📋 Le contexte 📋
La chasse à courre, à cor ou à cri (ou vénerie) est un mode de chasse consistant à poursuivre, à l’aide d’une meute de chiens, un animal sauvage jusqu’à l’épuisement, souvent un cerf mais aussi un sanglier, un chevreuil, un renard ou encore un lièvre ou un lapin. La mise à mort est faite à la dague ou à l’épieu et le gibier est servi aux chiens lors d’une cérémonie (curée). Les veneurs peuvent être à cheval ou à pieds. Source : Brut
Interdite dans un nombre croissant de pays, comme en Allemagne, en Belgique ou au Royaume-Uni, la chasse à courre compte environ 10 000 pratiquants en France. Ces partisans avancent une tradition séculaire reposant sur une prédation naturelle. Mais pour ses adversaires, la vénerie est brutale et inflige une souffrance inouïe pour l’animal chassé. En 1981, le secrétaire d’État Alain Bombard, ancien militant écologiste, a voulu supprimer ce qu’il qualifiait à l’époque de « privilège moyenâgeux », mais cette prise de position tranchée lui a coûté sa place au gouvernement. Source : Franceinfo
Le 21 octobre 2017, l’association Abolissons la vénerie filmait un cerf qui, poursuivi par un équipage de chasse à courre, avait fini par se réfugier dans le jardin d’un pavillon privé à Lacroix-Saint-Ouen, dans l’Oise, avant d’être abattu. Selon un sondage de l’IFOP publié en 2017, 84% des Français s’opposent à la chasse à courre. L’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait dénoncé « une pratique d’une autre époque ». Source : Public Sénat
🕵 Le débat des experts 🕵
Cela aurait pu être un jour comme les autres, une rencontre furtive au détour d’un chemin avec un cerf majestueux ou un chevreuil timide. Un moment d’exception. Mais ce jour-là, ce sont les hurlements des humains et des chiens qui donnent le ton, qui envahissent la forêt. Le cerf traqué bondit, la terreur dans les yeux. Il court pour sauver sa vie. Derrière lui, une meute et des cavaliers le poursuivent dans une chasse à courre sans répit. Désespéré, il se jette à l’eau. Il sera rattrapé, mis à mort à coups de dague, avant de se noyer et d’être dévoré une fois hissé sur la berge. La forêt entière vit dans la terreur Les enquêteurs de One Voice ont infiltré pendant trois ans le milieu de la « grande vénerie ». Interminable, la saison de chasse à courre, à cor et à cri s’étend de la mi-septembre au 31 mars, pendant laquelle pas moins de 10 000 veneurs avec force chiens, chevaux et trompes de chasse bouleversent la quiétude des bois et des campagnes, accompagnés de suiveurs en 4×4 ou à vélo. Au cours des 18 000 chasses à courre annuelles, ce sont près de 900 cerfs qui meurent chaque année après une longue traque, mais aussi 1200 chevreuils et 600 sangliers. Des centaines d’équipages sont même spécialisés dans la chasse des renards, des lièvres et des lapins ! Un calvaire pour les animaux sauvages mais aussi pour les animaux domestiques Dans les heures qui suivent la traque, beaucoup d’animaux meurent de stress ou sont empoisonnés par l’acide urique dans leur sang car ils ont passé des heures à courir sans pouvoir s’arrêter. Outre les animaux tués, ce loisir mortifère est particulièrement perturbant pour tous les animaux sauvages en hiver où ils ont besoin d’économiser leur énergie et au printemps, période de reproduction. Les chiens, eux, sont traités comme des outils, entassés dès la veille dans les véhicules, sans eau ni nourriture. Menacés par le fouet, ils ont intérêt à suivre, quoi qu’il arrive. Les chevaux aussi, sont poussés à bout et exposés aux blessures… Si l’un d’eux flanche, il sera remplacé et emmené à l’abattoir. Nos gouvernants en complet décalage avec l’opinion La France fait partie du cercle très fermé des 7 pays où la chasse à courre est encore autorisée. En 2019, le ministère de la Transition écologique et solidaire a poussé l’ironie jusqu’à publier un arrêté empêchant simplement les veneurs de s’approcher des habitations, et limitant les meutes à 60 chiens… Une « mesurette » cosmétique, quand One Voice réclame depuis de nombreuses années comme plus de huit Français sur dix l’abolition pure et simple de cette chasse cruelle.
Interdite en Allemagne, en Belgique ou encore au Royaume-Uni, la chasse à courre fait de la résistance en France, au nom de la sacro-sainte « tradition ». Une tradition moyenâgeuse qui consiste à traquer, à l’aide d’une meute de chiens, un animal sauvage (cerf, chevreuil, renard, lièvre…), jusqu’à l’épuisement, avant de le « servir » à l’arme blanche (c’est-à-dire le tuer) ou de le noyer. Le corps de l’animal est jeté aux chiens (quand il n’est pas déjà mort déchiqueté par la meute), sa tête est conservée comme trophée, et ses pattes coupées et offertes à des invités méritants.
Ce funeste divertissement, hérité de l’Ancien Régime, est autorisé en France du 13 septembre au 31 mars. En plus d’être particulièrement cruelle et barbare, la vénerie provoque chaque année de nombreux accidents et incidents avec des riverains excédés : divagation de chiens, collisions routières, violations de domiciles, cerfs qui se réfugient dans des jardins ou des cours d’école…
Alors que de plus en plus de Français sont sensibilisés aux horreurs de la vènerie (84% sont contre, d’après un sondage IFOP de 2017), on note de plus en plus d’intimidations et de brutalités contre les militants pacifistes qui suivent ces chasses pour les documenter et les diffuser sur les réseaux sociaux. Il faut dire que les chasseurs cherchent à cacher la violence de leur mode de chasse et à édulcorer leur image de marque. Il n’y a qu’à regarder les photos lauréates du concours de la vénerie de 2020 : pas une seule tache de sang !
Parce qu’ils achètent (souvent au prix fort) leur droit de chasse sur un territoire donné, les veneurs pratiquent leur « sport » avec un sentiment de toute-puissance sur la nature et les autres citoyens français, signe de l’organisation toute féodale de cette chasse qui, quoi qu’ils en disent, profite avant tout à une certaine caste de privilégiés déconnectés avec la société d’aujourd’hui.
La chasse à courre est plus dynamique que jamais ! Il n’y a jamais eu autant d’équipages en France. Parmi les 10 000 pratiquants réguliers et 100 000 sympathisants, un quart ont moins de 30 ans. Tous viennent d’horizons sociaux et professionnels très variés. Constitués en association, les veneurs ont énormément diminué leurs coûts de fonctionnement : on chasse le renard ou le lièvre pour 200 ou 300 euros par an, 1000€ environ pour le chevreuil ou le sanglier. C’est un peu plus cher pour le cerf car les meutes sont plus importantes et donc les frais d’entretien aussi (mais ils ne représentent que 9% des 400 équipages existants). La chasse à courre est le mode de chasse qui se rapproche le plus de la prédation naturelle. Les animaux que nous chassons, (lièvre, lapin, renard, chevreuil, sanglier ou cerf) mettent en œuvre les ruses que leurs espèces ont développées depuis des dizaines de milliers d’années pour échapper à leurs prédateurs. L’interdire serait renoncer à des connaissances qui ne se retrouvent nulle part ailleurs : – La connaissance des animaux chassés, de leurs comportements et de leurs ruses. C’est parce qu’ils sont chassés à courre que ces animaux conservent intact leur instinct d’animal sauvage. – La connaissance des chiens de chasse, véritables athlètes qui font l’objet de tous les soins pour mettre en valeur leur odorat exceptionnel, leur intelligence et leurs capacités physiques. – Le dressage des chevaux de chasse : cette équitation d’extérieure fait appel à la plupart des qualités du cheval de sport : résistance, calme, adresse, sociabilité. Il n’y a jamais eu en France autant de sangliers, de chevreuils ou de cerfs, sans autre prédateur que l’Homme. Interdire la chasse à courre, ou la chasse tout court, serait une absurdité sur le plan écologique. La régulation de certaines espèces sauvages est une nécessité sous nos latitudes pour autoriser une cohabitation entre les activités agricoles, forestières et périurbaines et la survivance d’une faune sauvage. Respectueuse des territoires et des volontés de leurs propriétaires, la chasse à courre participe à la vitalité de la vie rurale. Ouverte à tous, elle est une des rares opportunités dans une société de plus en plus urbaine de découvrir et comprendre la réalité de la nature. Défendre la chasse à courre, c’est aussi défendre un droit et une liberté. Ce n’est pas parce que des animalistes sont contre une activité, qu’elle doit disparaître.
Pourquoi chassons-nous ?
Question saugrenue au premier abord, mais en fait plus compliquée qu’elle n’y paraît.
Je ne parlerai pas ici du besoin de réguler les populations d’animaux sauvages sous peine de voir nos forêts et cultures dévastées. En effet, nous accomplissons par nécessité de nombreuses tâches sans y trouver le même plaisir que celui que nous éprouvons à courir derrière nos chiens. De la même manière, si le but était uniquement utilitariste, notre approche ne serait évidemment pas la bonne, tant le « rendement » est faible.
La vraie question est donc pourquoi aimons nous chasser avec des chiens courants ? Et pourquoi sommes nous prêts à supporter tous les sacrifices qui y sont liés ?
Chacun pourra trouver une réponse différente et personnelle, la mienne est que cette chasse nous maintient en contact direct avec la nature. Les modes de vie modernes ont éloigné la plupart d’entre nous de la réalité naturelle. Ainsi plus de 85% de la population française vit aujourd’hui en habitat urbain, étant de facto exclue du milieu naturel. Pour compenser ce « manque », beaucoup s’offrent ce qu’ils pensent être un grand bol de nature en randonnant sur des chemins balisés ou en pique niquant dans un coin de forêt. Mais ces ersatz ne sauraient satisfaire ceux qui souhaitent encore prendre part à la vie sauvage.
La vénerie nous offre une occasion unique de manifester l’instinct de prédation ancré dans chaque individu depuis l’origine de l’humanité. A tous ceux qui prônent à tout bout de phrase le « retour aux sources », je pense que nous avons trouvé le plus fort, deux fois par semaine pour les plus chanceux !
L’immersion dans le monde sauvage est totale, et c’est ici la loi de la nature qui règne. Nous savons tous que celle-ci est souvent belle, mais également dure, loin des clichés véhiculés par les Bambi et autres inventions dont des générations d’enfants ont été abreuvées. Les nombreux documentaires animaliers mettant en scène fauves de la savane ou autres rapaces des montagnes, toujours filmés dans des paysages à couper le souffle, nous le rappellent à chaque épisode. La vénerie ne fait rien d’autre que réunir les conditions pour qu’une telle prédation sauvage se déroule dans nos forêts.
Certes, la pratique contient une certaine violence, car ici le combat n’est pas simulé et les adversaires ne se serreront pas la main à l’issue d’une lutte feinte. Mais il n’y aura pas non plus de triomphalisme déplacé de la part du veneur après une belle chasse, simplement une immense satisfaction d’avoir vu ses chiens l’emporter sur les ruses et la force de l’animal chassé.
La singularité du veneur tient au fait qu’il accepte la nature dans son entièreté c’est-à-dire aussi dans ses aspects les plus durs, en l’occurrence une lutte à mort entre deux espèces animales.