Notre-Dame-Des-Landes : Pour ou Contre l’aéroport ?

aéroport NDDL

Numéro 1

S’informer

NDDL c'est quoi ?
Le projet d’aéroport du Grand Ouest, souvent appelé projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou NDDL, est un projet d’aéroport international dont l’implantation est prévue à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes, sur plusieurs communes, dont celle de Notre-Dame-des-Landes.

Ce nouvel aéroport aurait pour but de remplacer l’aéroport de Nantes Atlantique.

D'où vient ce projet ? Pourquoi un nouvel aéroport ?

Le projet d’aéroport à NDDL n’est pas récent : il date des années 60 ! A l’époque, le gouvernement souhaitait lutter contre l’hypercentralisation parisienne en développant de grandes villes de province (qu’on appelait alors les « métropoles d’équilibre »), dont Nantes faisait partie. Dès 1968, le site de NDDL est identifié comme site préférentiel pour la construction d’un aéroport international pour les avions commerciaux long-courriers et pour le fret.  Mais la forte opposition au projet et la crise pétrolière des années 1970 mettent fin au projet.

Ce dernier ne sera relancé qu’en 2000 sous le gouvernement Jospin, toujours dans le but de permettre le développement économique de la région Ouest. Après plusieurs années de développement (études, débat public, enquête d’utilité publique, etc…), le décret d’utilité publique (DUP) est publié le 10 février 2008. Malgré plusieurs recours, l’utilité publique de l’aéroport est confirmée par les arrêts du Conseil d’État.

Le projet a donc suivi son cours et les premiers appels d’offres pour la construction de NDDL ont été lancés à partir de 2008. Depuis, les opposants au projet ont déposé plusieurs recours administratifs mais ceux-ci ont jusque là tous été rejetés.

Toutefois, l’opposition au projet est restée très forte. À l’issue du remaniement ministériel de février 2016 (et du retour d’Europe Ecologie les Verts et de Jean-Marc Ayrault au gouvernement), François Hollande a décidé la tenue d’un référendum local sur le projet afin d’essayer de trouver une issue au problème.

Pourquoi on en parle en ce moment ?
Après de nombreux débats et un référendum local sur le projet qui a eu lieu le 26 juin 2016 (où le « Pour » le nouvel aéroport a emporté 55% des voix), le Gouvernement a finalement annoncé le 17 janvier 2018 que le projet ne verrait pas le jour, estimant que les conditions de réalisation de ce projet n’étaient pas réunies.

Numéro 2

Se positionner

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

Quelle est votre opinion avant de lire l'article ?
LE « POUR »

Oui, le transfert de l’aéroport est nécessaire

Billet rédigé par :

COCETA SAGL

COllectif Citoyen Engagés pour le Transfert Aéroport - Saint-Aignan de Grand Lieu
http://sagl.coceta.org

Notre collectif s’est créé devant l’absence d’application d’une décision démocratique suite aux rejets des recours déposés par les opposants. Le rapport des experts de Ségolène Royal et le document de la CNDP (Commission Nationale du Débat Publique) pour le vote  du 26 juin viennent conforter l’absurdité de cette consultation.

Dans ces documents apparaissent des éléments factuels qui mettent en brèche une désinformation trop longtemps entretenue et insuffisamment dénoncée par les partisans du transfert qui se sont laissés endormir par les promesses d’actions des hommes politiques de tout bord.

Le coût de NDDL est figé dans le marbre depuis 2010 pour nos collectivités (115.5 M€) et pour l’état (135.5 M€), le reste étant payé par un concessionnaire privé AGO qui devra s’adapter aux éventuels dépassements. Les coûts de réfection pour N.A.(Nantes-Atlantiques), qui survit grâce aux dérogations provisoires, seraient au moins aussi importants.

Plusieurs milliers d’emplois seront créés autour du nouvel aéroport, d’abord pour la construction ensuite pour répondre aux besoins touristiques et à l’attractivité d’un pôle connecté à l’Europe. De même l’espace libéré à N.A. permettra de conforter la forêt urbaine avec une réserve de 120 ha à l’ouest de la piste et d’agrandir un pôle industriel à l’étroit avec 80 ha libérés par les parkings et bâtiments de l’aérogare.

Le PEAN signé en 2013 (périmètre de protection des espaces agricoles et naturels périurbains) au sud de NDDL avec plus de 17 300ha est le plus grand de France et protège l’étalement urbain dans cette zone. De même la disparition du Plan d’Exposition au Bruit, liée au transfert à NDDL, permettra de libérer 350ha devenant urbanisables, pour créer plus de 6 000 logements à l’intérieur du périphérique en limitant ainsi l’étalement urbain.

L’augmentation du trafic aérien est en très forte progression et situe N.A. en 1ère position de tous les aéroports régionaux. A très brève échéance, l’atterrissage par le Nord se fera suivant une trajectoire redressée qui passera au-dessus du centre-ville de Nantes : 80450 personnes seraient impactées par les nuisances sonores et les risques liés au trafic contre 2664 pour NDDL sans aucun bourg survolé.

Actuellement, plus de 8440 élèves impactés par les nuisances sonores à N.A., 0 élèves à NDDL : des études scientifiques démontrent l’effet nocif de ces bruits intermittents au-dessus de 55 décibels pour l’apprentissage.

Les minorités ont le droit de s’exprimer mais elles ne peuvent bloquer une très large majorité d’élus de toutes sensibilités qui se sont prononcés favorablement au transfert à NDDL depuis le choix de ce site.

LE « CONTRE »

Un projet d’aéroport inutile, coûteux et destructeur

Billet rédigé par :

CEDPA

Collectif d'Elus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport de Notre-Dame-des-Landes
http://aeroportnddl.fr/

L’aéroport du Grand Ouest existe déjà, c’est Nantes-Atlantique, l’aéroport international de Nantes. Il est rentable, il a été primé meilleur aéroport régional européen en 2012, mais depuis 50 ans, à cause du projet de Notre Dame des Landes, il n’a pas bénéficié de toutes les améliorations nécessaires. On peut le conserver et l’optimiser. Son trafic est le tiers de celui de Genève qui dispose d’une piste de même taille. Sa superficie permet d’agrandir l’aérogare, de construire des parkings silos et d’allonger la piste de 100 m pour une mise en conformité. L’État français reconnaît que c’est possible et à moindre coût que la construction d’un nouvel aéroport. Par contre, alors même qu’il autorise à NDDL des surfaces et services aux passagers moindres qu’aujourd’hui, il annonce pour cette optimisation des travaux et coûts démesurés (chenil à 600 000 euros, réfection totale de la piste, fermeture pendant travaux etc.). L’Atelier citoyen qui a travaillé sur l’optimisation de Nantes Atlantique a montré que c’était faux.  L’étude indépendante qui pourrait départager ces positions est refusée par le gouvernement.

L’économie de l’Ouest est dynamique avec l’aéroport actuel. En dehors de certains intérêts dans le BTP et l’immobilier, le projet serait plutôt néfaste pour l’économie :

  • argent public englouti dans l’aéroport, une nouvelle route, une voie ferrée, un nouveau pont sur la Loire ;
  • fragilisation d’Airbus et ses sous-traitants (2900 emplois) qui risquent de se retrouver sans piste ;
  • trajets et coûts plus importants pour la clientèle affaires de l’aéroport ;
  • aggravation du déséquilibre en emplois de l’agglomération et des embouteillages ;
  • fuite des compagnies low cost (47 % des passagers en 2015) du fait de taxes aéroportuaires plus élevées ?

Le bruit ne peut pas être un motif suffisant de transfert : les autres aéroports savent réduire les nuisances sonores par des réglementations contraignantes qui ne sont pas prises à Nantes (sur les trajectoires, les vols de nuit, les avions bruyants) ; en outre, de décennie en décennie, les avions sont moins bruyants.

Le départ de l’aéroport permettrait de construire au maximum 1400 logements dans l’agglomération, une goutte d’eau : plus de 7000 sont construits chaque année et les surfaces sont abondantes.

Le lieu choisi pour l’implantation d’un nouvel aéroport est l’un des deux principaux bassins laitiers du département, au moins 200 emplois seraient détruits. C’est aussi une immense zone humide (1650 ha), très utile pour la régulation du climat, véritable château d’eau qui alimente deux rivières. Cette zone et les 130 espèces protégées qu’elle abrite sont interdites de destruction par les lois française et européenne. La cour administrative d’appel est saisie du dossier. L’Europe a engagé un contentieux sur ce dossier.

Ce projet archaïque est contraire aux engagements de la France pour le climat. Les crises en cours doivent nous inciter à faire des choix différents de ceux du siècle dernier.

 

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