📋 Le contexte 📋
Depuis le mois de septembre, la saison de la chasse est ouverte dans la plupart des départements. Historiquement, les premières traces de cette activité remontent aux Néandertaliens et au fil des siècles, cet acte de nécessité est devenu un loisir d’abord réservé à la bourgeoisie. Depuis la Révolution française, le droit de chasser n’est plus réservé à la noblesse française et s’est étendu d’abord aux propriétaires terriens puis au reste de la population. En se démocratisant, la chasse a connu maintes évolutions dans sa réglementation et le principe de régulation est aujourd’hui mis en avant. La chasse est maintenant définie comme « l’acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l’attente du gibier ayant pour but la capture ou la mort de celui-ci ».
En France, 89 espèces de gibiers et d’oiseaux peuvent être chassées si la personne possède un permis de chasse. Obligatoire depuis 1975, il est délivré par l’Office français de la biodiversité à partir de 16 ans. Depuis 2000, 3 325 accidents de chasse ont été enregistrés, causant la mort de 425 personnes. Cette tendance est à la baisse ces dernières années, notamment grâce à l’évolution des règles de sécurité avec les différentes lois de chasse (en 2000, 2019, 2022). Le chasseur doit par exemple respecter un angle de 30° à partir des points où tirer serait un danger, maintenir une distance de 150 mètres avec les habitations et depuis février, il doit déclarer ses armes au SIA (Système d’information sur les armes).
Malgré les règles de sécurité, chaque année des accidents sont provoqués par des manquements, mettant en danger les chasseurs et les habitants. Généralement, ces accidents surviennent à cause d’un non-respect de l’angle de tir, de la non-identification de la cible, des tirs en direction des habitations et des auto-accidents. Depuis 20 ans, dans la majorité des cas ils concernent les chasseurs eux-mêmes (86% sur 2020 et 2021) et surviennent surtout lors des chasses de grands gibiers. Pour autant, les accidents des non-pratiquants existent et font régulièrement l’actualité. Le collectif « un jour un chasseur » recense tous ces accidents et les défaillances liées à la chasse.
En septembre, après que la pétition « Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça ! » a atteint 10 000 signatures, la Commission des affaires économiques et des lois a rédigé un rapport d’information avec 30 propositions pour améliorer la sécurité. Parmi elles, la réglementation de l’alcool pendant la chasse (vous pouvez retrouver notre débat à ce sujet), la nécessité d’un certificat annuel ou l’amélioration de la formation… Pour la Fédération de Chasse, ces propositions sont caricaturales, alors que pour les anti-chasse, la Commission a évincé la plupart de leurs demandes, dont l’interdiction de chasser le dimanche.
Le député écologiste Charles Fournier a déposé une proposition de loi dont l’objectif est d’interdire la chasse les week-ends, les jours fériés et les vacances scolaires. Cette PPL demande également l’abolition de la chasse à courre, des chasses traditionnelles et en enclos. Une initiative influencée par la proposition de campagne de Yannick Jadot et justifiée par le principe que ces jours d’interdiction permettraient d’améliorer la sécurité des autres promeneurs en forêt. Même si le député sait que sa PPL risque fortement d’être éconduite, il veut mettre le sujet sur la table via ce projet et arriver peut-être à obtenir un dimanche sans chasse. (Vous pouvez retrouver un débat à ce sujet). Cette volonté d’interdire la pratique de la chasse est réclamée depuis longtemps par des militants et politiques.
La mort de Morgan Keane en 2020, un jeune homme de 25 ans tué dans son jardin par un chasseur, avait ravivé le débat déjà présent sur la chasse. Les accidents qui ont suivi, relevés notamment par le compte Twitter« Un jour un chasseur » font tout autant réagir, surtout sur les réseaux sociaux. Pour la créatrice de ce compte, Léa Jaillard, et son collectif, « avant, les accidents étaient relatés de manière anodine, comme si c’était normal de mourir. Cela participe à débanaliser. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus ignorer qu’il y a un problème avec la pratique actuelle de la chasse. Si le gouvernement décide de ne rien faire, c’est vraiment un choix conscient ». Pour les opposants, cette proposition reviendrait à interdire totalement la chasse, étant donné que les chasseurs, travaillant la semaine, n’auraient alors plus l’occasion de pratiquer leur activité. Et si justement, on allait plus loin en interdisant complètement la chasse ? Pour quelles raisons faudrait-il poursuivre ou arrêter de chasser ? Deux experts en débattent.
🕵 Le débat des experts 🕵
Chaque année, environ 45 millions d’animaux sauvages libres ou venant d’élevages sont tués à la chasse, des oiseaux pour la majeure partie. C’est énorme, et les Français en ont bien conscience. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les chasseurs, nous, associations de défense des animaux et One Voice en particulier, sommes loin d’être les seuls à nous offusquer qu’on tue des animaux pour le plaisir.
87% des Français trouvent que la chasse pose des problèmes de sécurité pour les promeneurs
Dans le sondage Ipsos/One Voice de 2022, seules 26 % des personnes interrogées étaient favorables à ce loisir qui met en danger la vie de ceux qui ne le pratiquent pas. 87 % des Français trouvent que la chasse pose des problèmes de sécurité pour les promeneurs, et en toute logique, plus de huit personnes sur dix veulent que chasse et piégeage soient interdits deux jours par semaine, dont le dimanche, ainsi que durant l’intégralité des vacances scolaires !
One Voice a infiltré le milieu de la chasse pendant plusieurs années. C’est une thématique que nous connaissons sur le bout des doigts, et chaque nouvelle enquête a mis au jour des pratiques barbares pour les animaux et dangereuses pour la sécurité de tous.
Si le but des chasseurs était de réguler les populations comme ils le prétendent, il n’y aurait pas partout en France des centaines d’élevages d’animaux sauvages destinés à être « relâchés dans la nature » pour être chassés, comme le montre notre carte répertoriant tous les élevages officiels de « grands gibiers ». Et ils ne tueraient pas les oiseaux en danger de disparition, avec des méthodes toutes plus cruelles les unes que les autres.
90 accidents de chasse, dont huit mortels
Ce « loisir » met aussi en danger les humains non chasseurs et limite leurs libertés. Sur le terrain, nos enquêteurs ont filmé les verres de vin bus dès 8 h du matin et la bière avalée toute la matinée. Au déjeuner, rebelote avant de repartir tirer à qui mieux mieux. Alcoolisés pendant les battues, les chasseurs tiennent des propos alarmants sur la sécurité. L’irresponsabilité de ces personnes armées n’est pas sans conséquences.
Sur la période 2021-2022, l’Office français de la biodiversité a recensé 90 « accidents » de chasse, dont huit mortels. Malgré l’inquiétude des Français, le rapport publié par la mission sur la sécurisation de la chasse du Sénat en septembre dernier a mis de côté la quasi-totalité de nos revendications. Quand on parle de chasse, seuls comptent les intérêts d’une extrême minorité.
Comment les autorités peuvent-elles encore permettre qu’adultes comme enfants risquent leur vie sur des sentiers de randonnée et jusque dans les jardins, pour que les chasseurs puissent tirer sur des animaux ?
Il est plus que temps que les choses changent
Comment peuvent-elles aussi fermer les yeux sur l’enfer vécu par beaucoup de chiens de chasse ? Et continuer d’autoriser les chasseurs à participer au déversement de 8 000 tonnes de plomb dans la nature chaque année, polluant sols et cours d’eau ?
Dans notre pétition pour une réforme radicale de la chasse, qui a obtenu plus de 325 000 signatures à ce jour, nous réclamons une dizaine de mesures pour limiter les dégâts énormes causés par cette pratique et d’enfin bien mieux l’encadrer.
Il est plus que temps que les choses changent et que les pratiques cruelles d’une poignée d’individus cessent de détruire la Nature et de rendre la vie impossible à la majorité d’entre nous.
A contre-courant des pratiques politico-médiatiques qui tendent à entretenir un buzz rémunérateur, notre expérience quotidienne sur les réseaux sociaux nous montre que la chasse est plus acceptée quand elle est expliquée. En effet, la minorité bruyante qui vocifère pour dénoncer la chasse, véhicule en boucle les mêmes images chocs dans l’objectif de faire passer l’émotion avant la raison et ainsi de créer un sentiment d’insécurité voire de haine chez nos concitoyens.
La sécurité reste l’affaire de tous
La Commission sénatoriale (sécurité à la chasse) a mis en évidence les progrès au cours des 20 dernières années. Comme dans toute activité, la sécurité reste l’affaire de tous et doit rester au centre des préoccupations. Le rapport rassure malgré tout et montre qu’une cohabitation entre usagers est possible. Les chasseurs entretiennent et préservent l’environnement. Tels des gestionnaires, ils aménagent, enrichissent les territoires (chemins, haies, zones humides, etc.) afin de continuer à chasser de manière durable et raisonnée.
Cette implication bénéficie à toutes les espèces, chassables ou non. Les populations d’ongulés sauvages impactent le renouvellement des forêts ou engendrent des dégâts insupportables pour l’agriculture. Les chasseurs, de par leur mode de vie, participent au maintien de cet équilibre. Aujourd’hui, ce sont les seuls qui financent les dégâts occasionnés par les ongulés sauvages et permettent ainsi une économie non-négligeable pour l’Etat. Les chasseurs deviennent ainsi les garants de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique.
La chasse participe à la transmission de valeurs humaines
La présence régulière des chasseurs sur le terrain et leurs connaissances sur la faune et la flore nous permet d’affirmer qu’ils sont de véritables sentinelles. Ils participent au réseau SAGIR (suivi sanitaire de la faune) et alertent les autorités publiques lorsqu’un risque sanitaire ou une pollution menace la faune ou l’homme.
Par l’ensemble de toutes ces actions bénévoles, les chasseurs participent au fonctionnement économique du territoire en se substituant pour partie aux collectivités territoriales dans la gestion et l’entretien et la surveillance de l’espace naturel.
Moralement, la chasse participe à la transmission de valeurs humaines telles que la générosité, l’altruisme et le partage. Ainsi, les chasseurs offrent volontiers de la venaison à la famille, aux amis ou même aux plus démunis.
Viande d’excellente qualité nutritive, cette venaison provient d’un animal qui a vécu en liberté, qui a été chassé localement et dont le bien-être a été plus que respecté! Écologiquement et socialement, la venaison est donc une viande d’avenir.
La chasse de demain
Finalement, la chasse est une activité très encadrée puisque tout ce que nous avons évoqué dans cet article peut être relié à chaque schéma départemental de gestion cynégétique.
Et la chasse de demain ? Chaque chasseur est un ambassadeur de sa pratique. Il véhicule une image moderne et respectueuse de l’environnement. Nous vous invitons donc à rencontrer chasseresses et chasseurs pour découvrir leur mode de vie et ainsi vous faire votre propre avis sur la chasse.