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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Les contrats aidés sont vraiment utiles
Emmaüs France s’oppose à la baisse drastique du nombre de contrats à la fois sur la forme de cette décision mais surtout sur le fond.
La forme, c’est une absence totale de concertation du gouvernement en amont de la décision et de nombreuses déclarations dans la presse, très mal reçues par les acteurs qui ont entendus qu’ils coûtaient chers et ne servaient à rien !
Le fond, c’est d’abord un désaccord sur l’analyse de l’inutilité des contrats aidés concernant le retour à l’emploi des bénéficiaires. L’étude de la Dares*, citée régulièrement pour justifier cette baisse, est beaucoup plus mesurée lorsqu’on prend le temps de lire celle-ci entièrement. Cette dernière, qui s’appuie sur le suivi d’une cohorte de personnes en contrats aidés en 2005 ne différencie pas le type d’employeur ni les secteurs d’activités alors que les pratiques et l’accompagnement proposé peuvent-être très différents. Nos structures ayant recours à des contrats aidés, ont mis en place, sur leurs fonds propres, un accompagnement des salariés visant à travailler à la levée des freins à l’emploi et obtiennent de très bon résultats.
Les impacts n’ont pas été anticipés
Le fond, c’est également ne pas avoir anticipé et estimé les impacts concrets de cette décision sur le quotidien de nombreuses personnes, qu’elles soient bénéficiaires d’un contrat aidé ou de services rendus par des associations employeuses. Nous n’avons aucun problème à discuter du bien-fondé d’une politique ou d’un dispositif s’il s’agit de trouver d’autres solutions plus efficaces. Dans ce cas de figure, il n’y a aucun échange préalable, ni aucune solution à court terme proposée pour les personnes éloignées de l’emploi, ni de propositions alternatives pour permettre aux structures de se transformer et d’avoir le temps nécessaire pour cela.
Concrètement pour notre mouvement ce sont plus de 600 contrats aidés tous les ans, soit dans le cadre de création d’emplois visant à être pérennisés, soit dans le cadre d’une activité d’insertion. Les structures ont augmenté le nombre de leurs salariés du fait du développement de leurs activités, mais aussi du fait d’une forte sollicitation des préfets en 2015 et 2016 les incitant à poursuivre leurs actions d’insertion d’un public éloigné de l’emploi sur leurs territoires. De nombreuses structures du mouvement se retrouvent fragilisées voire fortement mises en danger par cette situation.
Nous allons contribuer à l’élaboration d’un nouveau dispositif répondant aux besoins de chaque partie prenante mais au préalable nous avons besoin de sécuriser nos structures et surtout d’offrir suffisamment de réponse pour un public éloigné de l’emploi en 2018.
Contrats aidés : ayons le courage de réformer !
Jean-Marc Zulesi
Député (LREM) de la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhônehttps://www.jeanmarczulesi.fr/
Je tiens tout d’abord à exprimer mon exaspération face à l’« amnésie » qui semble toucher plusieurs personnalités politiques. Ces apôtres de la lutte contre les déficits étaient nombreux à porter le programme présidentiel de M. Fillon, qui prévoyait de supprimer les contrats aidés. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui font mine de défendre le fondement même de ces contrats. Ils attisent les tensions.
Comme initialement prévu par l’ancienne majorité, les contrats aidés sont passés de 460.000 en 2016 à 280 000 « budgétés » pour 2017. Conscient des besoins urgents à combler et afin d’assurer une transition, le gouvernement a prévu 40.000 contrats aidés supplémentaires pour cette année.
Mais dès l’an prochain, le nombre de ces contrats baissera et nous l’assumons. Il ne s’agit pas de tailler aveuglément dans la dépense : les emplois aidés seront ciblés sur 4 priorités que sont l’accompagnement des élèves en situation de handicap, l’urgence sanitaire et sociale, l’Outre-mer et les communes rurales.
Pas la solution face au chômage de masse
Les milliards d’euros injectés dans les contrats aidés n’ont jamais fait la preuve qu’ils permettaient un retour pérenne vers le marché de l’emploi. A peine plus de la moitié, dans le secteur marchand, aboutissent à un emploi durable dans les six mois. Pire encore, ce « taux d’insertion durable » est seulement d’1/4 dans le secteur non marchand.
Ces emplois sous perfusion publique ne sont pas la solution face au chômage de masse. Ils alimentent une précarisation du monde du travail et les titulaires de ces contrats sont souvent les premiers à le regretter. Ils ouvrent la porte à une succession de petits boulots, qui empêchent de s’installer dans la vie. Trop souvent, ils sont utilisés pour masquer la hausse du chômage et favorisent des pratiques politiques clientélistes.
Au lieu d’investir dans le statut, investissons dans l’Homme. La clé pour assurer un avenir professionnel à notre jeunesse et permettre aux seniors de retrouver le chemin de l’emploi, c’est la formation professionnelle personnalisée. Celle qui permet d’acquérir les compétences, le savoir-faire, l’expertise sur les métiers d’aujourd’hui et de demain. C’est l’objet du plan de formation de 15 milliards qui sera dévoilé à l’automne.
Notre majorité investit sur le long terme, quitte à essuyer des critiques immédiates. Depuis des années, notre pays souffre de l’immobilisme. Le renouvellement politique décidé par les Français doit nous conduire à dépasser les critiques stériles et à affirmer des ambitions fortes pour notre pays.