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L’Europe en fait-elle assez pour lutter contre le chômage des jeunes ?

Co-financé par l’Union Européenne. Les avis exprimés n’engagent que les auteurs et ne sauraient être considérés comme constituant une prise de position officielle de la Commission européenne. La présente publication n’engage en aucune façon la responsabilité de la Commission européenne.

📋  Le contexte  📋

Vous avez peut-être déjà entendu parler du programme 1 jeune, 1 solution qui avait débuté en juillet 2020 suite à la crise Covid pour permettre aux jeunes de trouver un emploi, une formation ou un parcours d’insertion. À partir du 1 mars 2022, le Contrat Engagement Jeune (CEJ) s’inscrit dans la lignée de ce programme et remplace le dispositif Garanties jeunes, qui avait été instauré en 2017. La CEJ prévoit un accompagnement individuel personnalisé mis en place par les Missions Locales et Pôle Emploi sur 6 à 12 mois selon les profils. La personne accompagnée pourra bénéficier d’une allocation allant jusqu’à 500€ par mois, ainsi que d’un programme intensif de 15 à 20 heures par semaine composé de différents types d’activités. Concrètement, le CEJ s’adresse aux jeunes de 18 à 25 ans qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas une formation et présentent des difficultés d’accès à l’emploi durable. Cela concerne au moins 400 000 jeunes en 2022.

Dans l’Union européenne, le taux de chômage des 15 – 24 ans (sur la population active) est de 14%. Mais ce chiffre varie grandement d’un pays à l’autre : en Allemagne, on compte 6% de chômeurs chez les jeunes, tandis que l’Espagne se situe plutôt autour des 27%. En France, 16,5% des jeunes actifs sont au chômage. Dans l’hexagone, la crise sanitaire et les confinements ont eu un impact important sur le chômage des jeunes en 2020. Face à cette dégradation des perspectives d’emploi, de nombreux jeunes ont choisi de prolonger leurs études. La crise et les confinements ont également eu un impact très négatif sur la santé mentale des jeunes. Néanmoins, d’après la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), l’année 2021 est témoin d’une baisse du chômage en partie due à la démocratisation des contrats d’alternance. La mise en place de ces contrats a été favorisée par les politiques de cohésion européennes.

Face à la détresse des jeunes, l’Union européenne a débloqué des fonds pour empêcher une crise économique de grande ampleur. Ainsi, la baisse du chômage des jeunes a partiellement été boostée par le plan France Relance et le programme 1 Jeune 1 Solution, financés par le plan européen NextGenerationEU. Ensuite, les missions locales, qui sont chargées de l’accompagnement des jeunes, sont en partie financées par le Fonds social européen (FSE). Un des objectifs du FSE est de favoriser l’intégration des jeunes et des seniors exposés au chômage. Les missions locales bénéficient également du soutien du programme Erasmus+. Pour finir, le CEJ est mis en place au travers de la Garantie renforcée pour la jeunesse, elle-même financée par l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ), désormais intégrée au FSE. Ces différents programmes et financements imbriqués peuvent paraître complexes, mais leur application va avoir un impact réel sur la vie de milliers de jeunes en France. Alors, le CEJ sera-t-il un programme efficace pour lutter contre le chômage des jeunes ? On en débat !

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🕵  Le débat des experts  🕵

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L'UE en fait-elle assez pour lutter contre le chômage des jeunes?
Le « Pour »
Alexis Gibellini
Président des Jeunes Progressistes
Un pacte de confiance pour donner sa chance à chaque jeune !

« 1 jeune, 1 solution ». Ce n’est pas un slogan, mais un plan massif lancé par le Président Emmanuel Macron à l’été 2020, peu après le début de la crise sanitaire. Dans cette lignée, le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) a été mis en place en mars 2022, par Élisabeth Borne lorsqu’elle était Ministre du Travail, lors du précédent quinquennat.

Depuis, le contexte a changé, les crises se sont succédé. Désormais, la lutte pour le plein-emploi est au cœur de la politique menée par le Président de la République et la Première Ministre. Dans ce sens, des réformes globales sont actuellement initiées, par exemple sur l’assurance-chômage, avec un objectif clair : mieux valoriser le travail dans notre pays pour permettre l’émancipation de toutes et tous dans la société.

Le combat mené par le Gouvernement vise donc à réduire le chômage des jeunes – première des inégalités qu’ils subissent – en facilitant leur insertion dans le monde du travail. Depuis 2017, les résultats sont tangibles dans ce domaine. Ce cap se poursuit et se traduit dans une politique volontariste de l’emploi, pilotée par le Ministre du Travail Olivier Dussopt. Ainsi, le Contrat d’Engagement Jeune y trouve toute sa place, puisqu’il contribue à atteindre ces objectifs ambitieux.

Conjuguer efficacité économique et justice sociale

Cette mesure est à la fois un outil d’efficacité économique et d’insertion sociale, qui a produit des résultats concrets en l’espace de 6 mois seulement, et que les jeunes plébiscitent :

– 178 000 jeunes bénéficiaires, qui étaient pour la plupart peu diplômés voire ni en emploi ni en formation – les fameux « NEETs » -, ont été accompagnés ;

– Près de 86 % d’entre eux se déclarent satisfaits ou très satisfaits ;

– 89 % sont même prêts à le recommander à un proche en difficulté professionnelle ;

– 83 % estiment avoir gagné en autonomie et obtenu les informations utiles à leur insertion.

Ce bilan est encourageant. Le Contrat d’Engagement Jeune apparaît ainsi comme la première étape de changements profonds pour notre système d’aides en France. Car ce que nous voulons, c’est en même temps nous battre pour plus de justice sociale, contre la pauvreté, et pour renforcer l’efficacité des aides. Comme s’y est engagé le Président Macron, la solidarité à la source va donc être expérimentée dès 2023, afin de rendre automatique le versement des aides sociales. Cette mesure puissante permettra de réduire fortement, sinon d’éradiquer, le phénomène de non-recours aux droits sociaux.

Allons plus loin : un revenu universel pour les jeunes ?

Autre changement à venir, le RSA va mieux réinsérer ses bénéficiaires vers l’emploi, comme il avait d’ailleurs été initialement conçu par Michel Rocard, lors de la création du RMI en 1988. Les démarches des demandeurs d’emploi seront simplifiées, grâce à un guichet unique : France Travail.

Cette batterie de mesures consolidera notre modèle social, tout en rendant plus efficaces les mécanismes de retour à l’emploi. Peut-être pourrons-nous, par la suite, réfléchir à une transformation du Contrat d’Engagement Jeune, pour aller vers un revenu universel : un véritable filet de sécurité, tout particulièrement pour protéger nos jeunes et étudiants de la précarité. Ce chantier de long terme pourrait être amorcé dans la concertation sur la réforme des bourses, voulue par le Gouvernement.

Alors oui, soyons fiers, ambitieux et plein d’espoir, autant que l’est notre jeunesse de France. Et surtout, ayons confiance en elle : donnons sa chance à chaque jeune !

Le « Contre »
Ulysse Guttman-Faure
Président co-fondateur de l’association COP1 Solidarités Étudiantes
Le CEJ ne répond pas réellement aux besoins des jeunes

Sur le principe, le Contrat engagement jeune va dans le bon sens : il faut permettre aux jeunes diplômés de trouver un emploi et d’être rémunérés, et aux plus jeunes de trouver des formations. Néanmoins, le CEJ ne permet pas de toucher plus de 500€ par mois (et ce montant chute à 300€ par mois pour ceux qui vivent chez leurs parents) ; c’est très peu pour les jeunes en difficulté et pour les diplômés qui ont besoin d’un emploi durable. De plus, l’indemnisation du CEJ est soumise à l’acceptation d’offres proposées.

Ensuite, les jeunes manquent souvent d’accès à l’information concernant les dispositifs existants pour eux. Monter un dossier pour accéder aux aides existantes est aussi une difficulté. Or, pour accéder au CEJ, il faut se tourner vers une Mission Locale ou vers Pôle Emploi. Il est compliqué pour un jeune de spontanément aller vers ces structures.

Il faut permettre aux jeunes de trouver un emploi à la hauteur de leurs espérances

En réalité, peu d’offres d’emploi pour les jeunes sont non pourvues. Et celles non pourvues le sont souvent parce que les emplois sont à temps partiel et mal rémunérés. Le CEJ va baisser artificiellement le niveau de chômage des jeunes, mais le jeune ne sera plus payé et n’aura pas droit à ce Contrat d’engagement s’il refuse une offre qui ne correspond pas à ses envies ou besoins, ou encore à la rémunération qu’il peut espérer pour pouvoir vivre dans une grande ville. L’association COP1 défend qu’il faut permettre aux jeunes qui viennent de finir leurs études de trouver un emploi à la hauteur de leurs capacités et de leurs espérances.

Au lieu de créer un nouveau programme de formation, pourquoi ne pas s’appuyer sur notre système universitaire déjà existant? Nous soutenons une solution plus uniforme, par exemple élever les financements des universités pour qu’elles puissent offrir des places à tous ceux qui souhaitent s’y inscrire. Pourquoi pas également augmenter les bourses pour permettre à chacun d’étudier pleinement. D’autres mesures comme le repas à 1€ pendant la crise de la Covid étaient encourageantes et auraient pu être maintenues. Il faudrait donc plutôt pousser les jeunes à continuer les études. Chaque année, énormément d’étudiants sont contraints d’arrêter leurs études, faute de moyens pour se nourrir. Or, le CEJ n’est pas prévu pour les étudiants. C’est un grand défaut.

Les jeunes doivent pouvoir étudier dans de bonnes conditions

En effet, le travail à côté des études est une des premières causes de l’échec universitaire. Certains étudiants n’ont pas le choix et sont obligés de travailler en parallèle de leurs études pour survivre, mais nous souhaiterions qu’un étudiant puisse arrêter de travailler pour passer plus de temps à étudier. Des étudiants sont même obligés d’aller aux distributions alimentaires de différentes associations comme COP1, faute de quoi ils arrêteraient les études. On voit qu’ici, les inégalités sont une cause d’échec.

Ainsi, la priorité serait d’assurer que les jeunes qui sortent du lycée aient des places dans des universités, des CAP, ou autres formations diplômantes. Il faut ensuite permettre à ces jeunes d’étudier dans les bonnes conditions. Nous soutenons toute initiative qui permettra aux étudiants de mener leurs études à terme et aux jeunes de s’autonomiser. En ce sens, le CEJ ne répond pas réellement aux besoins des jeunes.

Propos extraits de la vidéo « le contrat engagement jeune ne répond absolument pas aux besoins des étudiants » publiée sur la chaîne YouTube de Regards en novembre 2021

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