📋 Le contexte 📋
Une éolienne offshore, c’est à dire installée en mer, permet de convertir la force du vent en électricité. Le terme anglais « offshore » signifie littéralement « hors côtes », par opposition aux éoliennes terrestres ou « onshore ». Comme leurs petites sœurs installées sur terre, les éoliennes « offshore » sont constituées d’un mât, d’une nacelle et de pales.
En mer, elle peut soit être posée sur le fond marin (on parle alors d’éolien posé), soit reposer sur une base flottante ancrée aux fonds marins (c’est alors de l’éolien flottant). Le choix de la technologie éolienne posée ou flottante dépend de la profondeur du fond marin.
L’éolien posé est privilégié dans des mers dont la profondeur maximale est de 50 m environ, car au-delà il est techniquement plus difficile et plus coûteux de réaliser les fondations et les mâts. L’éolien flottant peut par contre être installé à partir de 50 m environ, et jusqu’à 200 m de profondeur.
Alors que le parc de Thorntonbank, installé en 2008 au large d’Ostende, en Belgique, utilisait des turbines de 5 MW, des éoliennes de 15 MW de puissance unitaire sont aujourd’hui annoncées par les constructeurs..
Les fermes éoliennes en mer (éolien offshore) prennent une part grandissante dans l’essor de l’éolien, en particulier en Europe et en Chine. Selon le GWEC, la puissance installée d’éolien en mer atteignait 35 293 MW fin 2020, dont 10 206 MW au Royaume-Uni, 9 996 MW en Chine, 7 728 MW en Allemagne, 2 611 MW aux Pays-Bas, 2 262 MW en Belgique et 1 703 MW au Danemark.
Sur la base des politiques annoncées, le GWEC estime que 235 GW de nouvelles capacités éoliennes offshore pourraient être déployées dans le monde au cours de la prochaine décennie, soit près de 7 fois le niveau actuel.
Ces 10 dernières années, la France a lancé le développement de l’énergie éolienne en mer en lançant 3 appels d’offres en 2011, 2013 et 2016. Ces projets totalisent 3,6GW de puissance installées et sont répartis en 7 projets :
- sur la façade Manche Est –Mer du Nord (Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Dieppe-Le Tréport et Dunkerque),
- sur la façade Nord Atlantique – Manche Ouest (Saint-Brieuc, Saint-Nazaire et Yeu-Noirmoutier)
4 de ces projets sont en travaux en ce moment et le premier projet devrait être mis en service d’ici fin 2022 (Saint-Nazaire).
De plus, quatre fermes pilotes éoliennes flottantes ont été attribuées en 2016 après un appel à projets de l’ADEME :
- Eoliennes flottantes du golfe du Lion – Leucate-Le Barcarès
- Eoliennes flottantes de Gruissan Eolmed
- Provence grand large – Faraman-Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Eoliennes flottantes de Groix et Belle-Ile
Certains de ces projets sont déjà en cours de construction, notamment le raccordement du parc de Provence grand Large.
Et le développement se poursuit : La PPE 2019-2028 prévoit l’attribution de projets éoliens (posés et flottants) pour une puissance cumulée de 3,35 GW entre 2019 et 2023 :
- Eolien flottant : 250 MW en Bretagne Sud et 2x250MW en Méditerranée
- Eolien posé : 1000 MW en Manche Est et Mer du Nord, 500 à 1000 MW en Sud-Atlantique
Ensuite la France prévoit de développer 1 GW par an, posé et/ou flottant, conformément à la loi «énergie et climat ».
Pour plus de détails sur l’état d’avancement des projets français, nous vous invitons à consulter l’article très complet de notre partenaire Ouest-France à ce sujet.
Alors, faut-il poursuivre ce développement et prévoir de nouveaux parcs éoliens offshore en France ou au contraire, faut-il tout arrêter ? On en débat !
🕵 Le débat des experts 🕵
Plus de 5 500 éoliennes en mer ont été installées en Europe depuis 20 ans. Alors que la France dispose d’un vaste espace maritime et d’une des meilleures ressources en vent, le premier parc sera en service en 2022. Fiable, non polluante, peu chère et créatrice d’emplois, l’énergie éolienne en mer doit être développée !
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Une énergie indispensable pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050
La production électrique est amenée à augmenter (pour remplacer les énergies fossiles) tout en faisant face au vieillissement des installations existantes et sans nouveaux moyens émetteurs de gaz à effet de serre. Ainsi, même avec la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, au moins 50% de notre électricité devra être issue de sources renouvelables d’ici 2050. Les parcs éoliens en mer, grâce à leur forte puissance et leur productible élevé (1 parc de 500 MW couvre la consommation électrique d’environ 700 000 personnes) permettront de générer une grande quantité d’électricité.
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L’éolien en mer est l’une des énergies les moins chères du marché
Grâce à une phase d’apprentissage et d’industrialisation, les coûts de l’éolien en mer ont largement diminué ces dernières années. Le dernier appel d’offres pour un projet éolien en mer posé au large de Dunkerque a été attribué en 2019 à un prix de 44 €/MWh. Comme analysé par la Commission de Régulation de l’Energie, ce niveau de prix pourrait apporter une contribution financière positive au budget national (plusieurs centaines de millions d’euros) sur quinze ans.
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Le développement de l’éolien en mer crée de nombreux emplois en France
Sur la base des premiers projets, une filière industrielle nationale de l’éolien en mer se structure : elle comptait fin 2020 plus de 4 800 emplois directs, +59% par rapport à 2019.
4 usines d’éoliennes en mer ont été construites au Havre, à Cherbourg et à Saint-Nazaire alors qu’il n’en existe qu’une douzaine en Europe. C’est une réussite dont nous pouvons être fiers à l’heure de la ré-industrialisation ! Des centaines de recrutements sont en cours dans ces usines ou chez les sous-traitants partenaires. La filière générera plus de 20 000 emplois d’ici 2035.
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Une énergie respectueuse de l’environnement et de la biodiversité
Le développement de l’éolien en mer s’inscrit avant tout dans l’objectif de lutte contre le changement climatique, aujourd’hui première menace des milieux marins et espèces qui y vivent. La protection de la biodiversité est au cœur de chaque projet, par la mise en œuvre de la séquence ERC – Eviter, Réduire, Compenser les effets – qui ne conduit à autoriser des projets que s’ils démontrent leur faible impact sur le milieu. Dans les pays voisins, aucun impact significatif des éoliennes déjà installées n’a été enregistré. Les éoliennes sont aujourd’hui recyclables à plus de 90%, certains constructeurs proposant des modèles recyclables à 100%.
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Les éoliennes coexistent avec les usages historiques de la mer
Les zones d’installations des parcs évitent celles prioritaires pour les autres usages (plaisance, trafic maritime etc). La France a fait le choix stratégique de permettre la pêche dans les parcs éoliens en mer posés. La concertation entre les porteurs de projet et les pêcheurs professionnels ont conduit à adapter la configuration des installations pour rendre la pêche possible (par exemple en alignant les éoliennes dans le sens des courants).
La PPE, programmation pluriannuelle de l’énergie, sous l’impulsion de la Commission Européenne, prévoit un développement massif de l’éolien en mer, avec un objectif de 16 GW (2000 machines de 8 MW) pour l’éolien posé et de 33 GW(4125 machines) pour l’éolien flottant. Objectifs irréalistes au regard des impacts sur l’environnement et la pêche en particulier.
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Pas de réduction des émissions de CO2
Comme à terre, le vent le long des côtes ne souffle pas en permanence, les sites éoliens en mer du littoral nécessiteront aussi le relais de centrales à gaz émettrices de CO2, une vingtaine est prévue. Il n’a pas non plus la constance du vent du grand large dont profitent les parcs éoliens allemands ou écossais installés en pleine mer, le taux de charge de ces sites du littoral sera proche de celui des sites à terre voisins. Par ailleurs l’impact environnemental de construction des générateurs de ces machines est considérable.
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Détruit les paysages
Les 7 projets éoliens posés de 500 MW attribués, Dieppe Le Tréport, Fécamp, Courceules, Saint Brieuc, Saint Nazaire, Yeu Noirmoutier et plus récemment Dunkerque 600MW sont à moins de 20km de la côte, les emplacements n’ayant été choisis qu’en fonction des facilités d’installation, profondeur d’eau et proximité d’un point de raccordement au réseau haute tension. Tous ces sites dont les machines feraient plus de 200 mètres de haut seraient parfaitement visibles de jour comme de nuit avec leur puissante signalisation lumineuse. L’impact sur le paysage marin serait pour reprendre les termes du rapport de la Commission d’Enquête du projet de Dieppe Le Tréport : « Prégnant » .
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Détruit les oiseaux et les chauves souris
Bien que l’Autorité environnementale ait souligné la faiblesse des études d’impact sur les oiseaux et les chiroptères, les préfets concernés ont délivrés des autorisations de destruction d’espèces protégées. Par ailleurs l’impact cumulé des différents sites de la côte n’a pas été étudié.
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Détruit la biodiversité marine
Un site éolien en mer de 496 MW comme celui du Tréport, occupe une surface de 100 km2 ( la surface de Paris), avec 62 machines de 8 MW de 211 m de hauteur sur 62 supports fixés sur 4 pieux enfoncés entre 40 et 60 mètres par forage et battage, ainsi qu’un poste de réception lui aussi sur 4 pieux. Ces opérations de forage et de battage sont très impactantes pour le milieu marin, les forages libèrent des sédiments qui polluent le milieu aquatique et les battages génèrent des bruits violents qui se propagent jusqu’à une trentaine de kilomètres causant des lésions pouvant être irréversibles voire létales pour la faune, poisson et surtout mammifères marin. Les pêcheurs du Tréport ont constaté qu’après une campagne de forages d’investigation géophysique du navire de forage Excalibur, les poissons avaient disparu de la zone.
Environ 100 km de câbles à haute tension enfouis relient les machines au poste de réception du parc et au poste à terre, leur rayonnement magnétique n’est pas sans effet sur le milieu halieutique.
En période d’exploitation, il apparaît que sous l’effet du courant à chaque marée les turbulences qui se produisent au pied de chacun des 252 supports soulèveraient un panache de sédiments de plusieurs kilomètres comme cela a été constaté pour le parc anglais de Thanet installé sur un fond sableux identique et où les poissons et les pêcheurs ont disparu. Dans le cas du Tréport de tel mouvement de sédiments auraient les mêmes conséquences et contribueraient en outre à l’envasement de la Baie de Somme.
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Exproprie les pêcheurs de leur zone de pêche
Il est impossible pour les pêcheurs de continuer à pêcher dans les parcs, ils sont de fait expropriés de leur zones de travail. Situation qui devient intenable avec les réductions imposées par le Brexit, les pêcheurs bretons normands et picards l’ont faits savoir…
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Danger pour la navigation
Les projets de parcs éoliens du littoral de la Manche se trouvent dans une zone où le trafic maritime est intense.
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Un mauvais choix pour la France
Le prix de rachat initial de la production des 6 premiers appels d’offres, soit disant renégociés à la baisse, est une tromperie. RTE supporte maintenant le coût du raccordement et les opérateurs sont exonérés du coût de l’occupation du domaine public maritime, le prix du projet de Dunkerque est encore plus réduit car c’est l’État qui a pris en plus en charge les études environnementales . Tout ceci n’est vraiment pas une bonne affaire pour les Français qui vont devoir en supporter la charge. La résiliation des projets non réalisés s’impose, l’indemnisation des promoteurs correspondant à une économie globale.
La production électrique Française est une des plus décarbonée d’Europe, alors que l’Allemagne, inspiratrice de la Commission Européenne et championne de l’éolien en est le plus gros émetteurs de CO2 avec ses centrales au lignite !