📋 Le contexte 📋
Un million de bouteilles en plastique sont achetées dans le monde chaque minute.
À partir des années 1940, des entreprises américaines comme DuPont et Standard Oil commencent à utiliser le plastique PVC (polychlorure de vinyle) comme contenant pour le savon et le détergent. C’est en France que Vittel introduit pour la première fois la bouteille d’eau en plastique PVC en 1968. Une initiative qui rencontre vite un fort succès partout dans le monde.
Le type de plastique utilisé pour les bouteilles a évolué avec le temps. Désormais, on retrouve sept types de plastique différents. Les trois les plus courants sont : le PET, qui est le plus utilisé pour les bouteilles en plastique, le HPDE pour les gros contenants (lessive) et le PC qui est majoritairement utilisé dans les produits réutilisables comme les biberons.
9,1 milliards de litres d’eau en bouteille sont consommés en France en 2018 selon OiEau. Bien sûr, les Français ne boivent pas seulement de l’eau. Ils consomment en moyenne 96 bouteilles en plastique par an et chaque jour en France, 25 millions de bouteilles sont jetées. Ces chiffres astronomiques sont notamment dus au fait que, selon la British Plastics Foundation, plus de 70% des boissons non alcoolisées sur le marché mondial sont consommées dans des bouteilles en plastique.
Dans les années 1970-1980, des études scientifiques commencent à alerter et sensibiliser les associations, les ONG et les pouvoirs publics sur l’impact du plastique sur l’environnement. Et pour cause, la durée de vie du plastique se situe entre 450 ans et l’éternité.
En 1950, on produisait 2,3 millions de tonnes de plastique, en 2000, c’était 234 millions de tonnes et en 2019, 460 millions de tonnes. Parmi ces tonnes de déchets, 9% sont recyclées, 19% incinérées, 50% mis dans des décharges contrôlées, et 22% jetées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou laissées directement dans la nature.
En 2019, 22 millions de tonnes sont rejetées dans la nature dont 6,1 millions de tonnes dans l’eau (cours d’eau, lac, mers…). Les eaux mondiales sont, en effet, impactées directement par notre forte consommation de plastique. On estimait en 2019 que 109 millions de tonnes de plastique étaient présentes dans les différents cours d’eau de la planète. Et au terme d’un long processus, tout ce plastique sera rejeté dans les océans.
Avec les différents courants marins, les vents et sa légèreté, le plastique est facilement déplacé. Dans son voyage, il est soit dégradé et rejeté sur les plages (73% des déchets présents sur les plages sont du plastique) ou amené dans des gyres océaniques (tourbillon marin). Au nord de l’Océan Pacifique, avec une superficie représentant trois fois la France, 1,6 million de km² de plastique flotte ainsi depuis plusieurs années formant le gyre subtropical du Pacifique Nord autrement appelé le 7ᵉ continent.
Les impacts du plastique sur les fonds marins ne sont pas les seuls à être décriés, il y a aussi l’impact de la production. Prenons le leader des bouteilles en plastique : Coca Cola. Depuis plusieurs années, l’ONG Break Free From Plastic classe les plus gros pollueurs et la multinationale arrive toujours en tête. Coca produit environ 108 milliards de bouteilles chaque année, soit une bouteille sur cinq. Et dans cette production, ce sont 15 millions de tonnes d’émissions de CO2 qui sont comptabilisées, ce qui représente les rejets de 3000 voitures.
Sur les 25,8 millions de tonnes de plastique générées chaque année en Europe, moins de 30% sont collectées pour être recyclées. Et sur ces 30%, une partie importante est acheminée hors de l’Europe pour être traitée.
Selon Citeo, le plastique est recyclé en moyenne à 30% en France avec des disparités géographiques quant à la collecte des déchets. Suite à une signalétique défaillante provoquant des doutes au moment du tri, d’après l’Observatoire régional des déchets en Île-de-France, seulement 14% des déchets plastiques ont été collectés dans la région en 2021. Le recyclage a tout de même fait des progrès ces dernières années : en 2021 par exemple, 139 000 tonnes d’emballages supplémentaires ont été recyclés par rapport à 2020.
La bouteille en plastique, une fois déposée dans un lieu adapté, est acheminée dans un centre de tri. Après plusieurs triages, les plastiques sélectionnés seront broyés en paillettes pour être réutilisés. Le PET peut être recyclé en vêtement, en matériau isolant ou en bouteille. Mais à chaque recyclage, on constate une perte de 3% de la matière, ce qui fait que pour dix bouteilles recyclées, on ne pourra en fabriquer que six. On doit alors réinjecter des additifs pour refaire une bouteille et cela, on peut le faire deux ou trois fois maximum.
Des mesures sont donc prises par les instances politiques pour tenter d’améliorer notre utilisation du plastique et son recyclage. En 2019, l’Union européenne a adopté une directive relative « à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement » qui fixe comme objectif que 90% des bouteilles en plastique soient collectées d’ici à 2029; et que les bouteilles qui seront commercialisées sur le territoire devront contenir au moins 25% de plastique recyclé d’ici à 2025 et 30% en 2030.
En France, l’année suivante, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a interdit la distribution de bouteilles en plastique dans les cantines scolaires et dans les entreprises. Cette loi qui a déjà permis de simplifier le tri sélectif, va permettre de mettre en place de nouveaux lieux de consigne.
Plusieurs initiatives, locales, nationales et mondiales sont donc développées pour tenter de contrer les impacts du plastique. Mais sont-elles suffisantes ? Devrait-on interdire totalement les bouteilles en plastique ? Peut-on réellement le faire ?
On en débat !
