Brexit : quoi de neuf sous la pluie ?

image avec drapeau européen et britannique

LE DÉCRYPTAGE DE L’ACTU

Chaque semaine, on essaye de comprendre pour vous un sujet qui fait l’actu, mais qui peut paraître un peu ardu…

What ?

Le 24 décembre 2020, veille de Noël, le monde a reçu une nouvelle à laquelle plus personne ne croyait : un accord sur le Brexit aurait enfin été trouvé entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, une semaine avant l’expiration de la période de transition.

Si cet accord de Commerce et de Coopération est un soulagement, il importe toutefois de le nuancer. Un Brexit sans accord aurait, sans aucun doute, été délicat à opérer et potentiellement plus désastreux sur la scène internationale. 

Néanmoins, le scénario tant redouté du “hard Brexit” s’est bel et bien réalisé. Surpris ? Et oui, un “soft Brexit” aurait offert au Royaume-Uni un statut possiblement proche de celui de la Norvège, avec un accès au marché communautaire moyennant une contribution financière et une libre-circulation des capitaux et des personnes.

Dans le cas présent, les relations se sont considérablement refroidies entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. Cette dernière a notamment souligné que si cet accord permet un partenariat, elle ne peut en aucun cas offrir les mêmes avantages que l’appartenance à l’Union. Certaines conditions doivent être respectées, telles que la concurrence loyale, un équilibre des droits et des obligations des parties ou encore l’autonomie de décision européenne. En deux mots, il s’agit d’empêcher à tout prix qu’une des parties prenne le dessus sur l’autre. Un peu comme une rupture amoureuse, en fait.

En outre, l’adoption de cet accord n’est que provisoire, celui-ci devant encore être ratifié pour graver dans le marbre les nouvelles relations entre le Vieux Continent et le Royaume-Uni

Concrètement, qu’est-ce que ça change ?

Le 31 décembre 2020, à minuit, le droit de l’Union Européenne a cessé de s’appliquer Outre-Manche, mettant fin au principe si cher aux Européens de libre-circulation des personnes et des marchandises.

Pour les personnes 

Conséquence première du Brexit, le Royaume-Uni redevient un pays “étranger”. Les contrôles douaniers et migratoires sont donc rétablis. (Notez à ce sujet que le Royaume-Uni n’a jamais fait partie de l’espace Shengen, et que des contrôles aux frontières ont toujours existé, même si la sortie de l’Union complique encore un peu plus les choses).

Mais pas d’inquiétude. Vous pourrez toujours vous rendre à Londres pour profiter du beau temps sans visa, tant que votre séjour dure moins de 3 mois. Et que les mesures sanitaires relatives à la pandémie mondiale l’autorisent. En revanche, à partir du 1er octobre 2021, une carte d’identité européenne ne suffira plus, il vous faudra un passeport pour entrer chez nos voisins britanniques.

Cependant, les choses se compliquent si vous souhaitez y passer plus de trois mois. Vous aurez besoin d’un visa, ce qui demande une certaine préparation. Par exemple, sauf exceptions, les travailleurs souhaitant émigrer Outre-manche après le 1er janvier 2021 devront certifier d’une promesse d’embauche, d’un revenu minimum de 28 500 euros brut annuels et d’un certain niveau d’anglais pour obtenir un visa de travail.

A l’inverse, les touristes britanniques ne pourront pas passer plus de 90 jours tous les 6 mois au sein de l’Espace Schengen.

Autre conséquence du Brexit, les universités britanniques sont désormais exclues du programme d’échange Erasmus. Ainsi, les étudiants européens souhaitant y étudier devront payer des frais de scolarité bien plus élevés, au même titre que les autres étudiants étrangers. Cela n’est cependant pas valable pour les universités d’Irlande du Nord qui restent dans le programme Erasmus. Si vous souhaitez étudier dans la langue de Shakespeare, il vous faudra donc affronter le coriace accent irlandais.

Pour les marchandises

Pour le transport des marchandises, les contrôles douaniers, sanitaires et phytosanitaires sont désormais rétablis. Aucun droit de douane n’est toutefois applicable aux échanges entre l’UE et le Royaume-Uni, en vertu de l’accord de Commerce et de Coopération du 24 décembre. Le but est ainsi de maintenir une relation privilégiée entre les deux entités en matière commerciale. Cette coopération s’exprime également dans certains domaines juridiques et policiers.

Et l’Irlande du Nord et l’Ecosse dans tout ça ?

Lors du référendum de 2016, 51,9% de la population britannique avait voté en faveur du Brexit. Néanmoins, en Irlande du Nord et en Ecosse, le camp “Remain” (“Rester”, camp en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne) l’avait emporté.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

En Ecosse, une partie importante de la population conteste toujours le Brexit. Dans une tribune publiée dans Le Figaro le 3 janvier 2020, la Première Ministre écossaise Nicola Sturgeon a annoncé vouloir rejoindre l’Union Européenne. Elle s’est dite prête “à suivre une voie légale et constitutionnelle pour devenir un Etat indépendant” afin que l’Ecosse soit libre d’intégrer l’Union.

En Irlande du Nord, le potentiel rétablissement d’une frontière physique avec l’Irlande (toujours dans l’Espace Schengen) a ravivé de vieilles tensions liées à la partition de l’Irlande et de l’Empire britannique et au conflit entre catholiques et protestants.

Afin d’y remédier, il a été convenu que la partie britannique de l’Île d’Emeraude demeurerait partiellement alignée sur le marché unique. Les contrôles douaniers s’effectueront ainsi entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, dans le cas où cela mènerait potentiellement à une entrée dans l’espace européen.

C’est tout ?

Non, loin de là. De nombreux secteurs ont été frappés de plein fouet par la sortie du Royaume-Uni du marché européen.

La City, poumon économique londonien, première place boursière européenne et deuxième place financière au monde a vu disparaître la quasi-totalité de ses transactions européennes. Au total, environ 6 milliards d’euros ont été transférés sur les places européennes au premier jour d’ouverture des échanges de 2021. Considérée comme le grand oublié de l’accord signé le 24 décembre, la City demeure aujourd’hui face à un avenir incertain.

Navire de pêche à North Shields

Le secteur de la pêche a également été particulièrement touché. Les craintes étaient grandes notamment pour les pêcheurs français de ne plus avoir accès à certaines zones de pêche britanniques. L’accord a finalement garanti un abandon progressif de 25% des prises européennes dans les eaux britanniques. Pourtant, les regards se portent aujourd’hui vers l’île anglo-normande de Jersey, dont les eaux, source de revenus pour de nombreux pêcheurs normands, se sont troublées le 1er janvier.

Sources : Courrier International, France 24, Le Figaro, Ouest France.

 

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