice, et œuvre pour la paix, et que cette terre de Palestine/Israël a besoin de retrouver le sens de l’une et de l’autre.